Tsahal-Mossad : fracture au sommet
Tensions entre Tsahal et le Mossad : rivalités, responsabilités et luttes d’influence
Depuis les événements du 7 octobre, une série de départs au sommet de la hiérarchie sécuritaire israélienne a mis en lumière une fracture croissante entre l’armée israélienne (Tsahal) et le Mossad. Cette rivalité, longtemps contenue, a désormais éclaté au grand jour, opposant des personnalités autrefois alliées et soulevant des questions sur la répartition des responsabilités en temps de guerre.
Des départs en chaîne… sauf au Mossad
Parmi les figures qui ont quitté leurs fonctions depuis l’attaque du Hamas, on compte Aharon Haliva, chef du renseignement militaire, Yoav Gallant, ministre de la Défense, Herzi Halevi, chef d’état-major de Tsahal, et Ronen Bar, directeur du Shin Bet. Aucun n’a achevé son mandat, certains n’ayant exercé que moins de deux ans.
En revanche, David Barnea, directeur du Mossad depuis juin 2021, est resté en poste, et son mandat pourrait même être prolongé au-delà de juin 2026. Cette différence de traitement s’explique par plusieurs facteurs : la délimitation officielle des responsabilités sécuritaires, des considérations politiques, et la capacité de Barnea à naviguer habilement dans les rapports de force au sein de la classe dirigeante.
Le Mossad, en dehors de Gaza
Contrairement à Tsahal et au Shin Bet, le Mossad n’a pas la charge directe de la sécurité dans la bande de Gaza. Ainsi, les critiques liées à l’incapacité de prévenir l’attaque du 7 octobre ont principalement visé l’armée, le Shin Bet et, en arrière-plan, le gouvernement.
Le Mossad concentre ses efforts sur la guerre secrète contre le programme nucléaire iranien, les opérations d’espionnage au Liban et en Syrie, certaines négociations sensibles (notamment avec le Qatar) et la lutte contre le terrorisme à l’échelle mondiale. Cette répartition des rôles a permis à Barnea de mettre en avant les succès de son service contre l’Iran, le Hezbollah et le régime syrien, tout en restant à l’écart du dossier Gaza.
Luttes d’influence et divergences stratégiques
Tsahal et Gallant ont eux aussi revendiqué des succès militaires contre l’Iran, le Hezbollah, le régime Assad et le Hamas après le 7 octobre. Mais leur présence au pouvoir lors de l’attaque a laissé une marque indélébile sur leur bilan.
Sur le plan politique, Netanyahu a trouvé en Halevi, Gallant et Bar des adversaires internes, notamment au sujet de la conscription des Haredim et de la gestion des négociations pour libérer les otages. Barnea, lui, a évité un affrontement frontal, estimant que les positions du Hamas rendaient incertain tout accord anticipé. Il a cependant été écarté des premières lignes de certaines négociations par le Premier ministre, ce qui l’a, paradoxalement, préservé de critiques directes.
Crédits et contestations
La coopération entre Tsahal et le Mossad sur les fronts iranien et libanais a été marquée par des divergences sur la part réelle de chacun dans les victoires obtenues. L’armée affirme avoir mené la quasi-totalité des frappes stratégiques en Iran, le Mossad ayant fourni des renseignements mais s’appuyant largement sur les capacités satellitaires de Tsahal.
Concernant le sabotage des « bips » contre le Hezbollah, le Mossad en revendique la paternité, mais l’armée rappelle avoir financé la moitié du projet et mené les frappes aériennes décisives. L’invasion du sud du Liban pour neutraliser les forces Radwan est également attribuée entièrement à Tsahal.
Alliances brisées
Les désaccords ne se limitent pas à la question des victoires militaires. Halevi accuse Barnea d’avoir suivi la ligne de Netanyahu par calcul, plutôt que de défendre certaines positions communes aux chefs militaires sortants. Le directeur du Mossad, pour sa part, a fait circuler son propre contre-récit, admettant certaines erreurs mais défendant ses choix stratégiques.
Résultat : des relations autrefois étroites entre hauts responsables de la sécurité se sont détériorées. Le choc du 7 octobre a agi comme un catalyseur, transformant des alliances anciennes en rivalités ouvertes, dans un contexte où chaque acteur tente de préserver son influence et son image face à l’opinion publique.
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