Un OTAN arabe : l’Égypte prend initiative

Un OTAN arabe : l’Égypte prend initiative

L’Égypte propose de remettre sur le devant de la scène une force militaire arabe commune, modelée d’après l’OTAN, afin de faire face rapidement à toute agression. Ce projet refait surface à l’approche d’un sommet arabo-islamique à Doha, où Le Caire veut rallier un soutien régional plus large. Le lancement de cette initiative est directement lié aux tensions provoquées par une récente frappe israélienne au Qatar, qui aurait relancé les urgences sécuritaires parmi les États arabes.

Le président Abdel Fattah al-Sissi milite pour la constitution d’une force de réaction rapide, capable d’intervenir dès qu’un État arabe est attaqué. Les médias arabes évoquent que l’Égypte mettrait sur la table l’engagement d’environ 20 000 soldats pour cette force, ainsi qu’un commandement suprême assuré par un officier égyptien de haut grade. L’Arabie saoudite serait le principal partenaire potentiel, selon les discussions préliminaires.

Le projet de force arabe commune n’est pas une innovation tout à fait neuve : des idées similaires avaient été discutées il y a presque dix ans mais n’avaient pas trouvé de concrétisation. Ce jour-ci, les autorités égyptiennes veulent miser sur le timing, estimant que les événements récents — frappes et escalades — donnent un argument fort pour convaincre d’autres pays arabes de participer. Le fonctionnement de cette force reste à définir : nombre des participants, règles d’engagement, commandement, financement et logistique sont en cours de négociation.

Plusieurs États du monde arabe, dont le Maroc et l’Algérie, feraient partie des partenaires possibles. Le partage des responsabilités est en discussion : l’Égypte souhaite garder la tête de la force conjointe, tandis que le second poste de commandement pourrait revenir à un État du Golfe, notamment l’Arabie saoudite. Un mécanisme de représentation équilibré est envisagé, qui prenne en compte les effectifs, les capacités militaires et les réalités géopolitiques de chaque pays.

Cette proposition est présentée comme une mesure défensive : elle ne viserait pas, selon Le Caire, une escalade contre Israël, mais plutôt une protection collective en cas d’attaque. Cependant, elle suscite des réactions critiques. Yair Lapid, chef de l’opposition israélienne, a qualifié l’idée de mise à mal des accords de paix existants, en jugeant que cela pourrait compromettre les traités et pactes déjà signés avec Israël. Certains analystes soulignent aussi les défis énormes pour rendre opérationnelle une telle force : coordination militaire, chaîne de commandement, financement durable, et surtout consensus politique entre États aux priorités souvent divergentes.

En plus de ces défis internes, le projet s’insère dans le cadre plus vaste des alliances régionales discutées depuis plusieurs années. L’Égypte entretient déjà une coopération avec l’OTAN pour la formation et l’entraînement militaire. Elle a aussi, par le passé, proposé d’avoir une représentation diplomatique officielle auprès de l’OTAN, sans pour autant adhérer formellement ou se lier à ses obligations militaires. Ces expériences antérieures permettent à certains de croire que la nouvelle force arabe pourrait bénéficier de modèles existants, mais aussi qu’elle devra surmonter des obstacles structurels, en particulier au niveau logistique et stratégique.

À ce stade, aucune confirmation officielle définitive n’a été faite par Le Caire quant à la forme finale de la force, à ses membres exacts ou à son plan d’action. Le projet reste en phase de discussions, concertations et négociations, avec une forte volonté de l’Égypte de s’imposer comme acteur central dans un nouvel ordre sécuritaire arabe.

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