Un réseau turc arme la Judée-Samarie
Le coup de filet est passé presque inaperçu, mais il en dit long sur l’évolution de la menace terroriste contre Israël. Le Shin Bet, en coopération avec la police, annonce avoir démantelé un réseau sophistiqué de contrebande d’armes et de transferts d’argent vers la Judée-Samarie, dirigé depuis la Turquie par un citoyen arabe israélien agissant pour le compte du Hamas, Ahmad Sarsour. Selon les premiers éléments de l’enquête, ce réseau combinait exploitation de liens familiaux, zones périphériques mal contrôlées et outils financiers de dernière génération, comme les cryptomonnaies.
Au cœur du dispositif se trouvaient plusieurs citoyens israéliens originaires de Kfar Kassem et de Rahat, arrêtés ces dernières semaines. D’après le Shin Bet, ces intermédiaires géraient des transferts clandestins de fonds et d’armes à destination de la Cisjordanie, avec des montants atteignant des centaines de milliers de shekels. L’argent était d’abord envoyé depuis la Turquie sous forme de cryptomonnaies, avant d’être converti en liquide par des changeurs israéliens. Avec ce cash, les membres du réseau achetaient des armes auprès de trafiquants du Néguev, armes ensuite acheminées vers la Judée-Samarie pour alimenter des infrastructures liées au terrorisme.
L’enquête montre qu’Ahmad Sarsour, originaire de Kfar Kassem et installé depuis plusieurs années en Turquie, a mis à profit ses relations familiales et amicales dans son village natal pour structurer cette filière. Ce mode opératoire illustre une tendance plus large : l’utilisation de ressortissants israéliens, disposant d’une liberté de mouvement et d’un accès direct à la société israélienne, comme relais pour des organisations comme le Hamas. Ankara est depuis longtemps accusée par Israël et plusieurs partenaires occidentaux de servir de base arrière à certains cadres du mouvement islamiste palestinien, ce qui renforce la sensibilité de ce dossier.
Le recours intensif aux cryptomonnaies n’est pas anecdotique. De nombreux rapports internationaux alertent depuis plusieurs années sur l’usage grandissant de ces canaux pour contourner les contrôles bancaires classiques et financer des activités illicites, y compris terroristes. Dans cette affaire, les flux en devises virtuelles ont permis de dissimuler l’origine des fonds et de réduire la traçabilité jusqu’à la conversion en espèces. Les autorités israéliennes y voient une illustration concrète de l’adaptation permanente des réseaux terroristes aux dispositifs de lutte contre le financement du terrorisme.
Le Shin Bet ne mâche pas ses mots : il s’agit, selon lui, d’une affaire « grave », qui met en lumière la façon dont des acteurs basés en Turquie – parmi lesquels des citoyens arabes israéliens et des personnes ayant obtenu leur statut par regroupement familial – exploitent leurs connexions et leur accès à la Judée-Samarie pour acheminer argent et armes susceptibles de rejoindre des cellules terroristes. Le service de sécurité promet de poursuivre toutes les personnes impliquées « avec la plus grande fermeté », et annonce le dépôt imminent d’actes d’accusation contre les suspects arrêtés.
Au-delà de ce coup de filet, l’affaire souligne l’imbrication croissante entre criminalité organisée et terrorisme. Les trafiquants d’armes du Néguev, déjà au cœur de l’explosion de la violence dans certains secteurs arabes israéliens, deviennent aussi des fournisseurs potentiels de groupes terroristes palestiniens. Cela renforce la pression sur les autorités pour reprendre le contrôle de ces zones et tarir les circuits de contrebande qui profitent à la fois à la délinquance locale et aux organisations armées.
Enfin, ce dossier ajoute une couche supplémentaire aux tensions déjà fortes entre Israël et la Turquie, sur fond de divergences profondes autour du Hamas et de la guerre à Gaza. Pour Israël, le message est clair : tant que des cadres ou intermédiaires du mouvement pourront opérer en relative sécurité depuis le territoire turc, la tentation de reconstruire des filières similaires restera forte. Pour les services de sécurité israéliens, l’affaire Sarsour n’est probablement pas un cas isolé, mais un signal d’alarme sur l’ampleur des efforts à poursuivre pour déjouer les prochaines tentatives.
Jforum.fr
Similaire
La rédaction de JForum, retirera d’office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.
La source de cet article se trouve sur ce site

