Tsav: l’offrande d’action de grâce, Être juif, c’est rendre grâce

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Tsav: l’offrande d’action de grâce

Dans la paracha Tsav, nous découvrons le korban todah, l’offrande de remerciement. Bien que nous n’ayons pas fait de sacrifices depuis près de deux mille ans, une trace subsiste encore aujourd’hui, sous la forme de la bénédiction connue sous le nom de Hagomel : « Celui qui accorde de bonnes choses à l’indigne », prononcée à la synagogue lors de la lecture de la Torah, par celui qui a survécu à une situation périlleuse.

Qu’est-ce qui constitue une situation dangereuse ? Traverser la mer ou le désert, se remettre d’une maladie grave, être libéré de captivité, et certains, de nos jours, incluent même le voyage en avion. Lorsque nous traversons ces épreuves sans encombre, nous disons Hagomel en signe de gratitude.

Rien dans la nature n’explique notre capacité à recadrer des situations douloureuses de manière à en rire ; rien non plus n’explique la capacité humaine à trouver un sens aux profondeurs de la souffrance. Ce ne sont pas, au sens classique du terme, des preuves de l’existence de Dieu, mais des preuves empiriques. Elles nous apprennent que notre corps est peut-être un produit de la nature, mais que notre esprit, nos pensées, nos émotions – tout ce que recouvre le mot « âme » – ne le sont pas. Il y a quelque chose en nous qui s’étend à quelque chose qui nous dépasse : l’âme de l’univers, le « Toi » divin auquel nous nous adressons dans la prière, et auquel nos ancêtres, du temps du Temple, faisaient leurs offrandes.

Le désir de remercier est un instinct humain. Lorsque quelqu’un nous a rendu service, offert un cadeau, réconforté ou sauvé d’un danger, nous ressentons une dette envers lui. Ce « quelque chose » est todah , le mot hébreu qui signifie à la fois « reconnaissance » et « remerciement ». Mais souvent, nous ressentons quelque chose de plus. Ce n’est pas seulement le pilote que nous voulons remercier lorsque nous atterrissons sains et saufs après un vol périlleux ; pas seulement le chirurgien lorsque nous survivons à une opération ; pas seulement le juge ou l’homme politique lorsque nous sommes libérés de prison ou de captivité. C’est comme si une force supérieure était à l’œuvre, comme si la main qui déplace les pièces sur l’échiquier humain pensait à nous ; comme si le ciel lui-même était venu à notre secours.

Les compagnies d’assurance ont tendance à qualifier les catastrophes naturelles de « cas de force majeure ». L’émotion humaine fait le contraire. Dieu est présent dans la bonne nouvelle, la survie miraculeuse, l’échappée à la catastrophe. Cet instinct – remercier une force, une présence, au-delà des circonstances naturelles et de l’intervention humaine – est en soi un signe de transcendance. C’est ce qui était autrefois exprimé dans l’offrande de remerciement, et c’est toujours le cas, dans la prière Hagomel. Mais ce n’est pas seulement en récitant Hagomel que nous exprimons notre gratitude.

Lors de ma lune de miel avec ma femme, Elaine, je suis allé nager dans un coin peu profond, mais je me suis soudain retrouvé dans des eaux dangereuses. Il n’y avait personne à proximité. Après un moment de lutte, j’ai craint de me noyer. Heureusement, quelqu’un m’a sauvé. Depuis ce jour, j’ai intériorisé la prière de Modeh Ani d’une manière nouvelle : « Je te remercie, Dieu vivant et éternel, de m’avoir rendu la vie : grande est ta fidélité. » Quiconque a survécu à un grand danger sait ce que c’est que de ressentir, et non pas seulement d’en être abstraitement conscient, que la vie est un don de Dieu, renouvelé chaque jour.

Le premier mot de cette prière, Modeh , vient de la même racine hébraïque que Todah, « action de grâce ». Il en va de même pour le mot Yehudi, « Juif », qui vient de Léa, qui nomma son quatrième fils Yehuda, en disant : « Cette fois, je remercierai Dieu ».

Être juif, c’est rendre grâce. C’est le sens de notre nom et le geste constitutif de notre foi. Être juif, c’est éprouver de la gratitude ; considérer la vie elle-même comme un don ; pouvoir traverser la souffrance sans être défini par elle ; donner à l’espoir la victoire sur la peur. Être juif, c’est rendre grâce.

JForum.fr avec rabbisacks.org/

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