Syrie : les rebelles islamistes, laïcs et pro-turcs s’emparent de la moitié d’Alep

Vues:

Date:

Les rebelles contrôlent environ la moitié de la ville d’Alep, profitant de l’effondrement du Hezbollah  :

« L’aéroport est fermé, l’armée syrienne bat en retraite »

Les rebelles au régime d’Assad continuent d’avancer dans le nord de la Syrie et, 3 jours après le début de leur attaque surprise, ils ont atteint le cœur de la deuxième plus grande ville du pays – 8 ans après que l’armée syrienne en a repris le contrôle. « L’armée a bloqué toutes les routes menant à la ville, seuls les soldats peuvent y entrer », ont indiqué des responsables militaires. Le monde est stupéfait : « Les lignes de défense du régime se sont effondrées, personne ne s’y attendait. »

Rapport : la Russie a promis de fournir à Damas une aide militaire supplémentaire d’ici quelques jours

Les rebelles ont affirmé hier soir avoir atteint le cœur de la ville, et l’Observatoire syrien des droits de l’homme, une organisation d’opposition au régime d’Assad opérant depuis Londres, a déclaré ce soir qu’ils avaient pris le contrôle de la moitié de la ville.

Les rebelles à Alep. En arrière-plan : une affiche détruite du président Assad( Photo : AP Photo/Omar Albam )

Un responsable militaire a déclaré ce soir que la Syrie avait fermé l’aéroport d’Alep et annulé tous les vols. Par ailleurs, trois sources militaires ont indiqué que l’armée syrienne avait fermé toutes les autoroutes menant à la ville. « L’armée a fermé les routes principales de la ville d’Alep à l’extérieur, et les soldats ont reçu l’ordre de suivre les instructions pour un ‘retrait en toute sécurité’ des quartiers que les rebelles ont rapidement repris ». Ces sources ont ajouté que l’armée avait ordonné aux points de contrôle à l’extérieur de la ville de n’autoriser l’entrée qu’aux soldats – de sorte qu’en fait, l’armée a imposé un blocus.

Un habillage nationaliste depuis 2017 :

simulacre habile, ou composition avec la mosaïque syrienne ?

Le responsable de cette grande attaque surprise est l’organisation syro-djihadiste « Hayat Tahrir al-Sham », -qui a rompu avec Al Qaïda en 2017) et pour l’opération, qu’elle appelle « la dissuasion de l’agression », elle s’est associée à d’autres organisations rebelles, dont des groupes nationaliste laïcs, voire pro-américains. L’attaque rebelle dans les provinces septentrionales d’Alep et d’Idlib est la plus importante contre l’armée syrienne depuis 2020, lorsqu’un cessez-le-feu a été déclaré dans la région. « Hayat Tahrir Am-Sham », fait de gros efforts pour apparaître, au moins, nationaliste syrienne et emprisonne les adeptes de Daesh et d’Al Qaïda. Le groupe tolère le culte chrétien, en interdisant le carillon, accepte la musique et la cigarette. HTS est également désigné comme « terroriste » par la Turquie, ce qui signe sa déconnexion des groupes islamistes pro-turcs. Il contrôle certaines parties de la province d’Idlib et de petites zones des provinces voisines d’Alep, Hama et Takiya. On peut justement appliquer cette stratégie -de la Taqqiya) a la capacité d’adaptation d’HTS? Ou supposer que son chef Abu-Mohamme al-Jolani a compris que la grande force du régime reposait dans sa protection des minorités et qu’il aurait décidé d’adopter une ligne similaire pour lever les obstacles à l’épanoussement de sa popularité, tout en eséprant s’épargner les frappes de la coalition pro-américaine. 

L’agence de presse turque Andolu rapportait déjà hier après-midi que les rebelles étaient entrés dans Alep, tandis que des photos et des vidéos sur les réseaux sociaux montraient des véhicules blindés et des hommes armés en uniforme dans les rues de la ville. L’Associated Press a rapporté que les habitants de la ville ont déclaré avoir entendu des roquettes frapper ses périphéries. Dans d’autres vidéos, on a vu des hommes armés agitant le drapeau de l’opposition syrienne sur une place centrale et retirant des drapeaux syriens. Les rebelles ont même atteint la citadelle d’Alep et ont annoncé avoir également pris le contrôle du centre de recherche militaro-scientifique du régime d’Assad, situé à la périphérie de la ville, après « d’intenses affrontements avec les forces du régime et les milices iraniennes ».

Combats entre rebelles et armée syrienne à Alep

( Photo : Omar HAJ KADOUR / AFP )

קרבות בין מורדים לצבא סוריה חלב

Combats entre rebelles et armée syrienne à Alep

( Photo : AP Photo/Ghaith Alsayed )

L’Armée d’Assad et l’Iran se seraient retiré en bon ordre pour revenir

Rami Abdul Rahman, président de l’Observatoire syrien des droits de l’homme, a déclaré que les rebelles avaient déjà pris la moitié de la ville d’Alep. Selon lui, « il n’y a pas eu de combats. Pas un seul coup de feu n’a été tiré pendant que les forces du régime se retiraient ».

Hier, l’Observatoire syrien a indiqué que le nombre de personnes tuées depuis le début de l’attaque surprise de mercredi s’élevait à 255 personnes. La grande majorité des morts sont des rebelles et des soldats de l’armée syrienne, mais selon l’ONU, au moins 27 civils ont été tués – parmi lesquels huit enfants, la plupart des victimes (19 personnes) ont été tuées mardi dans des bombardements des avions syriens et russes contre des cibles rebelles dans la province d’Idlib, près de la frontière turque. En outre, les médias officiels iraniens ont rapporté qu’un officier du grade équivalent à celui de lieutenant-colonel des Gardiens de la révolution, Kiumars Pourhashmi, a également été tué dans la ville.

Réarmement aux frais du régime et de la Russie et ralliement pro-turc

Les rebelles ont rapidement repris des dizaines de villes et villages de la campagne d’Alep et se sont emparés d’une base militaire, d’armes et de chars de l’armée syrienne. Plusieurs milices syriennes supplémentaires, soutenues par la Turquie et basées ailleurs dans le nord-ouest de la Syrie, ont également rejoint les combats.

Mercredi, les rebelles ont envahi une série de villes et villages de la province d’Alep, aux mains des forces d’Assad. Le lendemain, des avions syriens et russes ont bombardé des cibles dans la province d’Idlib, la dernière province contrôlée par les rebelles. La Russie, rappelons-le, aide Damas dans la guerre civile contre les rebelles qui dure depuis 2011. Elle a aidé Assad à changer la situation dans la guerre et à lui restituer la plupart des territoires capturés par les rebelles.

« אף אחד לא האמין שהם יגיעו לקצה של חלב כל כך מהר » המורדים
(צילום: AP Photo/Omar Albam)

מורדים סורים ב חלב מתקפת פתע נגד צבא אסד סוריה

(צילום: AP Photo/Omar Albam)

( Photo : AP Photo/Omar Albam )

La Russie met les moyens pour qu’Assad récupère la seconde ville du pays

Pendant ce temps, deux responsables militaires syriens ont déclaré ce soir à Reuters que la Russie avait promis de fournir à Damas une aide militaire supplémentaire pour contrecarrer l’attaque rebelle. Selon eux, la Syrie s’attend à ce que de nouveaux équipements militaires en provenance de Moscou commencent à arriver à la base aérienne russe « Khmemim », située près de la ville portuaire de Lattaquié, au nord-ouest du pays, dans les prochaines 72 heures.

L’agence de presse russe TASS a rapporté hier que l’armée de l’air russe avait attaqué des rebelles armés à Alep et Idlib. Selon la Russie, ses avions bombardiens auraient tué au moins 200 rebelles dans ces attaques. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré hier après-midi que Moscou considérait l’attaque des rebelles à Alep, dans les zones aux mains du régime, comme une violation de la souveraineté syrienne. Peskov a déclaré que la Russie souhaitait que Damas agisse rapidement pour rétablir l’ordre et reprendre le contrôle des zones occupées.

Selon l’ONU, l’armée syrienne fidèle au régime a mené au moins 125 frappes aériennes et bombardé les zones tenues par les rebelles à Idlib et à l’ouest d’Alep en réponse à l’attaque, tuant au moins 12 civils, en blessant 46 autres et en déplaçant 14 000 personnes.

Quatre autres villes aux mains des rebelles

« Hayat Tahrir al-Sham » a annoncé hier avoir capturé quatre autres villes, dont Mansura, située à cinq kilomètres du centre d’Alep. L’agence de presse officielle syrienne a rapporté la mort de quatre civils à l’intérieur de résidences étudiantes à la suite de tirs d’artillerie provenant d’un obus tiré par les rebelles, qui ont nié ces allégations. En outre, l’Observatoire syrien a rapporté que les rebelles ont pris le contrôle de la ville de Saraqeb, dans la région d’Idlib, ce qui « empêchera l’armée syrienne d’avancer vers Alep ».

Tentes de familles ayant fui les combats à Alep vers la province d’Idlib, en Syrie

Tentes de familles ayant fui les combats à Alep vers la province d’Idlib, en Syrie( Photo : Omar HAJ KADOUR / AFP )

Tentes de familles ayant fui les combats à Alep vers la province d’Idlib, en Syrie

( Photo : Aaref WATAD / AFP )

Tentes de familles ayant fui les combats à Alep vers la province d’Idlib, en Syrie

( Photo : Aaref WATAD / AFP )

Darin Khalifa

« Les lignes de défense du régime se sont effondrées, je pense que l’offensive les a surpris », a déclaré Darin Khalifa de l’International Crisis Group, une organisation internationale à but non lucratif. « Personne ne s’attendait à ce que les rebelles atteignent les abords d’Alep aussi rapidement. » Elle a ajouté qu’il n’est toujours pas clair de savoir si les forces rebelles seront capables de conserver le territoire occupé, ni comment les forces russes qui soutiennent le régime de Bachar al-Assad à Damas pourraient réagir.

Des représailles contre les bombardements de civils d’Idlib

Les rebelles ont déclaré avoir lancé l’offensive en réponse à une augmentation des attaques ces dernières semaines contre des civils par les forces aériennes russes et syriennes dans les zones d’Idlib tenues par les rebelles. Selon eux, leur objectif est d’empêcher les attaques de l’armée syrienne.

La Turquie, qui soutient les rebelles, n’a pas encore rejoint les combats. Des sources de l’opposition syrienne en contact avec les services de renseignement turcs ont déclaré qu’Ankara avait donné son feu vert à l’attaque, mais le ministère turc des Affaires étrangères a appelé au calme dans la région d’Idlib et a exigé la fin des attaques dans la région. « Il est de la plus haute importance pour la Turquie d’éviter une instabilité encore plus grande et de ne pas blesser les civils », indique le communiqué du ministère des Affaires étrangères.

Rappelons que le régime a violemment réprimé le soulèvement contre Assad en 2011, ce qui a conduit à une guerre civile sanglante qui dure depuis plus d’une décennie. En fin de compte, Assad a maintenu une emprise précaire sur le pouvoir, grâce au soutien de la Russie et de l’Iran. La bataille d’Alep en 2016, au cours de laquelle les forces d’Assad ont repris le contrôle de la ville, est considérée comme un moment déterminant en termes de maintien de son pouvoir dans le pays. Il en va donc de même aujourd’hui

Le lien avec Israël – et les consultations inhabituelles de Netanyahu

Le moment choisi par les rebelles pour attaquer l’armée d’Assad est particulièrement intéressant : leur attaque a commencé juste après l’entrée en vigueur du cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah au Liban. La guerre entre Israël et les braanches iraniennes de l’arc chi’ite a, de nouveau, mis à l’épreuve le délicat équilibre des pouvoirs en Syrie, l’année dernière, principalement avec l’implication du Hamas à Gaza et surtout du Hezbollah au Liban. Le groupe chi’ite libanais est, en quelque sorte, la colonne vertébrale de l’armée syrienne, en termes de forces terrestre, alors que la Russie assure la couverture aérienne. 

Depuis le début de la guerre, Israël a considérablement intensifié ses frappes aériennes contre les forces iraniennes stationnées en Syrie et, selon l’ONU, il a mené plus de 116 attaques sur le territoire syrien, éliminant au moins 100 membres du Hezbollah et des forces syriennes. L’offensive israélienne au sud-Liban a provoqué l’exode d’un million de personnes, qui ont traversé la frontière du territoire libanais vers la Syrie au déclenchement de la guerre.

Les rebelles se sont glissés dans la faille du déplacement des fores iraniennes vers d’autres fronts

Beaucoup pensent que les attaques israéliennes ont poussé les forces iraniennes à se mettre sur la défensive et que les rebelles ont profité du fait que les différents supplétifs soutenant Assad étaient occupés ailleurs – et ont donc lancé l’attaque. Mustafa Abdul Jaber, commandant de la brigade rebelle « Jish al-Aza », a même déclaré que l’une des raisons de leur progression rapide cette semaine était le manque de forces iraniennes dans la province d’Alep.

Hier soir, le Premier ministre Benyamin Netanyahou a tenu, ce qui est assez inhabituel vendredi soir, une consultation téléphonique spéciale de sécurité avec les chefs de l’establishment de la défense – alors que les développements bouleversants en Syrie étaient au centre de l’attention, ainsi que la mise en œuvre de l’accord de cessez-le-feu au Liban qui est entrée en vigueur hier.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu convoque le cabinet politique et de sécurité au bureau du Premier ministre à Jérusalem

Netanyahou. En Israël, ils suivent les développements( Photo : Amos Ben Gershom/Leam )

Israël poussera-t-il au changement de régime ? Quel nouvel équilibre avec la Russie, Turquie ?

 Des sources en Israël affirment que « c’est quelque chose que nous devons suivre de près, pour voir où cela va se développer ». Selon eux, « cela ne nous affecte pas nécessairement, et certainement pas à court terme – mais toute déstabilisation d’un pays à nos frontières pourrait nous affecter également. Il semble qu’il y ait ici aussi des opportunités de changement ».

Khalifa, de l’International Crisis Group, a déclaré que la Russie se concentrait principalement sur les combats en Ukraine. « Les Russes sont distraits par la situation en Ukraine. Ils sont moins investis politiquement, et peut-être militairement, en Syrie », a-t-elle déclaré. « Il est difficile de savoir quelle sera l’issue de cette attaque. Les rebelles pensent que l’autre camp est vulnérable et qu’ils disposent d’un certain poids. »

Reprise de la guerre métapolitique entre Chi’isme et Sunnisme ?

Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ismail Baghari, a déclaré que l’attaque faisait partie d’un « plan satanique du régime terroriste (Israël) et des États-Unis », et a appelé à « une action forte et coordonnée pour empêcher la propagation du terrorisme dans la région ».

Le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araqchi, n’a pas tardé à accuser, lors d’un entretien téléphonique avec son homologue libanais Abdallah Bou Habib, que ce qui se passe en Syrie est « un plan américano-sioniste visant à saper la sécurité et la stabilité dans la région, suite aux échecs d’Israël ». face à la résistance. » Hier, les médias iraniens ont cité Araqchi, disant que le même « plan américano-sioniste » survenait « à la suite de la défaite du régime sioniste au Liban et en Palestine » (inversion des faits par la propagande islamiste iranienne). Lors d’une conversation téléphonique avec son homologue syrien Faisal Makdad, Arakachi a souligné que l’Iran soutient le gouvernement syrien.

0 Partages

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img