Alors, les filles, vous n’avez jamais rêvé d’imiter ce mec relou qui vous demande de sourire les jours difficiles, ou de prendre toute la place sur un banc en écartant les jambes, comme le ferait un homme un peu trop envahissant ? C’est exactement ce que propose la nouvelle tendance virale : « Women in Men Fields » !
Traduite du français par « Les femmes dans les domaines masculins », cette tendance consiste à imiter des attitudes ou à répéter des commentaires désobligeants que beaucoup de femmes ont déjà entendus ou subis, de près ou de loin. Qu’il s’agisse d’une situation gênante avec un inconnu ou des comportements d’un petit ami toxique, cette mode offre un vrai défouloir par le rire à celles qui en ont ras le bol de devoir faire face à des attitudes désagréables, voire carrément misogynes. Pourquoi un tel engouement ? Avec plus de 15 millions de vidéos publiées sur TikTok, « Women in Men Fields » polarise les réseaux sociaux. Certaines y voient une manière efficace et drôle de dénoncer des comportements problématiques, tandis que d’autres critiquent la démarche.
Faire rire pour faire prendre conscience !
Dire que la tendance a fait l’unanimité serait un mensonge : clairement, elle divise. Certains sont sensibles aux messages, tandis que d’autres, souvent auteurs des comportements dénoncés, se sentent vexés.
Adoptée par d’autres groupes minoritaires pour dénoncer des dérives discriminantes ou racistes, la tendance est aussi devenue virale dans son adaptation sous le nom de « BlackWomenInWhiteFields », elle comptabilise 28 millions de vidéos. Mais dans les deux cas, une vague de haine a émergé, bien loin du ton humoristique des vidéos d’imitation.
Pour « Women in Men Fields », certains hommes ont tenté de créer leur propre version, qui, une fois de plus, a renforcé des clichés misogynes et dégradants pour les femmes. Même scénario pour « BlackWomenInWhiteFields », où les commentaires racistes ont afflué, ciblant les créatrices qui avaient pourtant simplement joué le jeu.
Une version inversée a également vu le jour, mais loin de l’humour initial, elle a souvent amplifié les propos discriminants que ces tendances cherchaient justement à dénoncer. Alors, cette tendance aide-t-elle ou dessert-elle les causes qu’elle défend ?
Une lutte derrière les rires
L’humour est-il vraiment le meilleur moyen pour dénoncer un comportement misogyne, raciste ou discriminant ? Pour le savoir, nous avons fait appel à Catherine Grangeard, psychanalyste spécialisée dans les relations femmes hommes et intergénérationnelles. « Ça a toujours été super efficace de passer par l’humour pour dénoncer des choses. On n’a qu’à se souvenir du fou du roi. De tout temps, on a utilisé cette méthode pour dénoncer un certain nombre de faits de société », explique la psychanalyste. « Ça s’adresse à quelque chose qui fait sourire, qui permet de prendre une distance, et donc de remuer les consciences ». Témoin de la tendance, Catherine Grangeard la juge pertinente pour un certain public : « Moi, je dirais que les hommes toxiques ne vont pas forcément comprendre, mais des hommes qui regardent, qui entendent, qui rigolent… pour eux, ça peut être efficace. Il y a une vraie interpellation quelque part grâce à l’humour. » Il apparaît alors comme une arme redoutable pour éveiller les consciences face aux dérives de la société, et la génération TikTok l’a bien compris. Méthode aussi vieille que le monde, elle permet d’évacuer tout en dénonçant, avec le sourire.
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