À première vue, le tricot, c’est un truc de mamie, non ? Les pelotes de laine, les aiguilles qui cliquettent, les écharpes interminables ou les pulls qui grattent… Pourtant, en 2025, les jeunes adultes ont fait de cette activité vintage une véritable obsession. Sur Instagram, TikTok et même dans les cafés branchés, le tricot s’affiche comme le nouveau passe-temps cool. Sur le réseau social chinois, le hashtag #KnitTok cumule des millions de vues, avec des tutos express et des créations ultra-stylées : bonnets oversized, cardigans colorés ou même crop tops en laine. Les influenceurs comme@Caro_tricote ou@aurelielapoule partagent des astuces pour débutants mais aussi des patrons pour rendre le tricot accessible.
« J’ai commencé après avoir vu une vidéo d’un pull fait main, raconte Léo, 24 ans. J’ai trouvé ça plus cool que d’acheter chez Zara. » Signe de ce succès, le festival Knit Eat à Lyon fait déplacer les foules, crée en 2008, « c’étaient surtout des visiteurs issus de notre communauté des les réseaux sociaux. La première édition a accueilli 800 visiteurs, cette année on en accueilli plus de 9.000 ! » se félicite sa cofondatrice Emma Ducher, « Aujourd’hui, le public est très varié : des passionnés, des curieux, des débutants, et beaucoup de jeunes qui découvrent l’univers du fil. »
D’une période difficile, en sortir le meilleur
Dans le métro, Camille 25 ans, aiguilles en main tricote pour s’occuper, « c’est mieux que de traîner sur TikTok dès 7 heures du matin. » s’amuse la jeune parisienne, « pendant le Covid j’avais besoin de faire des activités manuelles. J’ai testé la peinture, la couture… Puis je suis tombée sur des vidéos pour faire des hauts sympas en crochet, puis je suis passée au tricot il y a quelques mois ». Comme elle, des milliers de jeunes se sont pris de passion pour ce loisir créatif que l’on pensait destiné aux mamies.
De nombreux jeunes ont eu le même besoin pendant le confinement, celui de se changer les idées et s’évader. « Tout a changé pendant le Covid, explique, Christine Russel, présidente fondatrice des boutiques Une Maille à l’Endroit « ce moment a été pour nous un accélérateur pour nous faire connaître. Les gens, non seulement avaient du temps, mais étaient très perturbés, très inquiets. » Il est vrai que depuis ce moment, les activités manuelles plus globalement connaissent un retour en grâce. Ateliers poteries, pour créer son sac, faire ses bijoux, les jeunes sont en demande de moments créatifs, « la clientèle qui monte aujourd’hui, c’est la clientèle des jeunes femmes qui ont plus de 25 ans. » avoue la professionnelle. Toujours dans l’optique de faire des activités de façons ludique, Emma Ducher a même crée le « ciné-trico », « on regarde un film, on tricote, on discute, on rit… C’est un moment simple, chaleureux, et très humain. On organise d’ailleurs aussi des resto tricot, et on prépare d’autres chouettes événements autour du tricot pour l’année à venir ! » nous explique la la fan de tricot.
S’éloigner des écrans le temps d’une pelote de laine
Comme Camille, Lennie profite de ses trajets dans le métro lyonnais pour tricoter sans relâche, « je veux réduire mon exposition aux écrans. Donc je tricote en écoutant un podcast quand je suis dans les transports. Avec le temps le réflexe d’allumer la télévision a disparu même quand je suis chez moi et à la place je prends mes aiguilles. » confie la jeune femme. Selon l’édition 2025 du Baromètre du numérique, réalisé par le CREDOC pour l’Arcep, l’Arcom, le Conseil général de l’économie et l’ANCT, 42 % des Français estiment consacrer un temps excessif aux écrans, qu’ils consultent en moyenne quatre heures par jour à usage personnel.
Un chiffre qui explique pour Emma Ducher, cette tendance croissante du tricot chez les jeunes adultes. « Le tricot, c’est concret, gratifiant, et ça permet de se déconnecter. Et puis les jeunes réinventent complètement le tricot : ils le rendent moderne, coloré, fun, et très présent sur les réseaux sociaux. C’est redevenu une vraie forme d’expression créative.» Pour ce retour au réel, des jeunes mamans trouvent dans cette activité une façon d’éloigner leurs enfants des écrans, « ce sont des enfants qui sont assez jeunes, qui peuvent avoir huit ou dix ans. Ils sont envahis par les écrans et ils ont un problème aujourd’hui de concentration. Donc ça s’inscrit vraiment dans une tendance assez lourde de recherche de bien-être et d’apaisement » analyse Christine Russel. Et de fil en aiguille, cette activité permet non seulement de s’octroyer un droit à la déconnexion, mais aussi de goûter à la satisfaction de fabriquer des objets pour soi… et les autres.
La source de cet article se trouve sur ce site

