A Las Vegas, Nevada,
Deux semaines après le début du « shutdown », des milliers d’agents de la Transportation Security Administration (TSA) continuent de travailler sans être payés. En Arizona, Juan Casarez, président de la section locale de Phoenix de l’American Federation of Government Employees (AFGE), décrit l’incertitude croissante parmi le personnel, le manque de communication claire de l’administration de Donald Trump et les élans de solidarité qui s’organisent dans l’Etat.
Quels sont les principaux sujets d’inquiétude que les agents de la TSA partagent avec vous depuis le début du shutdown ?
La première préoccupation, c’est le salaire. Beaucoup de nos agents demandent : « Est-ce qu’on va être payés ? » Certains ont été embauchés il y a trois ou quatre ans et n’ont jamais vécu de « shutdown », donc ils ne savent pas vraiment à quoi s’attendre. Sous l’administration Biden, une loi avait été signée pour garantir la paie des employés essentiels, mais visiblement, elle n’est pas appliquée cette fois. Personne ne peut nous dire pourquoi. Nous sommes en contact permanent avec le siège national, nous avons des réunions chaque semaine, mais il n’y a toujours aucune information. J’ai contacté des sénateurs et des membres du Congrès : tous disent la même chose, ils ne savent pas combien de temps cela va durer.
Au-delà des salaires, les employés s’interrogent-ils sur leur avenir au sein de l’agence ?
Pour l’instant, pas vraiment. Nous n’en sommes qu’au début – ce n’est que la deuxième semaine –, donc la plupart essaient de tenir et d’attendre. Je n’ai encore entendu personne dire qu’il comptait partir, mais si le « shutdown » se prolonge, ces discussions vont sans doute commencer. La frustration grandit de jour en jour, surtout chez ceux qui ont des factures à payer et une famille à nourrir.
Les agents de la TSA continuent-ils à travailler dans les aéroports d’Arizona et d’ailleurs ?
Tout à fait. Les employés essentiels restent en poste aux points de contrôle de sécurité. Ils continuent de faire leur travail, même s’ils ne sont pas rémunérés. Seuls les personnels non essentiels – comme les ressources humaines et les départements administratifs – ont été mis en congé forcé. En Arizona, les opérations se déroulent normalement. J’ai entendu parler de quelques petits incidents à Las Vegas et à Burbank, en Californie, mais ils concernaient les contrôleurs aériens, pas les agents de la TSA.
Quel type de soutien le syndicat peut-il offrir dans une telle situation ?
Nous faisons ce que nous pouvons. Nous rappelons sans cesse à nos membres de rester professionnels, de venir travailler s’ils ne sont pas malades. En parallèle, nous essayons d’apporter un soutien concret. Nous distribuons des bons pour le déjeuner et nous nous organisons avec d’autres sections locales – notamment à Tucson et dans le comté de Pima (Phoenix) – pour fournir des cartes essence afin que les agents puissent se rendre au travail. Nous contactons aussi des associations locales susceptibles de donner de la nourriture ou d’autres formes d’aide. Ce n’est pas de la charité, c’est de la solidarité entre travailleurs et voisins qui comprennent ce que vivent ces agents.
Vous avez connu plusieurs « shutdowns » au cours de votre carrière. Comment celui-ci se compare-t-il aux précédents ?
Le plus dur, c’était celui de 35 jours sous l’administration Trump en 2018. C’était brutal : des gens comptaient littéralement leurs pièces à la maison. Certaines banques proposaient des prêts à court terme et les communautés locales se mobilisaient, mais c’était quand même très difficile. Nous avons tenu bon, mais cela a laissé des traces. Aujourd’hui, on a l’impression de revivre la même chose : on fait un travail essentiel, on assure la sécurité dans les aéroports, mais sans garantie sur la date du prochain salaire. Tout le monde est dans le flou, suspendu aux décisions de Washington.
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Voyez-vous des raisons d’être optimiste ?
Honnêtement, pas encore. Nous attendons toujours un signal clair du Congrès ou de l’administration. La seule chose positive, c’est l’unité entre les employés de la TSA. Ils continuent de venir travailler, de faire leur devoir, même sous pression. C’est quelque chose que le grand public ne voit pas toujours : le niveau de dévouement qu’il faut pour maintenir les aéroports en fonctionnement dans des moments comme celui-ci.
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