Le renversement silencieux du pouvoir juif
Pendant des décennies, la relation entre Israël et la diaspora juive a semblé évidente et presque immuable. Les communautés juives à travers le monde se percevaient comme le soutien naturel d’un État jeune, vulnérable et menacé dans son existence même. Une défaite militaire, pensait-on, aurait pu être fatale. Cette vision a façonné un lien affectif intense, parfois empreint d’un sentiment de responsabilité quasi parentale à l’égard d’Israël.
Or, l’histoire n’est jamais figée. Progressivement, l’État hébreu s’est transformé. Par la dissuasion militaire, par une capacité d’adaptation remarquable et par le développement d’une économie avancée, Israël a cessé d’apparaître comme fragile. Les événements dramatiques du 7 octobre ont paradoxalement mis en lumière cette métamorphose : la réponse israélienne a surpris autant ses adversaires que de nombreux observateurs internationaux, révélant une puissance assumée et structurée.
Aujourd’hui, Israël est perçu comme un acteur incontournable, respecté et parfois redouté sur la scène mondiale. Cette montée en puissance ne se limite pas au domaine militaire. Elle s’étend aux technologies de pointe, à la cybersécurité, à l’agriculture innovante, à la gestion de l’eau ou encore aux biotechnologies. Autant de secteurs qui attirent des partenaires étrangers, y compris parmi ceux qui n’hésitent pas, dans le même temps, à critiquer ouvertement l’État juif.
En parallèle, la situation des Juifs de la diaspora occidentale a évolué dans un sens inverse. Leur réussite d’après-guerre, longtemps perçue comme acquise et stable, s’est révélée plus fragile qu’il n’y paraissait. Si la contribution juive à la vitalité intellectuelle, financière et culturelle de l’Occident est indéniable, cette visibilité a aussi nourri des ressentiments. À mesure que certains tabous se sont estompés, l’antisémitisme, souvent masqué sous les habits de l’antisionisme, a retrouvé une expression décomplexée, en particulier parmi les jeunes générations.
Les réseaux sociaux ont amplifié ce phénomène. Les succès militaires israéliens y sont fréquemment présentés de manière simpliste, opposant un Israël assimilé à un géant oppresseur à des voisins systématiquement décrits comme des victimes. Dans ce climat, ce sont les communautés juives locales qui ont payé le prix symbolique et parfois physique de la puissance israélienne, devenant des cibles dans des sociétés où elles se sentent de plus en plus marginalisées.
C’est ici que s’opère ce que certains appellent une « grande inversion ». Ceux qui soutenaient et protégeaient Israël se retrouvent désormais en demande de protection. L’État juif, autrefois bénéficiaire de la solidarité de la diaspora, est aujourd’hui en position d’apporter un appui concret à ces communautés. Cette aide peut prendre plusieurs formes. Au-delà de l’alyah, qui restera une option pour beaucoup, se pose la question de ceux qui choisissent de rester dans leur pays d’origine.
Israël dispose d’une expertise reconnue en matière de sécurité et d’organisation communautaire. Des formations, qu’il s’agisse de protection civile, de techniques d’autodéfense ou de structuration des communautés, pourraient être partagées plus largement. De même, le rôle traditionnel des représentants israéliens à l’étranger pourrait être élargi afin d’intégrer davantage la défense des intérêts et de la sécurité des Juifs de la diaspora auprès des gouvernements locaux.
Loin d’affaiblir Israël, cette implication renforcerait sa stature internationale. En aidant activement ses communautés sœurs, l’État hébreu consoliderait son image de puissance responsable et solidaire. Car, au-delà des débats et des désaccords, une réalité s’impose : les Juifs forment un seul peuple, et ignorer la vulnérabilité croissante de certaines de ses composantes serait une erreur à la fois stratégique et morale.
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Mais Israel est fragile, contrairement à ce que dit l’auteur: il suffirait d’une bataille perdue pour qu’Israel disparaisse et avec elle les 10 millions de juifs qui y habitent.