Soldats de Tsahal; Morpheus vous surveille

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Soldats de Tsahal; Morpheus vous surveille

Avant le 7 octobre, beaucoup de soldats israéliens voyaient leurs comptes TikTok, Instagram ou Facebook comme de simples vitrines personnelles. Photos de groupe en uniforme, vidéos depuis une base, commentaires sur le quotidien militaire : autant de contenus qui paraissaient anodins. Or les enquêtes menées après l’attaque meurtrière du Hamas ont montré qu’une partie de ces traces numériques avait été patiemment exploitée par l’ennemi pour cartographier positions, routines et capacités de Tsahal.

Face à ce constat, l’armée israélienne a décidé de changer de paradigme. Elle s’apprête à déployer un nouveau système technologique, baptisé « Morpheus », qui utilise l’intelligence artificielle pour surveiller les comptes publics des soldats sur les réseaux sociaux. L’objectif est simple, mais ambitieux : empêcher qu’un simple cliché pris devant une barrière, un char ou un bâtiment ne se transforme en pièce d’un puzzle stratégique mis bout à bout par un service de renseignement hostile.

Concrètement, Morpheus scanne en continu les publications – textes, images et vidéos – des soldats d’active dont les profils sont ouverts au public. L’algorithme est entraîné à repérer la présence d’éléments sensibles : infrastructures militaires reconnaissables, équipements classifiés, configurations de postes d’observation, mais aussi indices sur les effectifs, les horaires ou les itinéraires. Lorsqu’un contenu est jugé problématique, il est automatiquement signalé à la branche de sécurité de l’information de Tsahal.

Le processus ne s’arrête pas là. Le soldat concerné reçoit un message automatique l’informant qu’il a enfreint les règles de sécurité et lui demandant de supprimer sa publication. Dans les cas les plus graves ou en cas de récidive, un officier de sécurité de l’information le contacte directement par téléphone pour vérifier que le contenu a bien été retiré et, si nécessaire, rappeler les consignes. L’idée est d’agir vite, avant que l’information ne soit massivement consultée, capturée ou archivée par des services ennemis.

Le système présente toutefois des limites voulues. Morpheus ne surveillera que les comptes publics : les profils configurés en mode privé resteront en dehors de son champ d’action. De même, il ne suivra pas les publications des réservistes, considérés comme des civils et protégés par un cadre juridique plus strict. Au total, environ 170 000 comptes publics de soldats d’active seraient concernés. Tsahal assume que ce dispositif frôle la ligne rouge en matière de vie privée, mais soutient qu’il reste circonscrit et proportionné à la gravité de la menace.

Avant son déploiement complet, un pilote a été mené durant quatre mois sur près de 45 000 soldats. Selon des sources militaires, l’IA a déjà identifié des milliers de cas où des informations sensibles avaient été partagées, parfois sans que l’auteur n’en ait conscience : une photo de groupe qui révèle l’emplacement d’une base, un plan de garde mentionné dans une story, un selfie dans un poste d’observation montrant l’angle de tir d’une arme. À chaque fois, les soldats ont été contactés et invités à supprimer le contenu.

En parallèle, les investigations sur le 7 octobre ont mis en évidence l’ampleur du travail clandestin du Hamas sur les réseaux sociaux. Pendant des années, les services du mouvement terroriste auraient suivi des dizaines de milliers de comptes de soldats israéliens, reconstituant ainsi l’architecture de bases, les habitudes des unités, voire le fonctionnement de certains blindés. Des modèles virtuels auraient été bâtis pour s’entraîner à pénétrer ces sites, comme dans un simulateur. Les réseaux sociaux ne sont plus seulement un terrain de propagande : ils sont devenus une source précieuse de renseignement opérationnel.

Dans ce contexte, Morpheus apparaît comme le prolongement technologique d’un effort plus large : réapprendre aux soldats à se taire à l’ère des smartphones. L’armée multiplie déjà les rappels à l’ordre, les formations sur la sécurité numérique et les campagnes visant à expliquer qu’une « story » éphémère peut laisser des traces durables dans les serveurs d’un service de renseignement étranger. L’IA ne remplace pas la discipline, mais cherche à combler, en temps réel, les angles morts humains.

Reste une question de fond : jusqu’où une armée démocratique peut-elle aller pour contrôler la vie numérique de ses soldats ? Tsahal admet que Morpheus est un outil intrusif, mais estime que, tant que les comptes privés et les civils restent hors champ, l’équilibre entre sécurité nationale et droits individuels est préservé. À terme, c’est sur un critère très concret que le système sera jugé : sa capacité à empêcher que la prochaine offensive surprise ne soit encore préparée à partir de quelques likes, stories et selfies postés, sans y penser, par des jeunes en uniforme.

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