Un Iran en crise après la guerre
À la suite du récent affrontement militaire avec Israël, l’Iran traverse une période de forte instabilité marquée par des tensions diplomatiques, un durcissement intérieur et une radicalisation religieuse. Dans ce climat tendu, le pouvoir iranien multiplie les mesures sécuritaires et les déclarations hostiles, désignant tour à tour des ennemis extérieurs et des boucs émissaires internes.
L’un des axes majeurs de cette période post-conflit est la montée des soupçons à l’encontre des pays voisins. L’ambassadeur d’Iran en Arménie, Mehdi Sobani, a exigé de l’Azerbaïdjan qu’il mène une enquête sur une possible utilisation de son espace aérien par l’aviation israélienne lors de la guerre. Selon lui, si Bakou a autorisé de telles opérations, des explications claires sont requises au regard du droit international. Le président iranien aurait même abordé la question directement avec son homologue azerbaïdjanais.
Crise économique et effondrement des marchés
En parallèle, l’économie iranienne continue de s’enfoncer. La Bourse de Téhéran enregistre sa troisième journée consécutive de fortes baisses, et la monnaie nationale poursuit sa chute. De nombreux investisseurs se retirent du marché, fuyant l’incertitude croissante. Cette instabilité pousse le régime à renforcer ses mécanismes de contrôle, en particulier dans le domaine sécuritaire.
Un nouveau texte de loi, adopté par le Parlement, interdit désormais l’usage de drones civils sans autorisation préalable dans les zones sensibles, notamment militaires et gouvernementales. Cette mesure répond à des préoccupations croissantes sur les risques d’espionnage technologique, notamment attribués à Israël.
Dans ce contexte, la police iranienne a annoncé l’arrestation d’un individu à Téhéran, présenté comme un agent du Mossad. L’homme serait impliqué dans la fabrication de drones et accusé de transmettre des données sensibles concernant les systèmes de défense iraniens. Une vidéo de son « aveu » a été diffusée par les autorités.
Les réfugiés afghans, victimes collatérales
Par ailleurs, l’Iran connaît une vague de départs massifs de réfugiés afghans, souvent expulsés de force. Depuis mars, plus de 640 000 Afghans ont quitté le territoire iranien, dont plus de la moitié auraient été renvoyés de manière contrainte, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Rien que le 26 juin, un chiffre record de plus de 36 000 retours a été enregistré.
La situation des familles afghanes est particulièrement préoccupante. À la frontière, beaucoup arrivent dans des conditions très précaires, souvent traumatisés, sans ressources, et avec peu d’espoir d’un avenir stable. Certains médias iraniens évoquent même des expulsions massives à Ispahan, où des groupes d’immigrés illégaux auraient été reconduits à la frontière.
L’hostilité croissante à l’égard des réfugiés afghans semble aussi alimentée par les discours officiels, qui les présentent parfois comme des agents potentiels d’Israël ou des menaces pour la sécurité intérieure.
Discours religieux radicalisé contre l’Occident
Sur le plan idéologique, le régime iranien bénéficie du soutien actif de plusieurs figures religieuses influentes, qui multiplient les prises de position virulentes contre les États-Unis et Israël. Deux grands ayatollahs, Makarem Shirazi et Nouri al-Hamadani, ont publié des décisions religieuses dans lesquelles ils condamnent fermement toute tentative de dialogue ou de compromis avec les États occidentaux.
Dans ses propos, Shirazi qualifie toute coopération avec les « ennemis de l’islam » de trahison. Il affirme que les menaces contre le Guide suprême Khamenei doivent être perçues comme une déclaration de guerre religieuse, justifiant une mobilisation des musulmans à travers le monde. Son homologue al-Hamadani reprend les mêmes arguments, allant jusqu’à considérer toute atteinte à l’autorité chiite comme un affront direct à l’islam.
Une ligne dure assumée
À travers ces déclarations, le régime cherche à légitimer son positionnement radical à l’intérieur comme à l’extérieur. La posture religieuse extrême vient soutenir une stratégie politique marquée par l’isolement diplomatique, la surveillance renforcée et la méfiance envers les communautés étrangères sur son territoire.
Dans cette période post-conflit, l’Iran apparaît donc comme un État assiégé, à la fois par ses inquiétudes internes, sa situation économique fragile et ses rivalités régionales. Et dans cette configuration, le régime semble déterminé à faire front par tous les moyens, quitte à accentuer encore la pression sur sa population et ses voisins.
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