Une appli pour mieux acheter, face à la vie chère en Israël

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Une appli pour mieux acheter, face à la vie chère en Israël

Dans un supermarché de Tel-Aviv, une jeune femme scanne un flacon de ketchup à l’aide de son téléphone. Sur l’écran, s’affiche une évaluation nutritionnelle et un comparatif de prix. Elle utilise Kaspenu, une application gratuite pensée pour transformer les habitudes de consommation en Israël.

Lancée en mai, Kaspenu — qui signifie « notre argent » en hébreu — ambitionne de redonner du pouvoir aux consommateurs israéliens. L’outil permet de scanner les produits alimentaires pour obtenir leur Nutri-Score, une note allant de A à E, avec un code couleur du vert au rouge. En quelques secondes, l’utilisateur visualise la qualité nutritionnelle du produit, son niveau de transformation, la présence éventuelle d’additifs controversés, et surtout… son prix.

Mais ce n’est pas tout : l’appli compare également le tarif du produit dans différents magasins israéliens, tout en indiquant son prix moyen en Europe. L’écart est parfois frappant : deux fois moins cher à l’étranger, voire davantage. Pour l’usager, le constat est clair — et souvent édifiant.

Une initiative citoyenne
Derrière cette application, une femme engagée : Yaëlle Ifrah, économiste de formation, originaire de la région parisienne. Après avoir fait son alyah avec sa famille en 2015, elle s’est imposée comme l’une des figures de la lutte contre la vie chère en Israël. Très active sur les réseaux sociaux, elle décrypte les mécanismes de la formation des prix, dénonce les monopoles locaux et sensibilise le grand public à ces enjeux.

Ancienne assistante parlementaire, Yaëlle dirige aujourd’hui l’association Maag’olot, qui soutient les entrepreneuses dans leurs projets. Kaspenu est l’aboutissement de plusieurs années de recherche. « Je voulais créer un outil simple, gratuit et utile à tous, sans pub, sans pression marketing », explique-t-elle.

L’application repose sur les bases de données publiques du ministère israélien de l’Économie, enrichies quotidiennement par les grandes chaînes de distribution. Ces informations, jusqu’ici peu exploitées, deviennent ainsi accessibles à chacun, en quelques clics.

Une réponse à une réalité préoccupante
Le coût de la vie en Israël figure parmi les plus élevés des pays développés. Selon les données de l’OCDE, en 2024, Israël était le deuxième pays le plus cher du monde occidental, juste derrière la Corée du Sud. Les produits alimentaires y sont en moyenne 52 % plus chers que dans les autres pays membres. Le pain coûte 49 % de plus, les produits laitiers et les œufs 64 %, les fruits et légumes 25 % de plus.

Pour l’économiste Omer Moav, cette situation s’explique par un manque de concurrence, des barrières commerciales encore trop importantes, et une réglementation lourde freinant l’arrivée de nouveaux acteurs. Le tout dans un contexte d’inertie politique, où les réformes attendues tardent à voir le jour.

Une appli pour agir, pas subir
« L’État ne remplit pas son rôle. Alors je propose un outil citoyen à sa place », tranche Yaëlle Ifrah. Elle voit en Kaspenu le début d’un mouvement collectif : « Je ne vais pas résoudre seule le problème du coût de la vie, mais je peux contribuer à réveiller les consciences et inciter à des choix plus éclairés. »

L’enjeu dépasse le seul cadre économique. Il touche aussi à la santé publique. En Israël, le diabète de type 2 progresse fortement, notamment chez les jeunes, et l’obésité infantile augmente. En informant sur la composition des aliments, Kaspenu espère influer positivement sur les comportements alimentaires.

Une adoption rapide
Depuis son lancement, Kaspenu a déjà été téléchargée plus de 15 000 fois. Les premiers utilisateurs saluent une interface intuitive et un contenu fiable. Chloé Flam, juriste à Ashdod et mère de deux enfants, confie : « Je fais mes courses autrement. Je compare la composition, le prix, je découvre de nouveaux produits. »

Cette initiative rappelle le succès de l’application française Yuka, qui a modifié en profondeur les pratiques de consommation en France depuis 2017. Des produits mal notés ont vu leurs ventes chuter, poussant les industriels à améliorer leurs recettes.

Yaëlle Ifrah espère que Kaspenu produira le même effet en Israël : faire pression, par les consommateurs eux-mêmes, pour plus de transparence, de qualité, et une meilleure accessibilité économique. Une ambition citoyenne, enracinée dans la réalité du quotidien.

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1 COMMENTAIRE

  1. Je salue votre initiative Yaelle mais il y’en a une autre qui a bien marché dans le temps c’est proposer des jours de grèves et ça a marché, les israéliens pensent toujours qu’ils vont s’en sortir mais ça ne marche plus
    Aviva

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