Un projet syrien négocié dans l’ombre
Des informations relayées par plusieurs médias syriens et régionaux font état de discussions discrètes mais politiquement sensibles entre d’anciens piliers du régime syrien et des représentants israéliens. Ces échanges, tenus loin des projecteurs, s’inscrivent dans un contexte de recomposition accélérée du paysage syrien et d’incertitudes croissantes sur l’avenir des minorités, en particulier dans les régions côtières du pays.
Selon ces rapports, deux figures issues de l’ancien appareil de pouvoir — Kamal al-Hassan, ex-chef du renseignement militaire, et Abou Ali Khader, homme d’affaires proche du régime déchu — se seraient rendues secrètement en Israël au début du mois de décembre. Leur objectif aurait été de présenter une initiative visant à créer une entité autonome sur le littoral syrien, souvent décrite comme un possible « État alaouite », sur un modèle rappelant certaines expériences séparatistes reconnues de facto dans d’autres régions du monde.
Au cours de leurs rencontres avec des responsables israéliens, notamment issus du Shin Bet, les émissaires auraient cherché à obtenir un soutien politique et sécuritaire pour ce projet. Le timing de cette démarche n’est pas anodin. Les sources évoquent un désengagement progressif de Moscou sur certains dossiers syriens, ou du moins une baisse de sa disposition à garantir la protection politique et militaire d’une enclave alaouite autonome, dans un contexte de redéfinition des priorités russes.
Les initiateurs du projet auraient avancé un argumentaire axé sur la stabilité régionale. Selon eux, une détérioration économique et sécuritaire de la côte syrienne risquerait de provoquer de nouveaux flux migratoires vers l’Europe par la Méditerranée orientale. Cette perspective serait perçue comme un levier susceptible de convaincre certains États européens de soutenir, directement ou indirectement, une initiative internationale de stabilisation, dans laquelle Israël pourrait jouer un rôle de garant sécuritaire.
Les mêmes sources affirment que plusieurs milliers d’anciens officiers et membres des forces de sécurité syriennes, toujours présents entre la côte et la frontière libanaise, seraient prêts à se mobiliser si un appui extérieur crédible leur était accordé. Parallèlement, des canaux de coordination auraient été établis avec les Forces démocratiques syriennes ainsi qu’avec des acteurs influents du sud syrien, notamment dans la région de Soueïda, ouvrant la voie à un réseau d’alliances transversales, dépassant les clivages confessionnels traditionnels.
Les rapports indiquent également que ces discussions ne se limiteraient pas à Israël. Des réunions auraient eu lieu ces derniers mois en Irak et au Liban, visant à harmoniser les positions de différents groupes opposés à Damas. Les contacts israélo-syriens décrits ne seraient d’ailleurs pas totalement nouveaux. Kamal al-Hassan aurait déjà participé, avant la chute du régime, à des mécanismes indirects de coordination impliquant des intermédiaires russes.
Un autre nom revient dans ces révélations : Rami Makhlouf, cousin de Bachar al-Assad et ancien magnat de l’économie syrienne. Il aurait rencontré un représentant israélien dans un pays tiers afin d’évoquer la sécurité de la communauté alaouite dans l’après-régime, plaidant pour une implication internationale destinée à prévenir des représailles ou un effondrement sécuritaire.
Pour plusieurs observateurs, ces démarches traduisent moins l’émergence d’un véritable projet séparatiste structuré qu’une tentative de survie politique d’une élite déchue. En mobilisant le discours de la « protection des minorités », ces acteurs chercheraient avant tout à préserver leur influence et à se repositionner dans un ordre régional en pleine mutation. Le sort de cette initiative dépendra toutefois des équilibres géopolitiques et de la capacité des acteurs internationaux à mesurer les risques d’une fragmentation supplémentaire du Levant.
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