Violences contre des touristes israéliens

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Violences contre des touristes israéliens

La Crète, joyau touristique de la Grèce baigné par les eaux turquoise de la Méditerranée, a connu ces dernières semaines une agitation inhabituelle. Loin des plages idylliques et des vestiges minoens, des tensions explosives ont surgi dans les ports et les rues, transformant des escales de croisière en scènes de confrontation. Au centre de cette tourmente : l’arrivée du navire israélien *Crown Iris*, un paquebot opéré par la compagnie Mano Maritime, qui transporte des centaines de passagers en provenance d’Israël. Ce qui devait être une simple escale de détente s’est mué en un symbole brûlant de divisions internationales, ravivées par le conflit en cours au Proche-Orient.

Tout a basculé dans le port stratégique de Souda, situé à proximité de La Canée sur la côte nord-ouest de l’île. Des groupes de manifestants, brandissant des drapeaux palestiniens et des pancartes condamnant les actions militaires à Gaza, ont érigé un barrage improvisé pour empêcher les bus de transporter les touristes israéliens vers les sites historiques. Selon les témoins oculaires, la scène a rapidement dégénéré en affrontements physiques. Des jets de pierres ont été lancés en direction des véhicules, tandis que les forces de l’ordre, déployées en nombre, ont répondu par des gaz lacrymogènes et des charges pour disperser la foule. Plusieurs personnes ont été blessées légèrement, et des arrestations ont eu lieu, marquant un pic de violence dans une région habituellement paisible.

Ce blocage n’était pas un incident isolé. Depuis juillet, le Crown Iris a essuyé une vague de protestations à travers les îles grecques, de Syros aux Cyclades jusqu’à Rhodes dans le Dodécanèse. À chaque escale, des collectifs locaux et des militants internationaux ont mobilisé des foules pour dénoncer l’accueil de touristes israéliens, qu’ils associent à un soutien implicite aux opérations militaires en Palestine. Sur l’île de Syros, la première à voir le navire accoster le 22 juillet, environ 150 démonstrants ont tenu en échec le débarquement pendant plusieurs heures, forçant les autorités à négocier une évacuation discrète. À Rhodes, les heurts avec la police anti-émeute ont été particulièrement intenses, avec des barricades enflammées et des slogans réclamant un boycott total des ports grecs pour les navires battant pavillon israélien.

En Crète, l’agitation s’est étendue bien au-delà de Souda. À Héraklion, la capitale de l’île, des incidents similaires ont éclaté le même jour que l’épisode de Souda. Des touristes israéliens, fraîchement descendus du *Crown Iris*, ont été pris à partie par une petite bande de protestataires alors qu’ils se dirigeaient vers le palais de Knossos. Des insultes ont fusé, suivies de bousculades et de jets d’objets, obligeant la police à intervenir pour escorter les visiteurs vers leurs hôtels. Plus au nord, dans la charmante ville de La Canée, avec ses ruelles vénitiennes et son port pittoresque, les tensions ont pris une tournure virtuelle. Des messages incendiaires circulent sur les réseaux sociaux, exhortant les habitants à « se soulever contre l’occupation touristique israélienne ». Des hashtags comme #BoycottCreteIsrael ou #CreteForPalestine ont récolté des milliers de partages, amplifiant les appels à des rassemblements spontanés. Des figures locales, y compris des étudiants et des associations écologistes, ont rejoint le mouvement, arguant que l’île ne peut pas ignorer les images de destructions à Gaza tout en profitant des revenus du tourisme.

Ces événements s’inscrivent dans un contexte plus large de solidarité transnationale. La Grèce, pays frontalier de la Turquie et allié de longue date d’Israël dans la région méditerranéenne, se trouve prise entre deux feux. D’un côté, les autorités helléniques insistent sur la liberté de circulation et le droit au tourisme, soulignant que le *Crown Iris* respecte toutes les réglementations maritimes. Le ministre des Affaires étrangères a même qualifié ces manifestations de « regrettables perturbations » qui nuisent à l’image économique de la Crète, un pilier du PIB grec avec plus de 4 millions de visiteurs annuels. De l’autre, les organisateurs des protestations invoquent une éthique de non-complicité : comment accueillir des vacanciers d’un pays engagé dans un conflit armé, alors que des milliers de civils palestiniens fuient les bombardements ? Cette rhétorique a trouvé un écho chez les syndicats portuaires et les ONG humanitaires, qui ont multiplié les pétitions pour interdire l’escale de tels navires.

Sur le terrain, les répercussions sont palpables. Les opérateurs touristiques craignent une saison compromise, avec des annulations en cascade de la part de voyageurs sensibles aux actualités. Les habitants de La Canée, partagés entre fierté insulaire et malaise, discutent âprement dans les tavernes : certains voient dans ces actes une défense des principes universels, d’autres un risque pour l’harmonie multiculturelle qui fait la richesse de l’île. La police, renforcée par des unités spéciales d’Athènes, patrouille désormais les ports en permanence, tandis que des médiateurs locaux tentent de calmer les esprits via des forums publics.

Malgré les appels au calme lancés par les maires de Souda et La Canée, les manifestations persistent. Des veillées silencieuses pour les victimes de Gaza se tiennent chaque soir dans les places publiques, et les réseaux sociaux continuent de bouillonnent d’invitations à de nouvelles actions. Le *Crown Iris*, quant à lui, a poursuivi son itinéraire avec des escales modifiées, évitant parfois les ports les plus chauds. Cette saga crétoise illustre les ondes de choc d’un conflit lointain, qui, tel un raz-de-marée, submerge même les rivages les plus sereins. L’île, berceau de la civilisation européenne, se retrouve aujourd’hui au carrefour de passions contemporaines, où le bleu de la mer se teinte d’ombres géopolitiques.

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