Syrie à Washington : Trump pousse pour un virage pro-Israël

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Un Syrien à la Maison Blanche : entre Espoirs de Paix et Ombres du Passé

Dans un revirement diplomatique qui fait frémir les chancelleries du Moyen-Orient, le président syrien par intérim Ahmad al-Chareh s’apprête à franchir un seuil inédit : une visite à la Maison Blanche début novembre. Ce déplacement, annoncé lors d’une conférence sur la sécurité à Manama, au Bahreïn, marque la première incursion d’un dirigeant syrien dans l’enceinte du pouvoir américain depuis la création de la République arabe syrienne en 1946. Al-Chareh, ancien cadre jihadiste repenti qui a orchestré le renversement fulgurant de Bachar al-Assad en décembre 2024, arrive à Washington avec un agenda chargé : assouplir les sanctions économiques asphyxiantes, relancer la reconstruction d’un pays ravagé par quatorze ans de conflit, et consolider la lutte antiterroriste. Mais au-delà de ces priorités pragmatiques, plane l’ombre des Accords d’Abraham, cet élan de normalisation arabe-israélienne lancé en 2020 sous l’impulsion de Donald Trump.

Le ministre syrien des Affaires étrangères, Assaad al-Chaibani, n’a pas caché son enthousiasme lors de son intervention à Manama. « C’est un moment historique », a-t-il tonné, soulignant que cette rencontre avec le président américain – la deuxième après un passage à l’ONU en septembre – pourrait redessiner les contours d’une Syrie post-Assad. Al-Chareh, qui s’est adressé pour la première fois à l’Assemblée générale depuis 1967, y avait déjà esquissé une feuille de route : un État laïc, inclusif, débarrassé des chaînes du régime baasiste. À Washington, les discussions s’articuleront autour de la levée progressive des sanctions imposées par les États-Unis depuis 1979, renforcées en 2011 pour punir les exactions du régime contre les civils. Ces mesures, qui gèlent 90 milliards de dollars d’actifs syriens et bloquent les importations vitales, ont contribué à une chute du PIB de 80 % depuis 2010, laissant 16 millions de Syriens dans la précarité.

La reconstruction émerge comme un pilier central de ce voyage. Avec 500 000 morts, 13 millions de déplacés et des infrastructures en ruines – villes comme Alep ou Homs réduites à des squelettes de béton –, Damas aligne ses espoirs sur un soutien international massif. Al-Chaibani a insisté : « Nous luttons activement contre l’État islamique, mais sans appui logistique et financier, ces efforts patinent. » La Syrie, qui a éradiqué 95 % des bastions de l’EI depuis 2019 avec l’aide de coalitions kurdes et américaines, vise une intégration dans la task force antiterroriste mondiale. Trump, pragmatique, verrait d’un bon œil une Syrie stabilisée rejoignant la chaîne des normalisations : Émirats arabes unis, Bahreïn, Maroc et Soudan ont déjà pavé la voie en 2020, boostant le commerce israélo-arabe de 200 % depuis. Lors de leur première rencontre en mai en Arabie saoudite, Trump a glissé l’idée à al-Chareh : « La Syrie pourrait être la prochaine, pour un Moyen-Orient en paix. »

Pourtant, Chaibani a tempéré samedi : « La normalisation n’est pas à l’ordre du jour ; nos priorités sont internes. » Cette prudence reflète un contexte bilatéral tendu. Bien que techniquement en guerre depuis 1948, Damas et Tel-Aviv ont entamé des pourparlers directs post-Assad, visant un accord de sécurité pour un retrait israélien des hauteurs du Golan occupées depuis 1967. Al-Chareh avait promis en septembre un deal d’ici fin 2025, permettant à Israël de se désengager des zones tampon qu’il contrôle depuis décembre 2024 pour contrer les fuites de miliciens pro-iraniens. Depuis, plus de 150 incursions aériennes israéliennes ont visé des cibles syriennes, sans riposte de Damas – une retenue que Chaibani explique par la faiblesse actuelle de l’armée syrienne : « Nous évitons une nouvelle guerre ; la Syrie n’est pas une menace pour quiconque, Israël inclus. »

Cette visite s’inscrit dans un momentum régional. L’Arabie saoudite, hôte des premiers pourparlers Trump-al-Chareh, pousse pour une Syrie réintégrée à la Ligue arabe, exclue depuis 2011. Les Émirats, pionniers des Accords d’Abraham, ont déjà débloqué 3 milliards de dollars d’aide humanitaire syrienne en 2025, conditionnée à des réformes démocratiques. De son côté, Trump, revenu au pouvoir en janvier 2025, voit en al-Chareh un atout : un leader charismatique, passé du jihad au pragmatisme, qui pourrait neutraliser l’axe Iran-Hezbollah en canalisant les frustrations syriennes vers la reconstruction plutôt que la confrontation. Les discussions incluront aussi la lutte contre le trafic d’armes, avec la Syrie servant de plaque tournante pour 40 % des saisies en Méditerranée orientale.

Pour les Syriens ordinaires, ce voyage symbolise un espoir tangible. À Damas, où l’électricité ne dépasse pas quatre heures par jour et où l’inflation galope à 200 %, al-Chareh incarne la rupture avec l’ère Assad, marquée par 600 000 morts et une économie en lambeaux. Sa coalition, forgée dans les ruines d’Idlib, promet des élections en 2026 et une commission vérité pour les crimes du régime. À Washington, il portera ces ambitions, mais aussi des demandes concrètes : réintégration à SWIFT pour les banques, et fin des gels d’avoirs qui bloquent les investissements étrangers, estimés à 400 milliards de dollars nécessaires pour rebâtir.

Ce tête-à-tête pourrait catalyser une ère nouvelle, où la Syrie passe du chaos à la stabilité, favorisant un cercle vertueux régional. Israël, vigilant, surveille ces pas : un retrait du Golan conditionné à des garanties zéro-terrorisme serait un gain stratégique, renforçant les Accords d’Abraham comme bouclier collectif.

Cette visite historique souligne la vision audacieuse d’Israël comme pivot de paix. En négociant avec une Syrie naissante, Tel-Aviv démontre que la sécurité n’exclut pas le dialogue, protégeant ses frontières tout en ouvrant des horizons partagés. Face à des voisins en mutation, l’État hébreu reste le garant d’une stabilité durable, où la prospérité succède aux ombres du passé – un legs précieux pour un Moyen-Orient en quête d’équilibre.

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