« Une logique de vassalité »… Pourquoi la Chine donne-t-elle un si grand coup de projecteur à Vladimir Poutine ?

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Cela faisait longtemps qu’il n’avait pu fouler un tapis rouge bordé d’une kyrielle de drapeaux étrangers. Vladimir Poutine s’est rendu ce lundi en Chine pour assister au sommet de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) à Tianjin, dans le nord du pays. Le président russe a pu profiter de cette occasion pour saper l’isolement que les Occidentaux tentent de lui faire subir depuis le début de l’invasion russe en Ukraine. Il a en effet rencontré de nombreux dirigeants internationaux, notamment le Premier ministre indien Narendra Modi ou le président iranien Massoud Pezeshkian.

A cette occasion, Xi Jinping a dénoncé une « mentalité de guerre froide » et « les actes d’intimidation » qui ont cours, d’après lui, en ce moment. Ce sommet, le plus important pour Pékin depuis la création de l’OCS en 2001, lui permet aussi de « monter un front indirect tacite contre les intérêts américain et plus largement occidentaux », assure Emmanuel Véron, spécialiste de la Chine contemporaine et enseignant-chercheur associé à l’Inalco. En invitant Vladimir Poutine qui « s’affiche avec une multitude de dirigeants internationaux, la Chine montre au reste du monde que le dialogue international ne se fait pas qu’à New York, à l’ONU ».

Une « visite à l’empereur »

Dans son discours d’ouverture, Xi Jinping a implicitement critiqué la politique de Donald Trump, en se gardant toutefois de le nommer, tout en exhortant les pays réunis à « s’opposer à l’hégémonie ». Pour s’opposer à cette hégémonie américaine, Pékin ne rechigne d’ailleurs pas à mettre la main au portefeuille. Xi Jinping a rappelé que son pays avait déjà investi 84 milliards de dollars dans les pays membres de l’OCS et accordera 1,4 milliard de dollars supplémentaires sous forme de prêts dans les trois prochaines années.

Pékin tend donc la main à ces pays membres, dont certains sont particulièrement malmenés sur la scène internationale, à l’instar de la Russie mais aussi de la Corée du Nord ou de l’Iran. Mais l’Empire du milieu compte bien en tirer un retour sur investissement. « La Chine donne une tribune à tous ces pays, mais dans une logique de vassalité. C’est un peu la visite à l’empereur, décrypte Emmanuel Véron. La Chine reste au centre du jeu et sait que Vladimir Poutine lui sera redevable en lui vendant un pétrole moins cher ou en votant en sa faveur devant l’ONU, par exemple. »

« Désoccidentaliser » le monde

La Chine est occupée à « désoccidentaliser le monde international » depuis longtemps. Toutefois, « elle est de plus en plus décomplexée », assure l’expert de la Chine contemporaine. « Le simple fait d’accueillir Poutine sanctionné par des mandats internationaux et que la Chine appelle les parties à négocier, rien que cette posture-là marque bien que le pays ne s’embarrasse plus de discrétion. » Les initiatives de Pékin semblent en effet se multiplier. En avril 2022, la Chine a lancé la Global Security Initiative (GSI) pour renforcer sa position militaire en Afrique, selon de nombreux analystes. Puis, en mars 2023, la Global Civilization Initiative qui assume son ambition de promouvoir un monde « multipolaire ».

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Pour Washington, le « pied de nez » est clair. Alors que l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) « exclut de fait l’entrée au Japon et aux Etats-Unis » en se positionnant comme un contrepoids de l’Otan, la parade des ennemis de Washington ressemble à un camouflet symbolique. Il y a toutefois peu de chance que Donald Trump réagisse à ces provocations diplomatiques, le président américain étant plus versé dans les coups d’éclat médiatiques ou les bras de fer économiques. Ouvrant ainsi un boulevard à Xi Jinping qui, lui, adore avancer diplomatiquement, « pas à pas ».

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