Un cessez-le-feu ou un accord de fin de guerre à Gaza? Les pistes réalistes?

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Dans les années 1990, Yasser Arafat avait adopté, dans sa confrontation avec Israël, une stratégie inspirée de la fameuse méthode du « salami », chère à Staline. Plutôt que d’imposer d’un seul coup la création d’un État palestinien, Arafat avait opté pour une approche graduelle : une série d’étapes étalées dans le temps, censées, à terme, aboutir au même résultat. Les accords d’Oslo avaient alors fourni au leader historique de l’OLP l’opportunité rêvée pour appliquer cette méthode.

Mais, à force de multiplier les revendications, Arafat finit par faire échouer ce processus. Avec le déclenchement de la seconde Intifada, il renvoya aux calendes grecques la perspective d’un État palestinien indépendant pour son peuple.

Trente ans plus tard, on reparle de la méthode du salami — mais cette fois, c’est le Hamas qui s’en inspire, dans l’espoir de négocier, à ses conditions, un cessez-le-feu ou un accord de fin de guerre à Gaza.

Depuis le retour de Benjamin Netanyahou de Washington, il y a trois semaines, le Hamas a compris que le Premier ministre israélien était réellement déterminé à conclure un cessez-le-feu. Et pour cause : un tel accord constituait pour Trump une condition essentielle au processus d’élargissement des accords d’Abraham. Cette perspective incluait la possibilité d’une normalisation avec l’Arabie saoudite, sur la base d’une proposition initiale du médiateur américain Steve Witkoff : un cessez-le-feu de deux mois, la libération de dix otages vivants, de dix-huit corps, l’élargissement de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retrait de Tsahal aux abords de la frontière israélienne.


À Doha comme à Gaza, on a immédiatement perçu cette situation comme une opportunité stratégique. Dès lors, le Hamas a commencé à faire monter les enchères, étape par étape, fidèle à la méthode du salami. Le résultat ? En trois semaines, Israël a consenti à des concessions significatives, tant sur les cartes de repli de Tsahal que sur le nombre et le statut des prisonniers libérables. Et au fil des négociations, une équation douloureuse s’est imposée : plus Netanyahou cède, plus le Hamas durcit ses exigences.

Les observateurs soulignent d’ailleurs les tensions internes au sein du mouvement : d’un côté, la branche politique — représentée par Khaled Mechaal, Zaher Jabarin et Nizar Awadallah à Doha — affiche une posture plus conciliante ; de l’autre, Azzedine al-Haddad, dans les tunnels de Gaza, adopte une ligne de plus en plus intransigeante. Il sent que le vent tourne en sa faveur : la campagne sur la prétendue famine à Gaza a mobilisé l’opinion publique internationale, et chaque concession obtenue renforce la légitimité du Hamas à gouverner sur le terrain. C’est dans cette logique que le Hamas exige que l’aide humanitaire soit contrôlée par l’ONU, non par la fondation américaine ;

non seulement le retrait israélien de l’axe Morag (déjà acquis), mais également de l’axe Philadelphie ; le contrôle du poste de Rafah ; et surtout, la libération de plus de 2 200 prisonniers, dont 200 au moins ont du sang sur les mains.

Jeudi après-midi, Benyamin Netanyahou a compris que le Hamas se moquait de lui. L’ultime proposition formulée par le mouvement était tout simplement inacceptable. Le Premier ministre a fini par taper du poing sur la table et a ordonné le retour de la délégation israélienne à Tel-Aviv. Quant à l’émissaire américain Steve Witkoff, qui espérait une percée diplomatique depuis l’Italie afin de se rendre à Doha, il a fini par admettre sans ambiguïté : « Le Hamas ne veut pas d’accord. »

Quelle marge de manœuvre reste-t-il à Israël ?

Pour retourner la situation, Israël pourrait utiliser les leviers de pression à sa disposition :

intensifier les opérations militaires dans le centre de la bande de Gaza ; envisager l’élimination ciblée des leaders politiques du Hamas à l’étranger, y compris à Doha. Car il ne faut pas oublier que le Qatar joue un double jeu : médiateur officiel d’un côté, mais soutien actif du Hamas de l’autre, dont il souhaite la survie politique à Gaza. Un des leviers les plus puissants pourrait donc venir directement du président Trump, capable d’exercer une pression directe sur l’émir du Qatar.

Ce ne serait pas simple, mais pas impossible non plus. Israël va donc devoir trancher : Soit accepter des concessions majeures et signer un accord de fin de guerre, sans la moindre garantie de voir les 20 otages encore vivants libérés (le Hamas ne renoncera jamais à tous ses « atouts ») ; Soit ouvrir « les portes de l’Enfer », comme l’a déclaré le ministre de la Défense israélien, Israel Katz.

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