Steve Bannon; l’Europe face au risque de guerre civile.

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Steve Bannon : «Il est temps que le Vieux Continent se réveille»

Stratège du mouvement Maga, Steve Bannon livre au JDD une analyse sans concession de la situation en France et sur le Vieux Continent. Crise institutionnelle, finances publiques, immigration, Union européenne : pour lui, Paris s’approche du point de rupture.

Ancien officier de marine, passé par la finance puis par Hollywood avant de devenir l’architecte de la victoire de Trump en 2016, Steve Bannon raisonne en termes de rapports de force et de ruptures civilisationnelles. Convaincu que l’Occident traverse une phase de délitement désastreuse, ce familier de la France, qu’il dit aimer profondément, observe le Vieux Continent avec une inquiétude mêlée de nostalgie, persuadé que les nations n’ont pas disparu mais qu’elles sont en sommeil.

Le JDD. Quand Donald Trump évoque un possible « effacement de la civilisation européenne », à quoi fait-il référence ?

Steve Bannon. Vos lecteurs devraient prendre très au sérieux le document de stratégie nationale américaine. Il ne fait que 33 pages : cette brièveté est une obligation légale. Chaque année, l’administration doit publier sa doctrine géopolitique, puis, quatre semaines plus tard, le Pentagone élabore un plan d’action militaire fondé sur cette stratégie.

Ce qui m’a le plus frappé, c’est que l’Europe y soit reléguée à la page 29. Je le répète souvent à mes amis européens : il est temps que le Vieux Continent se réveille. Même moi, j’ai été choqué. Nous partageons une civilisation judéo-chrétienne commune, et pourtant l’Europe apparaît désormais comme secondaire dans la hiérarchie stratégique américaine.

Parlez-vous d’un simple déclassement géopolitique ou d’un véritable risque d’effondrement ?

Dans vingt ou trente ans, nous ne saurons peut-être même plus qui gouvernera certains pays européens. C’est un point que le mouvement Maga observe de très près, notamment dans mon émission « The War Room ». On parle constamment des difficultés de la France ou de l’Angleterre à financer leurs obligations à trente ans, précisément parce que personne ne sait qui sera au pouvoir à cet horizon ! Que cette idée figure noir sur blanc dans un document stratégique officiel est stupéfiant. Lorsqu’on affirme : « Nous rechercherons une résistance face à l’effondrement civilisationnel de ces pays et nous collaborerons avec cette résistance », c’est inédit dans l’histoire américaine. C’est d’une radicalité bouleversante. Nous savons ce que nous devons à la France. Sans son financement, sans son armée, sans Rochambeau, de Grasse ou La Fayette, nous n’aurions pas obtenu notre indépendance. Les Américains ressentent une véritable affinité avec la France, alors que nous approchons du 250e anniversaire de la naissance de notre nation. Et pourtant, nous sommes submergés par ces récits, dans les journaux, d’une mainmise islamique sur la France, sans réaction à la hauteur, malgré les discours prétendument rassurants de vos autorités.

Comment regardez-vous la situation politique actuelle en France, et le rôle qu’y joue Emmanuel Macron ?

Vous êtes en pleine crise. La Ve République pourrait s’effondrer du jour au lendemain. Vous avez un problème colossal de finances publiques, et pendant ce temps-là, Emmanuel Macron se prend pour de Gaulle ou Napoléon. Je ne comprends pas à quoi joue votre président alors que la France affronte des difficultés énormes. Ces problèmes structurels sont pourtant solubles. Mais il faut quelqu’un qui ait le courage de s’y attaquer.

Vous dressez un tableau extrêmement sombre. Êtes-vous pessimiste ou simplement réaliste ?

Je pense être lucide. La France, comme la Grande-Bretagne, se dirige vers une situation de guerre civile. Cela ne fait aucun doute à mes yeux. Et je ne me suis jamais trompé sur l’Europe. Aujourd’hui, Emmanuel Macron est incapable de mettre en place un gouvernement qui tienne, alors même que les Français traversent une crise financière majeure. Les mondialistes ont déjà tenté de faire porter l’effort sur les travailleurs. Le peuple a dit non. Mais aucune solution crédible n’a émergé. Macron va continuer à changer de gouvernement jusqu’à l’effondrement de la Ve République. Et là, vous aurez un problème systémique. Vous allez rencontrer de grandes difficultés pour vendre votre dette. Il peut arriver à Macron la même chose qu’à l’ancienne Première ministre britannique Liz Truss. Il ne faut jamais l’oublier : le marché obligataire a fait tomber plus de gouvernements que les obusiers. Aujourd’hui, le message envoyé est clair : il n’y a pas de plan, il n’y a pas d’adultes aux commandes. Et la question migratoire que vous vivez est inextricablement liée à cette crise financière. On ne peut pas maintenir un État-providence tout en ouvrant le pays sans limites. C’est une contradiction fondamentale. Ce modèle est voué à l’échec.

Pensez-vous que la France pourrait avoir un président islamiste dans cinquante ans ?

Non. Je pense que vous serez en pleine guerre civile bien avant que cela n’arrive. Je l’avais déjà dit au moment des Gilets jaunes. Si vous regardez l’histoire, notamment celle de la France rurale, les hommes qui ont fourni l’armée de Napoléon étaient des patriotes robustes. Les Français ne sont pas prêts à se laisser faire sans combattre. Les mentalités sont peut-être différentes dans les grandes villes, mais il y aura une guerre civile en France avant que vous ayez un président islamiste. Et il ne faudra pas perdre cette guerre.

Les Américains interviendraient-ils si une telle guerre éclatait ?

Je pense que l’Occident chrétien aura son mot à dire.

La France a-t-elle besoin, selon vous, d’un nationalisme assumé pour se redresser ?

Il faut revenir aux racines du nationalisme français. Je connais bien la France : les Français aiment profondément leur pays. Mais depuis vingt ou trente ans, beaucoup ont le sentiment qu’il ne leur appartient plus. Tout ce qu’ils aimaient, tout ce qu’ils ont appris de leur histoire, tout ce que leurs parents et grands-parents leur ont transmis disparaît. Ils ont le sentiment que la France devient chaque jour moins française. La seule manière d’inverser cette trajectoire est de trouver un nationaliste convaincu qui place la France et les citoyens français au premier plan. Et ce sera difficile, car de nombreux intérêts particuliers profitent de la déchéance de la France moderne. Le redressement américain a été très dur, et nous sommes loin d’en avoir terminé.

Quel type de dirigeant serait capable d’imposer les réformes nécessaires ?

Il faudra un dirigeant ferme, quelqu’un qui ne craint pas de dire que ces réformes exigent du courage. Si la France faisait faillite, ce ne serait pas à cause des efforts des Français, mais à cause d’un système qui permet à des migrants d’arriver et de bénéficier immédiatement des aides sociales, sans être des membres productifs de la société. Vous êtes pris dans un piège : si vous augmentez les impôts, vous perdez vos contribuables les plus fortunés. Vos jeunes entrepreneurs les plus dynamiques iront à Londres ou à New York. C’est un cercle vicieux. Dans une telle situation, il faut un homme fort. Il faut quelqu’un qui comprenne la culture du pays, les citoyens, et qui soit prêt à aller jusqu’au bout, même quand les décisions sont difficiles.

« Ce que vous laissez à vos enfants est profondément inquiétant »

Quelqu’un comme Karol Nawrocki, le nouveau président polonais : un dur à cuire, qui n’a pas peur. Si la France avait un candidat du calibre de Donald Trump, il gagnerait largement. Et très franchement, je soutiens pleinement Marine Le Pen si la justice lui donne la possibilité de se présenter. Malgré ses imperfections, je pense qu’elle reste la meilleure option.

Marine Le Pen n’est-elle pas trop à gauche économiquement pour vous ?

Dans la situation actuelle de la France, il est très difficile d’être un républicain reaganien au sens classique. Vous n’êtes pas un pays d’économie de l’offre. Vous pourrez peut-être y parvenir un jour, mais pour l’instant, il faut d’abord stabiliser la situation. Cela passe nécessairement par une réduction des dépenses publiques.

L’Allemagne, qui a beaucoup critiqué les propos de Trump sur l’Europe, suit-elle la même trajectoire ?

Je ne pense pas que l’Allemagne soit au bord d’une guerre civile. En revanche, elle traverse une crise financière majeure. Ses élites ont désindustrialisé le pays au nom d’un culte absurde du zéro carbone. Elle est aussi confrontée à un problème migratoire massif. La pression sur les ressources publiques devient critique. C’est une menace sécuritaire et culturelle. En France, le problème est encore plus profond : les élites culturelles refusent d’affronter ces questions. Elles préfèrent détourner le regard. Ce que vous laissez à vos enfants est profondément inquiétant.

La France peut-elle se redresser sans rompre avec l’Union européenne ?

La France et l’Allemagne ont tout financé depuis le début. Le système a été conçu pour éviter une nouvelle guerre continentale. Jean Monnet et ses alliés savaient que les contribuables français et allemands paieraient l’addition. C’était une manière d’acheter la paix. C’était absurde. À mes yeux, la France a besoin d’un Frexit. Une sortie de l’Union européenne retarderait même le risque de guerre civile. D’ailleurs, beaucoup d’islamistes voteraient contre un Frexit, contre une France redevenue indépendante et capable de renvoyer une partie importante des immigrés dans leurs pays d’origine.

Que ressentez-vous aujourd’hui en la regardant, parfois même d’une fenêtre de taxi ?

Ça me brise le cœur. J’ai vécu entre Londres et Paris pendant plus d’un an. Je suis tombé amoureux de la France et des Français. Je passais mes week-ends sur les champs de bataille de la Première Guerre mondiale, de la Somme à Verdun. Cette France des petits villages me rappelait l’Amérique rurale : des gens solides, qui veulent simplement vivre dignement et protéger leurs enfants. Aux États-Unis, il existe pourtant un large consensus parmi ceux qui voyagent : Paris est de loin la plus belle ville du monde à Noël. Les illuminations, l’atmosphère… C’est une véritable ville de Noël. Mais aujourd’hui, quand je parle aux gens, beaucoup ont peur d’y aller. Ils entendent parler des agressions au couteau, des attaques, et cela les traumatise. Ils ont peur des marchés de Noël. Et ce n’est que le début. Ce climat peut déclencher une spirale très dangereuse. Rien n’est inexorable. Aux États-Unis, nous étions dans une situation comparable en 2014 et 2015. Le déclin était orchestré. La France est aujourd’hui dans la même situation. Les mondialistes organisent cette déchéance contrôlée, tout en s’enrichissant au passage. Mais ce n’est pas une fatalité. Vous avez le pouvoir d’agir. Et quand vous reprendrez le contrôle, il faudra agir avec force, avec des dirigeants coriaces, intelligents et déterminés.

Le JDD

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