Vers un paysage financier plus ouvert en Israël
Une nouvelle ère bancaire s’ouvre en Israël
Pour la première fois, l’Autorité des marchés financiers israélienne a accordé des licences de « services de paiement » à quatre entreprises technologiques : les israéliennes Rapyd et Mesh Payments, ainsi que les étrangères Revolut (Royaume‑Uni) et Airwallex (Australie). Avec ce sésame, ces sociétés peuvent ouvrir des comptes pour particuliers ou entreprises, recevoir les salaires, émettre des cartes de paiement et effectuer des virements presque comme une banque… mais sans être une banque.
Inbal Pollak, directrice des investissements de l’Autorité, l’a résumé d’une phrase : « Le client n’aura plus besoin de se déplacer dans une agence. » À terme, certains régulateurs imaginent même un écosystème où le compte bancaire traditionnel deviendrait optionnel, remplacé par un porte‑monnaie numérique intégrant paiements, épargne et placements.
Ce que permet (ou non) la licence
- Accréditation des salaires : l’employeur peut verser directement la paie sur le compte FinTech.
- Cartes de paiement : Visa ou Mastercard, physiques ou virtuelles, utilisables en ligne comme en magasin.
- Virements internes et internationaux : avec l’ambition d’être plus rapides et nettement moins chers qu’aujourd’hui.
- Intérêts possibles : ces sociétés pourront rétribuer la trésorerie déposée, alors que les banques israéliennes restent avares sur ce point.
- Pas de crédit : la grande différence demeure l’interdiction de prêter l’argent des déposants. Les FinTechs pourront toujours proposer un crédit, mais uniquement sur leurs fonds propres, ce qui les dissuade d’en faire un produit de masse.
Les quatre pionnières en bref
Rapyd et Mesh opéraient déjà comme éditeurs de logiciels en Israël ; dorénavant, elles deviendront des prestataires financiers à part entière. Revolut et Airwallex, présentes dans des dizaines de juridictions, voient dans le marché israélien un laboratoire à forte adoption numérique.
Pourquoi est‑ce révolutionnaire ?
- Concurrence tarifaire
Les marges bancaires sur le change et les virements extérieurs restent élevées. Les FinTechs annoncent des spreads quasi‑interbancaires et des frais fixes minimaux. Pour les travailleurs étrangers ou les start‑up internationales, l’économie se chiffrera en centaines de shekels par transaction. - Expérience utilisateur
Ouverture 100 % en ligne, support 24/7 sur application et tableaux de bord en temps réel : de quoi répondre aux attentes d’une population adepte du mobile banking. - Rémunération de la trésorerie
Dans un contexte de taux élevés, les néo‑comptes promettent de partager une partie du rendement au lieu de le garder pour eux. - Écosystème élargi
Les licences ne se limitent pas au grand public : Rapyd cible prioritairement les PME exportatrices, Mesh les directions financières internes, tandis que Revolut ambitionne de rapatrier les Israéliens expatriés qui utilisaient déjà l’app à Londres ou Berlin.
Sécurité : quelles garanties ?
Le régulateur a imposé des tests de solidité financière, de gouvernance et de cybersécurité comparables à ceux exigés d’une banque. Condition clé : séparation stricte des fonds. L’argent des clients est logé sur des comptes séquestres distincts des fonds propres de la société ; il ne peut servir ni à l’exploitation courante ni à d’éventuels paris financiers.
Les sociétés restent également soumises aux contrôles de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, à la conformité aux normes ISO de sécurité de l’information, et devront publier périodiquement leurs niveaux de capital.
Calendrier et limites
Les quatre titulaires peuvent démarrer immédiatement, mais chacune décidera du rythme : Rapyd prévoit une connexion au réseau de compensation Sheba d’ici fin d’année ; Mesh veut lancer ses cartes corporate dès le troisième trimestre ; Revolut et Airwallex testent déjà leurs interfaces localisées.
Toutes ne viseront pas nécessairement le grand public : certaines resteront sur des marchés de niche (start‑up, free‑lances, expatriés) avant d’élargir la cible. Par ailleurs, pour les prêts immobiliers ou les découverts, les banques conservent un avantage structurel difficile à concurrencer.
Vers un paysage financier plus ouvert
Avec des dizaines d’autres dossiers en cours d’examen, l’Autorité des marchés financiers ne cache pas son objectif : faire tomber le mur historique entre banques universelles et prestataires techniques, afin de stimuler l’innovation et faire baisser les coûts. La réussite du modèle dépendra toutefois de la confiance des Israéliens ; or, celle‑ci se gagne dans la durée, par la fiabilité des applications… et la sérénité des soldes affichés.
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