Zoom sur la formidable 25ème édition du Festival du cinéma israélien de Paris.

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Dans une industrie cinématographique française où la peur semble dicter les choix de programmation, la 25ème édition du Festival du cinéma israélien de Paris se dresse comme un acte de résistance culturelle. Du 17 au 25 mars 2025, le Majestic Passy accueillera cet événement unique, devenu par la force des circonstances la seule vitrine du cinéma israélien en France.

« Aujourd’hui, le Festival est le seul endroit au Majestic Passy, dans toute la France, où on peut voir des films israéliens, » révèle sans détour Hélène Schumann, présidente du festival. Une affirmation qui sonne comme un coup de tonnerre dans le paysage culturel français, habituellement si prompt à défendre la diversité des expressions artistiques.

L’explication de cette situation est aussi simple que troublante : « Il y a un tel boycott, les distributeurs ne veulent absolument pas prendre le risque de montrer des films israéliens », affirme-t-elle à i24NEWS.  La présidente du festival expose ainsi une réalité que peu osent nommer – celle d’une autocensure généralisée qui frappe spécifiquement les œuvres venues d’Israël depuis le 7 octobre 2023.

Des distributeurs paralysés par la peur

Ce qui frappe dans les propos d’Hélène Schumann, c’est le contraste saisissant avec un passé récent : « Il y a quelques années, on courait partout, et les distributeurs, surtout, voulaient distribuer les films israéliens. »

Un revirement spectaculaire qui interroge sur la liberté artistique en France et sur la capacité de l’industrie cinématographique à résister aux pressions politiques. Les films israéliens, autrefois encensés par la critique et plébiscités par les distributeurs français, sont désormais traités comme des œuvres radioactives que personne n’ose toucher. Cette situation paradoxale intervient alors même que la production cinématographique israélienne traverse une période d’extraordinaire créativité, comme en témoigne la programmation du festival.

Plus troublant encore, la difficulté à trouver un parrain ou une marraine pour le festival. « Les gens ne veulent pas mettre leur nom à côté d’un festival de cinéma israélien, » constate amèrement Hélène Schumann. Si le réalisateur Elie Chouraqui a accepté d’emblée le parrainage, « aucune actrice française n’a voulu » devenir marraine.

Et ce qui blesse peut-être davantage, c’est moins le refus que la façon dont il s’exprime : « Ce qui est terrible, c’est le silence de ces gens, c’est pas seulement qu’ils ne veuillent pas […] mais c’est rien, c’est pas de réponse, et je me sens un peu seule, parfois. » Une culture du silence qui en dit long sur le climat ambiant. Malgré ces obstacles, le festival présente une programmation ambitieuse qui reflète toute la richesse et la diversité du cinéma israélien contemporain. On y trouvera des films sur le 7 octobre, mais aussi des œuvres qui explorent d’autres horizons, comme « La Bague » (film d’ouverture) ou « La Propriété », où des Israéliens retournent vers leurs racines européennes. « Il y a un désir de faire des films, et pas seulement sur le 7 octobre, » souligne Hélène Schumann, évoquant « peut-être un repli face à ce malheur, de se réfugier ailleurs. » Une façon de rappeler que la création artistique ne saurait se réduire à l’actualité immédiate, aussi dramatique soit-elle. Dans ce contexte morose, il faut saluer le courage de Sophie Dulac, propriétaire du Majestic Passy, « qui n’a pas peur de recevoir un festival. », ajoute Hélène Schumann. Le Festival du cinéma israélien de Paris se présente ainsi comme bien plus qu’une simple manifestation culturelle : c’est un acte de résistance contre la pensée unique, un refus de l’exclusion artistique et une affirmation que l’art transcende les conflits géopolitiques. Malgré les difficultés, Hélène Schumann veut rester optimiste : « J’avais l’air un peu triste peut-être, mais ça va être la fête quand même. » Une fête de la liberté d’expression et de création, plus nécessaire que jamais dans une époque où les pressions idéologiques menacent la diversité culturelle.

I24NEWS.

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