Washington ferme la porte à Abbas

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Washington ferme la porte à Abbas

Les relations déjà tendues entre Washington et l’Autorité palestinienne franchissent un nouveau seuil. Selon des documents internes révélés par le New York Post, les États-Unis ont décidé d’interdire à Mahmoud Abbas et à d’autres hauts responsables palestiniens de participer à l’Assemblée générale des Nations Unies prévue du 23 au 29 septembre à New York. Cette mesure sans précédent marque une rupture diplomatique majeure et soulève des interrogations sur le respect par Washington de ses obligations vis-à-vis de l’ONU.

Une décision inédite
Le mémorandum du Département d’État recommande l’annulation pure et simple des visas délivrés aux responsables de l’Autorité palestinienne avant le 31 juillet. Aucun nouveau visa ne sera accordé, ce qui inclut explicitement le président Mahmoud Abbas. Il s’agit de la première fois que les États-Unis bloquent l’accès d’une délégation étrangère entière à l’Assemblée générale.

La décision intervient dans un contexte de sanctions renforcées contre l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP). Ces mesures sont justifiées par Washington par la violation de plusieurs lois américaines : la loi de 1989 sur le respect des engagements de l’OLP et la loi de 2002 relative aux efforts de paix au Moyen-Orient.

Les arguments de Washington
Le secrétaire d’État Marco Rubio a ordonné cette interdiction au nom de la sécurité nationale et du respect du droit américain. Son porte-parole, Tommy Pigott, a précisé que « pour être considérés comme des partenaires crédibles pour la paix, les Palestiniens doivent rejeter le terrorisme, cesser leurs démarches juridiques unilatérales devant les tribunaux internationaux et renoncer aux initiatives visant à obtenir une reconnaissance d’État sans négociations ».

De son côté, le secrétaire d’État adjoint Christopher Landau a mis en avant plusieurs griefs : déclarations unilatérales d’indépendance, glorification de la violence, propos jugés antisémites et versement de salaires à des personnes condamnées pour terrorisme. Autant d’éléments qui, selon Washington, justifient la fermeté actuelle.

Un projet jugé provocateur
Le Département d’État affirme que Mahmoud Abbas avait prévu de profiter de la tribune onusienne pour annoncer une « déclaration constitutionnelle », équivalente à une proclamation d’indépendance palestinienne. Cette perspective a été interprétée comme une provocation par Washington, surtout après la conférence internationale organisée à l’ONU par la France et l’Arabie saoudite en faveur de la solution à deux États. Une session de suivi est programmée en septembre, et plusieurs pays occidentaux – dont le Royaume-Uni, la France et le Canada – ont déjà exprimé leur intention de reconnaître un État palestinien à cette occasion.

Les responsables américains estiment qu’une telle dynamique internationale pourrait être perçue comme une victoire politique pour le Hamas, renforçant indirectement ses positions dans la région.

Une continuité historique
Cette interdiction rappelle un précédent marquant. En 1988, l’administration Reagan avait refusé un visa à Yasser Arafat, alors président de l’OLP, en raison de ses liens avec le terrorisme. En réaction, l’ONU avait délocalisé sa session extraordinaire à Genève, permettant à Arafat de s’exprimer devant l’Assemblée. La mesure actuelle pourrait raviver les débats sur l’équilibre entre la souveraineté américaine et les obligations liées à l’accord de siège conclu entre les États-Unis et l’ONU.

Conséquences pratiques
Malgré la fermeté affichée, le Département d’État a précisé que la mission palestinienne auprès des Nations Unies conservera ses droits d’activité à New York, grâce à une dérogation prévue par les accords internationaux. Toutefois, cette disposition ne concernera que le personnel diplomatique permanent, excluant les responsables politiques de haut rang.

La mesure marque donc une séparation nette : maintien d’une représentation palestinienne minimale aux Nations Unies, mais exclusion des principales figures politiques, au premier rang desquelles Mahmoud Abbas.

Enjeux et réactions attendues
Cette décision pourrait déclencher de vives réactions, tant au sein des instances internationales que dans plusieurs capitales alliées. Les partisans de la reconnaissance d’un État palestinien y verront une tentative d’entraver le processus. Pour Washington, il s’agit au contraire d’une stratégie visant à contenir toute initiative unilatérale et à maintenir le contrôle sur l’agenda diplomatique concernant Gaza et la paix au Moyen-Orient.

L’enjeu dépasse donc le cas d’Abbas : il illustre la volonté américaine de réaffirmer son rôle central dans les négociations et d’éviter toute marginalisation face à des initiatives européennes ou régionales. En bloquant la présence de la délégation palestinienne, les États-Unis créent un précédent pour l’avenir des relations diplomatiques au sein de l’ONU.

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