Indonésie : Nous sommes prêts à reconnaître Israël mais …
Vers une reconnaissance croisée
Lors de la visite du président français Emmanuel Macron à Jakarta, une annonce diplomatique majeure a émergé : l’Indonésie, plus grand pays musulman du monde en population, s’est déclarée prête à établir des relations officielles avec Israël – à condition que ce dernier reconnaisse formellement un État palestinien indépendant. Ce positionnement marque un tournant potentiel dans l’équilibre diplomatique du Moyen-Orient, avec des implications régionales et internationales.
Un message clair depuis Jakarta
Aux côtés du président Macron, le président indonésien Prabowo Subianto a affirmé que la reconnaissance d’Israël par l’Indonésie pourrait intervenir si l’État hébreu franchit une étape significative : reconnaître à son tour la souveraineté palestinienne. « Nous devons garantir les droits d’Israël en tant qu’État, mais cela ne peut se faire qu’en parallèle de la création d’un État palestinien », a-t-il déclaré, soulignant l’attachement de son pays à une solution à deux États.
Cette déclaration publique tranche avec la posture plus discrète de l’Indonésie sous le mandat du président précédent, Joko Widodo, qui avait autorisé certains contacts limités avec Israël, notamment dans le domaine commercial, tout en s’abstenant de toute normalisation officielle.
Une proposition conditionnée par la paix
Le président Subianto a insisté sur l’équilibre nécessaire entre les deux peuples. « La paix passe par la reconnaissance mutuelle », a-t-il ajouté. Jakarta maintient donc sa ligne : sans avancée politique concrète vers un État palestinien, il ne saurait être question de reconnaissance bilatérale.
Ce principe guide depuis des années la politique étrangère indonésienne, qui, malgré des échanges officieux, a refusé toute ouverture diplomatique formelle avec Israël, notamment en raison de l’opinion publique très engagée en faveur de la cause palestinienne. Les manifestations pro-palestiniennes y sont fréquentes et les sentiments hostiles à l’encontre de la politique israélienne sont largement répandus.
La conférence de l’ONU en ligne de mire
Le président Macron, de son côté, a profité de cette étape de sa tournée en Asie du Sud-Est pour réaffirmer le soutien de la France à une issue politique fondée sur la coexistence de deux États. Il a annoncé qu’une conférence organisée conjointement par la France et l’Arabie saoudite se tiendra à New York en juin, sous l’égide des Nations unies, avec pour objectif de relancer un processus diplomatique.
Ce sommet vise à créer une « feuille de route crédible » pour la reconnaissance d’un État palestinien tout en assurant « des garanties de sécurité pour tous ». L’initiative se veut inclusive et cherche à rallier les pays non encore engagés officiellement, comme l’Indonésie, à une dynamique de reconnaissance croisée.
Macron a insisté sur le fait que seule une « solution politique » durable permettrait de stabiliser la région et d’offrir des perspectives de paix. Il voit dans le soutien d’un acteur influent comme l’Indonésie une opportunité pour faire pression sur les parties concernées afin d’engager un processus réaliste.
Enjeux géopolitiques et économiques
La perspective d’un rapprochement entre l’Indonésie et Israël n’est pas nouvelle. Des discussions ont eu lieu par le passé, notamment dans le cadre de la candidature de l’Indonésie à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), où l’absence de relations diplomatiques avec Israël constitue un obstacle potentiel.
Toutefois, ces efforts avaient été suspendus après l’attaque meurtrière perpétrée par le Hamas le 7 octobre, qui a relancé le conflit dans la bande de Gaza. Depuis, toute avancée diplomatique dans cette direction semblait mise entre parenthèses.
Aujourd’hui, Jakarta semble vouloir conditionner sa position à un équilibre plus global entre reconnaissance mutuelle et sécurité réciproque. Il ne s’agirait pas, selon les mots du président Subianto, d’un « blanc-seing », mais d’une démarche encadrée par le respect des droits des deux parties.
Une reconnaissance encore incertaine
La position d’Israël reste fermement opposée à toute reconnaissance unilatérale d’un État palestinien, perçue par certains dirigeants israéliens comme une « récompense au terrorisme ». Cette divergence profonde rend difficile toute avancée rapide sur le plan diplomatique, même si les discussions et les initiatives multilatérales se multiplient.
Le message indonésien reste néanmoins fort : en conditionnant la reconnaissance d’Israël à celle de la Palestine, Jakarta propose une logique de symétrie diplomatique qui pourrait séduire d’autres nations jusqu’ici restées en retrait. Cette stratégie vise autant à renforcer la légitimité palestinienne qu’à garantir la sécurité d’Israël dans un cadre accepté par la communauté internationale.
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Palestiquoicoubeh ? On peut leur faire un petit émirat sur les rives Ouest du Nil s’ils veulent.