Voici une nouvelle toute fraiche qui nous arrive de la région parisienne : en 2025, les restes de 525 Juifs vont être exhumés du cimetière de Thiais (notre photo : l’entrée du cimetière de Thiais). Seuls les noms des acquéreurs de concessions sont publiés et ils sont clairement liés à la communauté juive, et… Pourquoi ? Comment ? Et que fera-t-on de leurs restes funéraires ?
Tâchons de faire le point de ce que nous savons et de ce que nous comprenons, en attendant que les responsables de ce cimetière nous répondent.
Quitte à nous répéter (mais si un Juif de plus prend conscience du problème, cela vaudra la peine !), rappelons que la Halakha exige de notre part d’assurer un repos éternel à nos défunts, dans une concession perpétuelle ! Mais cela coûte cher ! Alors les compagnies qui œuvrent sur le terrain, les « Pompes funèbres », proposent de prendre des concessions pour moins de temps, une trentaine d’années, peut-être cinquante ans, cela suffit. De plus, pendant une certaine période, les concessions perpétuelles n’étaient plus disponibles.
Personne n’est là, au moment des funérailles, en ces moments perturbés, pour aider les endeuillés à s’interroger sur ce qui se passera dans 30 ou 50 ans ? Serez-vous encore en France, vous, vos enfants et vos petits-enfants ? Ni les sociétés de pompes funèbres, ni la communauté juive, ne met le public en garde à ces moments-là, tout le monde se tait.
Illustration : une tombe juive dans ce cimetière
A dire vrai, et si l’on prend une concession perpétuelle, est-ce une vraie garantie ? Non, effectivement : les municipalités suivent de près l’état des tombes, et, que faire, cinquante plus tard, même les pierres s’effritent, et les responsables des cimetières s’inquiètent de la sécurité des visiteurs. Ils déposent un mot sur la tombe, ils l’inscrivent dans la liste des tombes à dégager, ils contactent le concessionnaire qui peut déjà avoir déménagé sans s’en préoccuper. Ils attendent quelques années, puis ils procèdent à une exhumation des tombes, y compris des perpétuelles. En fin de parcours, peu de corps restent en place, sauf quelques exceptions pour de tombes à valeur historique, ou dont les descendants ont survécu et sont des gardiens fidèles.
C’est, pour nous, une catastrophe : cela va totalement contre la Halakha, et nous sommes responsables de cette situation, en particulier par notre silence !
Mais cela n’est pas fini avec ce simple fait. Qui va-t-il procéder à l’exhumation de ces corps ? Il y a des fossoyeurs municipaux qui en sont chargés. Mais pouvons-nous nous en remettre à de tels employés sur le plan de la Halakha ? Pour les Juifs, l’ensemble des restes de chacun doit être récupéré et rassemblé, jusqu’au plus petit os. Si les fossoyeurs le font rapidement, avec des appareils, pour les spécialistes juifs, cela peut prendre 6 heures, et tout est fait à la main.
Il y a très peu de personnes, en France, qui aient été formés à cela et quisachent s’y prendre. Souvent on entend que les personnes qui veulent effectuer une telle exhumation font venir des spécialistes d’Erets ou d’ailleurs pour cela.
Et une fois que la municipalité a exhumé, que fait-elle des restes alors rassemblés dans un « reliquaire » ? Il faut savoir que la municipalité se protège bien : le règlement des cimetières stipule que dorénavant les familles n’ont plus rien à dire à l’égard de ces corps, ils sont devenus « propriété de la ville » ! Mon grand-père, ma grand-mère, mais à quel titre ? C’est le règlement, et en conséquence nul ne peut plus savoir où ils reposent ni s’approcher de leur restes funéraires.
Une chose est à peu près sûre : même si jusqu’alors ils reposaient en terre, et dans un carré juif, cela est terminé ! Ils sont à présent déposés dans des « ossuaires », c’est-à-dire des hangars hors terre, et ce que la municipalité acceptait jusqu’alors, à savoir de réserver des emplacements pour les Juifs, c’est fini : ils sont déposés n’importe où parmi les Gentils…
Mais ce n’est pas tout : si, avec le temps, la boite dans laquelle ils reposent à présent en vient à détériorer elle aussi, le cimetière prend la précaution d’envoyer ces restes funéraires qui mettent en danger les autres à l’incinérateur, ce qui va totalement à l’encontre de la Halakha, et contre la volonté de ces Juifs.
Nous nous retrouvons donc face à une situation désolante. Il est vrai que les autorités communautaires nous parlent du fait que ces corps seront déposés « dans des draps blancs », mais, en fait, ils sont dans de beaux draps !
Que peut-on faire ?
Evidemment, a priori acheter bien avant de disparaitre une concession perpétuelle, mais pas à Paris et ni en région parisienne, mais plutôt en Alsace-Moselle, là où la loi et la conduite sont totalement différentes, ou encore en Hollande (la Belgique n’a pas de cimetière juif), ainsi qu’à Lyon et à Marseille, où les rabbanim semblent être parvenus à forcer un respect des règles qui sont les nôtres.
Erets Israël est également une possibilité, mais il faut savoir qu’il y a aussi beaucoup de problèmes, surtout pour les personnes qui viennent de l’étranger, et qu’il faut savoir comment les éviter.
Il faudrait, car rien n’est fait depuis des décennies dans ce domaine de la part de la communauté juive, à notre grande honte, changer cela, informer le public des problèmes énormes qui se posent, exiger une conduite qui corresponde à la Halakha, avoir des fossoyeurs juifs formés à traiter des restes funéraires juifs, proposer de déplacer les corps dont le contrat de concession est terminé dans des cimetières juifs existant (en particulier en Alsace-Moselle).
On peut bien sûr changer un règlement, comme nous l’a dit en son temps un ambassadeur de France en Israël, si les responsables communautaires officiels se prenaient en main et présentaient une position claire à cet égard, il y aurait moyen de voir comment résoudre les problèmes. Mais comme personne n’est motivé à le faire… Au contraire, les officiels de la communauté enterrent la question, si l’on peut s’exprimer ainsi, et c’est catastrophique.
Nous sommes alertés aujourd’hui par le cas de Thiais, mais il se passe la même chose dans la plupart des cimetières parisiens comme à Valenton, où il s’est soudain avéré qu’il y avait une centaine de tombes en danger. Il est plus que probable qu’en réalité, le même problème se pose dans chacun des cimetières de la région parisienne, mais l’information ne parvient pas à la connaissance du public, pour une raison ou pour un autre.
Il ressort que le manque de préoccupation vis-à-vis de ces innombrables tombeaux dans la région parisienne, et partout ailleurs en France où rien n’a été entrepris, correspond à un désastre sur le plan religieux que l’on ne trouve qu’en France ! Comment peut-on l’accepter ?
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