L’Égypte, acteur clé du maintien de la paix à Gaza sous conditions israéliennes
Un rôle pivot pour l’Égypte
Dans un contexte de tensions persistantes au Moyen-Orient, l’Égypte pourrait jouer un rôle majeur dans le maintien de la paix à Gaza, à condition qu’Israël accepte une administration civile de l’enclave par l’Autorité palestinienne (AP). C’est ce qu’a affirmé Amira Oron, ancienne ambassadrice israélienne en Égypte, lors d’une interview accordée au Jerusalem Post.
Présente à une conférence organisée par la Coalition pour la sécurité régionale, Oron a souligné l’importance d’un engagement égyptien renforcé, tout en suggérant que la Jordanie pourrait également contribuer en formant les forces de l’AP afin de contrer l’influence du Hamas. Cette approche s’inscrit dans une vision plus large visant à stabiliser la région et à construire une nouvelle architecture sécuritaire impliquant les pays arabes.
Une coopération régionale pour contrer le Hamas
Un récent sondage mené par la Coalition révèle que 72,5 % des Israéliens soutiennent une initiative régionale dirigée par les États-Unis. Celle-ci inclut le retour des otages israéliens, la normalisation des relations avec l’Arabie saoudite, la séparation israélo-palestinienne et une alliance sécuritaire entre Israël et plusieurs États sunnites contre l’Iran. Toutefois, alors que Washington envisage un exode temporaire des habitants de Gaza durant la reconstruction, cette proposition rencontre une vive opposition de la part des Palestiniens et de leurs alliés régionaux.
Oron a mis en avant l’expérience de l’Égypte en matière de maintien de la paix, citant son engagement en Afrique, notamment au Mali. Elle a également souligné la supériorité militaire égyptienne par rapport à d’autres acteurs potentiels tels que les Émirats arabes unis, ces derniers étant avant tout une puissance économique plutôt qu’une force militaire aguerrie.
Le précédent jordanien et les leçons du passé
La Jordanie pourrait, de son côté, apporter son expertise en matière de formation des forces de l’AP, comme cela a été fait entre 2005 et 2010 sous la supervision du général américain Keith Dayton. Durant cette période, les forces de l’AP ont enregistré certains succès dans leur lutte contre le Hamas en Cisjordanie, en étroite coopération avec Israël. Cependant, cette dynamique s’est effondrée après 2013 avec l’éviction du Premier ministre réformiste Salam Fayyad et l’échec des négociations israélo-palestiniennes, entraînant une nouvelle flambée de violences en 2014.
Oron estime que cette expérience pourrait être reproduite à Gaza, permettant ainsi aux forces de l’AP de renforcer leur autorité sur le territoire et d’affaiblir le Hamas tant sur le plan militaire que politique.
Un réalignement des influences au sein du monde arabe
L’ancien diplomate israélien considère également qu’une implication accrue de l’Égypte à Gaza pourrait contribuer à réduire l’influence du Qatar et de la Turquie sur les Palestiniens. Le Caire, qui a historiquement entretenu des relations tendues avec ces deux pays en raison de divergences idéologiques, pourrait favoriser une approche plus pragmatique et moins influencée par l’idéologie des Frères musulmans.
Par ailleurs, Oron insiste sur la nécessité pour Israël de ne pas affaiblir davantage l’AP, estimant que son affaiblissement ne fait que renforcer le Hamas. Elle plaide pour une approche où l’AP reprendrait progressivement le contrôle de Gaza, mettant ainsi fin à la prolifération des milices armées, une idée difficilement acceptable pour l’Égypte qui prône un État centralisé et structuré.
L’avenir de Gaza : entre reconstruction et gouvernance
La question de la reconstruction de Gaza est un défi majeur. Les avis divergent quant au temps nécessaire pour réhabiliter l’enclave. Certains estiment qu’un plan de cinq ans pourrait être efficace, tandis que d’autres tablent sur une période plus longue, entre 10 et 15 ans, en fonction des financements internationaux. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis pourraient jouer un rôle déterminant dans cet effort.
Oron souligne également que l’AP pourrait être un acteur clé dans cette reconstruction, rappelant que Gaza fait théoriquement partie de son territoire selon les accords d’Oslo. De plus, une reconnaissance accrue de l’AP sur la scène internationale faciliterait les négociations avec les pays arabes.
Une vision régionale pour un avenir plus stable
Dans cette perspective, l’intégration d’Israël dans une dynamique régionale plus large apparaît essentielle. Oron estime que la coopération avec les pays voisins améliorerait non seulement la sécurité, mais également l’économie israélienne. Elle insiste sur la nécessité d’une approche progressive, permettant à l’AP de démontrer sa capacité à gouverner efficacement, en fournissant des services essentiels tels que l’éducation, l’eau et l’alimentation.
L’Égypte et la Jordanie se positionnent aujourd’hui comme des acteurs majeurs pour le maintien de la paix à Gaza et l’exclusion du Hamas. Toutefois, il ne faut pas voir dans cette démarche une simple volonté humanitaire ou diplomatique. Il s’agit avant tout d’une réponse directe aux menaces formulées par Donald Trump concernant un éventuel déplacement des Gazaouis vers ces pays. Conscientes de cette pression, l’Égypte et la Jordanie semblent prêtes à tout pour éviter un afflux de réfugiés palestiniens sur leur territoire. Leur engagement à Gaza vise donc principalement à stabiliser la situation sur place et à empêcher tout scénario d’exode forcé. Ce positionnement illustre l’équilibre fragile des intérêts régionaux et la complexité du dossier gazaoui, où chaque décision est dictée autant par des considérations stratégiques que par des impératifs humanitaires.
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