Trump tend la main à Mamdani malgré ses propos sur Gaza
Dans le Bureau ovale, la poignée de main avait presque des airs de scène réécrite. Quelques semaines plus tôt, Donald Trump promettait de couper les vivres fédéraux à New York si Zohran Mamdani remportait la mairie. Vendredi soir, c’est pourtant un président souriant qui a accueilli le maire élu, présenté comme un partenaire avec lequel il veut « réussir New York ». Un virage spectaculaire, alors même que Mamdani a maintenu face aux caméras ses accusations de « génocide » à Gaza.
Lors de leur apparition commune, le maire élu n’a pas adouci son vocabulaire. Il a répété qu’Israël mène « un génocide » à Gaza et que les États-Unis financent cette politique, affirmant avoir transmis au président la colère de nombreux New-Yorkais qui refusent de voir leurs impôts « alimenter des guerres sans fin ». Trump, qui revendique pourtant une proximité de longue date avec Israël, n’a pas répondu sur le fond et s’est contenté d’insister sur leur « excellente réunion, très constructive et productive ».
Interrogé, Mamdani a également assumé ses positions de campagne : il avait promis d’arrêter Benyamin Netanyahou si le Premier ministre israélien venait à New York, en s’appuyant sur le mandat de la Cour pénale internationale. Trump a esquivé : « Nous n’en avons pas parlé. Il a ses opinions, peut-être changera-t-il d’avis. » Une façon de ne pas rallumer un dossier explosif, alors que le candidat démocrate socialiste est déjà au cœur d’une tempête politique autour d’Israël, de Gaza et du BDS.
La conférence de presse a aussi permis de solder, au moins en apparence, les invectives personnelles. Quand un journaliste a demandé à Mamdani s’il considérait toujours Trump comme un fasciste, le président a plaisanté : « Allez-y, dites oui, c’est plus simple. » Le maire élu a brièvement acquiescé avant de passer à la question suivante. De son côté, Trump, qui l’avait récemment qualifié de « communiste » et de « JEW HATER » en attaquant ses électeurs juifs, parle désormais d’un homme « très rationnel » qui a mené « une campagne extraordinaire » et qu’il se dit prêt à aider.
Cette tonalité conciliante tranche avec la virulence d’une partie du camp républicain. La députée Elise Stefanik, figure pro-israélienne montante, avait décrit Mamdani comme « la définition d’un djihadiste ». Interrogé à ce sujet, Trump a minimisé : « On dit des choses en campagne », prenant ainsi le contre-pied de sa propre alliée tout en évitant de l’attaquer frontalement. Dans le même temps, il a invité Mamdani à participer à ses réunions sur la paix au Moyen-Orient, estimant que « la question lui tient particulièrement à cœur ».
Sur le fond, le maire élu n’a pas renoncé à sa ligne. Il continue de dénoncer l’offensive israélienne comme une « guerre génocidaire » et de défendre le boycott des colonies, tout en affirmant reconnaître le droit d’Israël à exister comme État aux « droits égaux pour tous ». Face aux inquiétudes d’une partie de la communauté juive new-yorkaise, il insiste sur son engagement contre l’antisémitisme et multiplie les échanges avec des responsables communautaires, rappelant qu’il veut « protéger la sécurité des Juifs dans les cinq boroughs ».
La rencontre à la Maison Blanche intervient d’ailleurs peu après que Mamdani a critiqué une manifestation anti-israélienne bruyante devant la synagogue Park East, tout en s’opposant à un événement d’encouragement à l’aliya qu’il accuse de promouvoir la colonisation au-delà de la Ligne verte. Une position qui illustre son équilibre revendiqué : soutien sans réserve aux droits des Palestiniens, mais refus de franchir certaines lignes rouges dans les rues de New York.
Reste à savoir si le rapprochement affiché entre Trump et le nouveau maire relèvera de la simple photo de circonstance ou s’il annonce une coopération durable. Le président a déjà prévenu qu’en cas de désaccord frontal, la question de l’aide fédérale pourrait revenir sur la table. Pour l’heure, chacun semble y trouver son compte : Mamdani gagne une légitimité institutionnelle malgré ses positions tranchées sur Gaza, et Trump se présente comme l’homme capable de travailler même avec un adversaire idéologique, au nom de la prospérité et de la sécurité de New York.
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