Zelensky, Zaloujny, Klitschko… : Qui pourrait se présenter en cas d’élection présidentielle en Ukraine ?

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«Je suis prêt pour des élections ». Mardi, face à des journalistes à l’occasion d’un déplacement en Italie, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a répondu aux critiques de Donald Trump, qui le presse d’organiser une élection présidentielle en Ukraine.

« Je demande maintenant, je le déclare ouvertement, aux Etats-Unis de m’aider, éventuellement avec les collègues européens, à garantir la sécurité pour la tenue d’élections », a affirmé le chef d’Etat ukrainien. Son premier mandat aurait dû se terminer en mars 2024 mais depuis l’invasion de la Russie en février 2022, la loi martiale interdit l’organisation de scrutins dans de telles circonstances.

Zelensky, le chef de guerre

En cas d’élection, le président élu en 2019 a déjà affiché sa volonté de se représenter. Selon un sondage Info Sapiens, cité par le média Kyiv Independent, il arrive en tête des sondages avec 20,3 % d’intentions de vote parmi les Ukrainiens interrogés. « Il reste l’homme politique actuel le moins impopulaire », note Ulrich Bounat.

L’analyste en géopolitique et chercheur associé chez Eurocreative distingue deux Volodymyr Zelensky. « D’abord le chef de guerre et leader de la résistance ukrainienne, qui est probablement inattaquable, expose-t-il. Puis il y a l’homme politique, chef de l’administration présidentielle, qui est plus contesté ». Cette défiance sur des sujets économiques ou sur la lutte contre la corruption s’observe aussi à travers les intentions de vote en cas d’élections législatives. Son parti, « Serviteur du peuple », n’est alors crédité que de 11,5 % des voix.

« L’opposition n’a jamais vraiment disparu en Ukraine », rappelle le spécialiste de l’Europe centrale et de l’Est. Rôle de la Rada, le parlement ukrainien, place du pouvoir militaire par rapport au civil, organisation de la mobilisation militaire… Ces sujets, déjà objets de débats, pourraient être au cœur d’une future campagne électorale.

Hommes politiques désavoués…

Pour challenger Zelensky, des professionnels de la politique semblent déjà dans les starting-blocks. A l’instar de Petro Porochenko, ex-président de l’Ukraine entre 2014 et 2019 et déjà approché par des proches de Donald Trump. Ou encore le maire de Kiev, l’ancien boxeur Vitali Klitschko. « Ce sont les deux têtes les plus connues et les plus vocales, qui s’expriment régulièrement contre Zelensky », décrypte Ulrich Bounat. Autre figure majeure de l’opposition, l’ex Première ministre et députée Ioulia Tymochenko, trois fois candidate à l’élection présidentielle.

Mais ces profils souffrent d’un double handicap : « Il y a en Ukraine une vraie défiance vis-à-vis des hommes et femmes politiques, explique le spécialiste. De plus, il est difficile de faire de la politique sans être accusé de déstabiliser le pays dans une période si difficile. » D’où la mise en place d’un « pas de deux subtil » pour les opposants qui critiquent « sans montrer qu’ils sont prêts à entrer dans une campagne ».

… Ou militaires en réorientation ?

L’autre profil qui pourrait davantage séduire les électeurs, ce sont les militaires tentés par une aventure politique. En tête de liste, on trouve le populaire Valeri Zaloujny, ancien chef des forces armées ukrainiennes, démis de ses fonctions en 2024 et devenu ambassadeur au Royaume-Uni. Dans le sondage d’Info Sapiens, le quinquagénaire arrive juste derrière le président Zelensky avec 19,1 % d’intentions de vote. Le militaire, auteur de nombreuses tribunes dans la presse britannique aux allures de programme, n’a rien officialisé. Mais les rumeurs bruissent sur une possible candidature, renforcée par un double avantage : « C’est un ancien militaire et il était à la tête de l’armée durant la période où elle obtenait des victoires », rappelle Ulrich Bounat.

Dans la catégorie des militaires, un autre homme a fait son apparition dans les sondages : Kyrylo Boudanov, chef du renseignement militaire ukrainien et surnommé « l’homme sans sourire ». « C’est un personnage extrêmement charismatique, un très bon communiquant, qui maîtrise assez bien l’art de l’ironie et des mèmes sur Internet, note l’analyste géopolitique. Il est aussi un militaire assez audacieux, qui mène encore des opérations sur le terrain ». L’homme de 39 ans, encore militaire d’active, reste néanmoins discret.

Pour autant, malgré la pression américaine, la société ukrainienne n’est pas pressée de se rendre aux urnes. Selon un sondage de l’Institut international de sociologie de Kiev (KIIS), seulement 22 % des Ukrainiens sont favorables à la tenue d’élections après un cessez-le-feu assorti de garanties de sécurité, contre 63 % après la fin de la guerre. « Il y a la volonté d’un moment de respiration démocratique, mais ce n’est pas la priorité du moment », conclut Ulrich Bounat.

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