Une nouvelle guerre civile se prépare-t-elle en Syrie ?

Vues:

Date:

Une nouvelle guerre civile se prépare-t-elle en Syrie ?

Alors que la Syrie tente de sortir de plus d’une décennie de guerre, les signes avant-coureurs d’un nouveau conflit interne se multiplient. Le régime d’Ahmed al-Sharaa, successeur de Bachar el-Assad, peine à contenir les factions islamistes armées, notamment celles hostiles aux minorités religieuses. Cette faiblesse du pouvoir central fait craindre un effondrement du fragile équilibre actuel, et la perspective d’un nouveau cycle de violences internes, potentiellement plus désordonné que le précédent.

Les Druzes, communauté minoritaire représentant 3 à 5 % de la population syrienne, sont une cible privilégiée de ces groupes radicaux. Concentrés dans la province méridionale de Soueïda, dans la région montagneuse de Jabal al-Druze, les Druzes sont régulièrement menacés par des organisations comme l’État islamique ou le Front al-Nosra. Ces factions les considèrent comme hérétiques, au même titre que les Alaouites ou les chrétiens. Pour ces groupes, la guerre ne se limite pas à un combat politique contre le régime en place : elle est aussi un projet de purification religieuse.

Depuis le déclenchement du conflit syrien en 2011, les zones druzes ont été relativement négligées par Damas. L’absence de gouvernance et la faiblesse des défenses locales ont fait de Soueïda une brèche exploitable pour les extrémistes. Entre 2013 et 2018, la présence djihadiste s’est accrue dans le sud syrien, atteignant parfois les abords immédiats de la frontière israélienne. En 2015, le Front al-Nosra avait même tenté de s’emparer du village de Hader, à proximité du plateau du Golan. Seule la résistance acharnée des habitants et le soutien ponctuel des milices loyalistes ont permis de repousser l’assaut.

Israël, qui entretient des liens historiques avec la communauté druze, a dû réagir à plusieurs reprises. En novembre 2017, à la suite d’un attentat meurtrier à Hader, l’état-major de Tsahal avait affirmé publiquement son engagement à protéger le village contre toute invasion terroriste. Le chef spirituel des Druzes d’Israël, Mowafaq Tarif, et plusieurs élus locaux avaient également appelé à une intervention si nécessaire.

Mais l’attaque la plus sanglante s’est produite en juillet 2018 : plus de 250 civils, majoritairement druzes, ont été tués dans une série d’attentats menés par l’État islamique à Soueïda. Ce massacre, qualifié d’ethnique par les leaders druzes, a mis en lumière l’ampleur du danger. Des femmes et des enfants ont également été enlevés. Ces violences ont renforcé les tensions entre les différentes communautés, mais ont surtout révélé l’impuissance du régime à sécuriser son propre territoire.

Aujourd’hui, malgré les efforts de normalisation menés par al-Sharaa, les affrontements se poursuivent. Les djihadistes gagnent du terrain, et les minorités religieuses sont de nouveau visées. Après les Druzes, les chrétiens ont été pris pour cible : en juin dernier, un attentat suicide à l’église Mar Elias de Damas a coûté la vie à 20 personnes. En mars, des massacres d’Alaouites avaient déjà été signalés. Les faits s’enchaînent, illustrant la montée d’un chaos hors de contrôle.

Dans ce contexte, la perspective d’un effondrement total de l’autorité centrale n’est plus théorique. Les alliances régionales compliquent encore davantage la situation. L’influence croissante de la Turquie, du Qatar et de l’Arabie saoudite, chacune soutenant des factions différentes, rend toute stabilisation incertaine. Contrairement à la guerre civile initiale, marquée par la figure autoritaire de Bachar el-Assad, cette nouvelle phase s’annonce plus fragmentée et imprévisible.

Pour Israël, la menace est directe. Non seulement les attaques contre les Druzes en Syrie génèrent une pression communautaire interne, mais l’instabilité régionale impose une vigilance militaire accrue. Une résurgence du terrorisme djihadiste près de ses frontières obligerait Tsahal à renforcer sa posture défensive, tout en évitant les frictions avec les puissances alliées d’al-Sharaa, notamment la Turquie.

À cela s’ajoute une problématique stratégique plus large : dans l’éventualité d’un effondrement du régime syrien, Israël devra composer avec une mosaïque de milices, de groupes armés non étatiques et d’interventions étrangères, dans un théâtre où les alliances sont mouvantes et les lignes de front indécises.

Le retour du désordre syrien n’est plus un risque lointain : il se dessine en toile de fond, avec un potentiel de déstabilisation qui dépasse largement les frontières du pays. Dans cette configuration, l’élaboration d’une stratégie régionale impliquant les États-Unis et les autres puissances occidentales devient un impératif, tant pour prévenir l’embrasement que pour protéger les populations civiles prises entre deux feux.

Jforum.fr

La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img