« L’apposition de ce signe relève du graffiti et ne doit pas être surinterprétée », tempère auprès de L’Orient-Le Jour l’auteur et ancien officier français Guillaume Ancel. « Dans la forme, il s’agit d’une expression classique d’une armée qui laisse une empreinte, qu’elle sait éphémère », soutient-il. Une étoile de David avait ainsi été retrouvée début janvier peinte sur un mur de l’église du village de Alma el-Chaab (Tyr) au Liban-Sud, après que l’armée israélienne s’y est introduite dans sa guerre contre le Hezbollah entre le 8 octobre 2023 et le 27 novembre 2024.
Pourtant critique des exactions de l’armée israélienne à Gaza, Guillaume Ancel répète ne voir dans cette marque ni « message politique ni empreinte durable : il s’agit d’une œuvre figurative réalisée par l’action de chars, dont les chevilles, avec ses bandes indépendantes, permettent d’opérer des mouvements circulaires pour matérialiser les six côtés de l’étoile, tandis que les va-et-vient des chars en dessinent les branches ».
« Remplacer la population locale »
Pour Elia Ayoub, chercheur au sein de l’organisation internationale Post-Growth Institute, le message est au contraire éminemment politique : « C’est là l’acte d’une armée qui ne souhaite pas seulement remporter une guerre, mais remplacer la population locale », lâche-t-il, alors que le nouveau président américain Donald Trump a émis le souhait samedi de voir les Palestiniens vivre en-dehors de l’enclave.
Elia Ayoub poursuit en suggérant un lien entre l’apposition sur le sol de l’étoile de David et l’« augmentation de la rhétorique extrémiste religieuse émanant des israéliens, qui considèrent Gaza, la Cisjordanie et même certaines parties du Liban comme un droit divin ».
En novembre dernier, des insignes messianiques de juifs, notamment une représentation du « Grand Israël », étaient visibles sur certaines tenues militaires, malgré les interdictions de l’état-major israélien. Ce lundi, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a déclaré que l’armée israélienne resterait sur le versant syrien du mont Hermon, où elle s’était déployée le lendemain de la chute d’Assad le 8 décembre dernier, pour « une période indéfinie », ajoutant que « nous ne serons pas dépendants des autres pour notre défense, ici comme ailleurs ».
« L’étoile de David figure sur le drapeau de l’État d’Israël depuis son établissement en 1948, elle n’est ainsi pas seulement utilisée dans un contexte religieux, mais aussi dans un contexte nationaliste », explique le chercheur, rappelant que, comme tout signe religieux, elle est « neutre » et peut servir diverses causes. Et de conclure : « Par une ironie cruelle de l’histoire, l’étoile de David, autrefois utilisée pour humilier les victimes juives des nazis, est aujourd’hui utilisée par l’État juif pour marquer la victoire des Juifs sur leurs ennemis. »
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