Un tournant dans la guerre. Les coulisses de l’opération des beepers du Hezbollah.

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Dans l’émission américaine  »60 minutes » diffusée sur la chaine CBS, deux anciens agents du Mossad dévoilent les coulisses de l’opération des beepers du Hezbollah.

Témoignant sous les faux noms de Mickael et Gabriel, à visage caché et avec des voix déformées, ils révèlent ce qui a précédé à l’explosion des appareils de communication de l’organisation terroriste causant plusieurs morts et des milliers de blessés.

L’opération a commencé à être mise en oeuvre il y a une dizaine d’années. L’idée était de se servir des beepers des terroristes qu’ils étaient supposés porter dans leur veste, près de la cage thoracique et du coeur.

»Mickael » a raconté que le Hezbollah avait acheté 16000 appareils qui avaient été fabriqués par le Mossad et vendus  »à un bon prix ».

»Nous avons crée un faux monde, nous sommes une société de production, nous écrivons le scénario, nous sommes les metteurs en scène, nous sommes les réalisateurs, nous sommes les acteurs principaux et le monde est notre scène », décrit l’ancien agent du Mossad.

Il détaille:  »Le prix des appareils ne pouvait pas être trop bas pour ne pas éveiller de soupçons au sein du Hezbollah ». Afin de dissimuler l’implication du Mossad une société fictive a été fondée pour infiltrer la chaine d’approvisionnement.

Le Mossad s’est également adapté aux évolutions technologiques de ce type d’appareil au cours de ces années, afin de répondre aux demandes de renouvellement de l’organisation terroriste.

La société Gold Apollo à Taïwan où se fournissait le Hezbollah ne savait pas que les appareils avaient été piégés en amont.

L’ancien agent  »Gabriel » a raconté la première fois où il a présenté l’appareil piégé au chef du Mossad, Dadi Barnea. Le beeper avait une taille supérieure à la normale en raison de la place prise par le produit explosif.  »Il n’était pas content et nous a dit qu’il n’y avait aucune chance pour quelqu’un achète cet appareil car il était trop grand pour rentrer confortablement dans une poche. Trop lourd ».

Barnea a envoyé  »Gabriel » revoir sa copie mais Barnea a fini par se laisser convaincre que cela pouvait marcher.

Ensuite le Mossad a payé la directrice commerciale de la société Gold Appollo pour qu’elle propose au Hezbollah d’acheter des appareils plus récents.  »Nous avons préparé un  »Truman Show ». Nous dirigions tout en coulisses. Pour eux, tout était normal. Nous avons des options infinies pour créer des sociétés sans qu’il ne soit possible de les relier à Israël », expliquent les agents. Des fausses publicités sur YouTube pour la société fictive créée par le Mossad ont été diffusées afin de vanter les mérites de l’appareil destiné au Hezbollah.  »Il est devenu le meilleur beeper sur le marché dans le monde », affirme Gabriel. D’autres clients que le Hezbollah ont voulu l’acheter mais ces derniers étaient dissuadés par le prix particulièrement élevé qui leur été proposé. Tout était programmé pour que seul le Hezbollah achète ces beepers.

Afin de placer la quantité d’explosifs adéquate, celle qui ne blesserait que le porteur du beeper et pas son entourage, le Mossad a procédé à des tests sur des poupées. Les anciens agents précisent que le but était de toucher uniquement les terroristes.

Jusqu’en septembre 2024, le Hezbollah a acheté près de 5000 beepers.

Le Mossad a choisi ces appareils comme outils justement parce qu’ils ne permettaient aucun suivi, contrairement à des téléphones portables ce qui en fait un instrument prisé par les terroristes. Le Mossad a testé plusieurs moyens pour faire sonner les beepers. Il voulait une sonnerie qui oblige le terroriste à sortir le beeper de sa poche. Le temps moyen mis par un homme pour répondre à la sonnerie d’un beeper a aussi été étudié.

Le 17 septembre 2024, le chef du Mossad, Dadi Barnea, a ordonné de lancer l’opération car des éléments indiquaient que le Hezbollah était sur le point de découvrir le subterfuge.

Lorsque les beepers sont sonné ce jour-là, les terroristes ont reçu la consigne d’appuyer  »avec les deux mains » pour recevoir le message.

 »Les gens qui se promènent aujourd’hui au Liban avec un oeil ou une main en moins leur rappellent qu’il ne faut pas nous chercher », conclut  »Gabriel ».

Lors de cette émission, les anciens agents révèlent aussi que Nasrallah a vu sous ses yeux ses hommes être blessés par l’explosion de leurs beepers:  »Ces attaques ont placé l’organistion dans une situation très difficile. Elles ont été un tournant dans la guerre ».

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