Une société israélienne branchée en continu

En 2025, les habitudes numériques et médiatiques des Israéliens ont connu des évolutions marquées, révélant une société toujours plus connectée, mobile et attentive à l’actualité en temps réel. Les données agrégées issues des opérateurs Yes et Pelephone, associées à une enquête de l’institut 2thePoint, dressent le portrait d’un pays dont les écrans sont devenus des points d’ancrage centraux, notamment dans un contexte sécuritaire tendu.

Le premier enseignement concerne la télévision. Si elle demeure omniprésente, le temps passé devant le petit écran a reculé par rapport aux années précédentes. Les foyers israéliens ont regardé en moyenne un peu plus de neuf heures de télévision par jour, contre des niveaux nettement supérieurs en 2023 et 2024. Cette baisse apparente masque toutefois des pics spectaculaires lors d’événements majeurs. Durant la guerre israélo-iranienne de juin, l’audience quotidienne a bondi de plus de 20 %, atteignant des sommets rarement observés. Les libérations d’otages à Gaza, la visite du président américain Donald Trump et son discours à la Knesset ont également provoqué des afflux massifs de téléspectateurs, parfois dès l’aube.

Les chiffres montrent que, lors de la libération des derniers otages vivants, la consommation de médias a été multipliée par plus de quatre en une seule journée. En soirée, l’attention s’est progressivement déplacée vers la vidéo à la demande, dont l’utilisation a fortement progressé, confirmant une préférence pour des formats plus flexibles après des heures de tension collective. Le sport a aussi joué un rôle fédérateur : la finale de la Coupe d’État de football, suivie de rencontres européennes majeures et de compétitions internationales impliquant Israël, a figuré parmi les contenus les plus regardés de l’année.

L’Eurovision 2025 a, de son côté, confirmé son statut d’événement populaire. Plus de sept téléspectateurs sur dix ont suivi la finale, un record récent. Si une majorité d’Israéliens estime important de participer à la compétition, beaucoup restent convaincus que le jury n’est pas neutre sur le plan politique, révélant un rapport mêlant attachement culturel et méfiance.

Au-delà de la télévision, les réseaux sociaux se sont imposés comme la principale porte d’entrée vers l’information. Une large majorité des Israéliens s’informent via des plateformes numériques, bien avant les sites web classiques, la télévision ou la presse papier. Les formats courts dominent, et près de la moitié de la population consulte l’actualité plusieurs fois par heure. En période de conflit, cette consommation d’informations a encore augmenté, traduisant un besoin constant de mises à jour.

Le rapport souligne également une fragmentation accrue de l’attention. Le zapping est devenu la norme, tandis que les recommandations d’amis, les publicités à l’écran et les réseaux sociaux influencent fortement les choix de programmes. Malgré cette dispersion, le contenu local reste très apprécié : la majorité des séries les plus regardées sont des productions israéliennes, souvent visionnées en famille.

Sur le plan numérique, l’internet mobile poursuit sa progression. La consommation de données par abonné a augmenté, portée par la 5G et par l’explosion des usages vidéo. Les foyers israéliens consomment déjà plusieurs centaines de gigaoctets par mois, et les projections annoncent un dépassement du téraoctet à l’horizon 2030. L’intelligence artificielle s’est imposée comme un nouvel outil du quotidien, avec une adoption massive de solutions comme ChatGPT. Si l’enthousiasme est réel, une majorité d’utilisateurs reste attachée aux contenus créés par des humains et souhaite un étiquetage clair des productions générées par l’IA.

Les situations d’urgence ont mis en lumière le rôle central du mobile. Lors des alertes rouges, l’usage des applications d’information et de messagerie a explosé. Dans les abris, les téléphones sont devenus à la fois des outils de communication familiale, de suivi de l’actualité et de lien social immédiat.

Enfin, les données révèlent des contrastes générationnels et sociétaux. Chez les plus jeunes, les jeux vidéo occupent une place importante, suscitant des inquiétudes parentales quant à l’activité physique et au temps d’écran. Les habitudes de voyage ont également été affectées par le climat sécuritaire, poussant de nombreux Israéliens à privilégier des destinations perçues comme plus sûres et des réservations flexibles.

Dans son ensemble, ce panorama met en évidence une société israélienne hyperconnectée, adaptable et attentive, où l’information, la vidéo et les technologies émergentes occupent une place stratégique dans la vie quotidienne.

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