Un fait méconnu du Moyen- Âge : Les Juifs du Pape.

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Pendant de nombreux siècles, les Papes ont eu un double rôle en Europe, l’un spirituel en tant que chef de la Chrétienté, mais un autre « temporel » puisqu’en 1870, il possédait de nombreux territoires dont il était le souverain. Cette situation l’a amené à mener une politique de pouvoirs importante qui a évolué au cours des siècles.

Ainsi, après la guerre de Cent Ans, à la faveur des transformations d’un système féodal qui ne répondait plus aux besoins d’une société en pleine mutation et au fait que les États féodaux ont évolué vers vers des États plus centralisés, les papes se sont opposés à l’empereur de l’empire germanique et , vers 1300, au roi de France Philippe le Bel et le pape Boniface VIII.

Ce dernier conflit aboutit à l’installation de la papauté à Avignon en 1309, puis en 1378, au Grand Schisme : de 1378 à 1417, deux lignées de papes, chacune considérée par l’autre comme composée d’antipapes, s’opposent, l’une à Rome, l’autre à Avignon.

Lorsque les papes se sont installés à Avignon, il y avait des Juifs depuis longtemps dans la ville et dans la région, peut-être depuis l’époque romaine, à coup sûr depuis le XII° siècle, mais alors que de nombreux pays prirent des mesures contre les Juifs, les papes adoptèrent une politique tolérante à leur égard. Ils y bénéficièrent, certes, du droit d’exister et de pratiquer leur culte, mais ils y subissaient aussi, comme partout en Europe, de fortes discriminations. Le concile de Latran de 1215 est venu limiter leurs libertés, en leur imposant par exemple l’isolement dans les villes, le port d’un insigne vestimentaire distinctif (la rouelle jaune), l’interdiction d’accès à certaines fonctions…

Leur vie s’organisait autour de quelques équipements structurants, qui constituent encore aujourd’hui les principales traces patrimoniales de leur histoire sur ce territoire : la synagogue, les bains rituels et le cimetière des quartiers qui leur sont exclusivement réservés et sont organisés autour d’une rue dont la largeur n’excède pas celle d’une charrette ‘carriero en provençal) – les extrémités étant fermées la nuit par deux portails. La densité de population était telle que les immeubles s’élèvent et les propriétés s’enchevêtrent, sans qu’aucune fenêtre donnant sur le quartier chrétien ne soit autorisée.

Avec des hauts et des bas, la protection assurée aux Juifs par les souverains pontifes ne se démentit jamais pendant toute la période où ceux-ci gardaient leur autorité dans la région et contrairement à ce qui a été longtemps pensé, ce n’était pas par intérêt financier.

Ce n’était pas non plus par tolérance, mais plutôt pour des raisons doctrinales tirées d’une réflexion sur les rapports entre le peuple juif et le christianisme, déjà mise au point depuis de nombreux siècles. Saint Augustin en a fixé les principes, et ses idées seront reprises fidèlement par tous les penseurs catholiques jusqu’au milieu du XX° siècle.

Le souvenir de ceux qui ont été appelés « Les Juifs du Pape » a continué à se maintenir au fil des siècles  en Avignon et dans le Comtat Venaissin qui était alors un Etat pontifical reconnu par le roi de France en 1274 et qui recouvrait l’actuel Vaucluse – exceptés Avignon, une partie du Luberon et la principauté d’Orange – auquel s’ajoutent neuf communes de la Drôme.

Pour en savoir plus : L’association culturelle des Juifs du Pape https://acjp.fr/

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