Trente manifestants pro-palestiniens arrêtés
Occupation tendue à l’Université de Washington
Une trentaine d’étudiants militants ont été interpellés lundi soir après avoir occupé un bâtiment de l’Université de Washington (UW) à Seattle. L’action, revendiquée par le groupe pro-palestinien Super UW, visait à dénoncer les liens entre l’université et le géant de l’aéronautique Boeing, accusé de contribuer à la guerre à Gaza par ses contrats militaires.
Selon l’université, les militants ont pris le contrôle du bâtiment d’ingénierie interdisciplinaire en soirée, bloquant les accès et provoquant plusieurs incidents. Des incendies de poubelles ont été allumés, les manifestants étaient pour la plupart masqués, et l’ambiance a rapidement été jugée « dangereuse » par les autorités. La police universitaire, appuyée par les forces de l’ordre locales, a procédé à l’évacuation vers 22h30. Les trente personnes interpellées feront face à des accusations d’intrusion, de dégradation, de trouble à l’ordre public et de complot.
Le groupe Super UW, actuellement suspendu par l’université, a publié plus tôt dans la journée un manifeste appelant à l’action. Dans ce texte, les organisateurs saluent ouvertement l’attaque du 7 octobre menée par le Hamas, qualifiée de « victoire héroïque » et décrite comme un tournant contre « la domination sioniste-impérialiste ». Le manifeste plaide pour la rupture totale entre l’UW et Boeing, entreprise accusée de contribuer au « génocide du peuple palestinien » à travers la fourniture d’armements tels que les avions F-15, les hélicoptères Apache et les missiles Hellfire.
Le groupe a rebaptisé temporairement le bâtiment occupé « Shaban al-Dalou Building », en hommage à un jeune Gazaoui tué lors du bombardement d’un hôpital en octobre 2024, selon leurs déclarations.
La direction de l’Université a réagi fermement. Par la voix de son porte-parole Victor Balta, elle a condamné l’action comme « offensante et destructrice » et a souligné qu’elle ne se laisserait « pas intimider ». Balta a réaffirmé l’engagement de l’établissement à lutter contre toutes les formes d’antisémitisme, une préoccupation grandissante à mesure que les tensions internationales se reflètent dans les campus américains.
Eric Horford, porte-parole de Super UW, a défendu l’action dans une déclaration à la chaîne KOMO News, indiquant que le but était de faire pression sur l’université pour qu’elle mette fin à ses partenariats avec des entreprises de l’industrie de défense. Il a accusé l’UW d’ignorer les revendications étudiantes et de chercher à « étouffer la contestation ». Le groupe souhaite, selon ses mots, « éliminer toute influence de Boeing » au sein du monde universitaire.
La situation a suscité de vives réactions parmi les anciens élèves de l’université, notamment dans la communauté juive. Certains se sont dits choqués par la persistance de manifestations qu’ils perçoivent comme antisémites. Le journaliste Cam Higby, présent sur place, a filmé des séquences où l’on entendait des slogans tels que « Mort à la police », jugés « inacceptables » par plusieurs anciens étudiants.
Des voix critiques ont également reproché à l’administration de ne pas avoir pris la mesure du problème. « Les dirigeants de l’UW ont mis en danger la sécurité de tous plutôt que de s’attaquer au fond du problème », a dénoncé un ancien élève sur le réseau X.
Boeing, pour sa part, a investi 10 millions de dollars dans la construction du bâtiment d’ingénierie, un partenariat mis en avant par l’UW dans sa stratégie d’innovation et de recherche. Cette collaboration est désormais la cible directe de groupes militants qui y voient un lien inacceptable entre le savoir académique et les industries de l’armement.
Ce nouvel épisode s’inscrit dans un climat de contestation plus large sur les campus américains, où de nombreuses universités sont confrontées à des revendications liées au conflit israélo-palestinien, souvent marquées par une polarisation grandissante. Entre liberté d’expression et sécurité des personnes, les établissements doivent désormais gérer des situations de plus en plus sensibles.
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