La nomination de Sébastien Lecornu à Matignon a provoqué, mardi, une avalanche de réactions dans la classe politique. Entre critiques virulentes de la gauche, prudence de la droite et satisfaction des proches du président, l’ex-ministre des Armées suscite déjà de fortes divisions.
Le nouveau Premier ministre a choisi le réseau social X (ex-Twitter) pour s’exprimer après sa nomination. Il évoque les directives du président, « la défense de [notre] indépendance et de [notre] puissance, le service des Français et la stabilité politique et institutionnelle » et salue son prédécesseur François Bayrou « pour le courage dont il a fait preuve en défendant ses convictions jusqu’au bout. »
Une gauche unie contre Macron et Lecornu
La France insoumise (LFI) a dénoncé d’une même voix un « passage en force » d’Emmanuel Macron. Le compte officiel de LFI à l’Assemblée a parlé de Lecornu comme de « l’agent de liaison de Macron avec le RN », accusant le président d’avancer main dans la main avec l’extrême droite.
Jean-Luc Mélenchon a fustigé sur X « une triste comédie de mépris du Parlement » et répété que « seul le départ » du président lui-même pouvait mettre fin à la crise politique. Dans la même veine, la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale Mathilde Panot a qualifié la nomination de « provocation », rappelant que Lecornu « face aux Gilets jaunes ou aux Guadeloupéens en lutte pour l’eau n’a répondu que par la répression ». Elle a appelé à une mobilisation massive mercredi lors du mouvement social « Bloquons tout ».
« Non-respect total des Français »
Pour le député LFI de Marseille, Manuel Bompard, la décision d’Emmanuel Macron illustre « le mépris » et « le déni de démocratie » du président. Il appelle à la fois à la manifestation dans la rue et au vote d’une motion de destitution à l’Assemblée nationale. Louis Boyard a de son côté dénoncé le choix du président. « La jeunesse demandait l’écologie, la paix, l’égalité, l’éducation, la justice. Macron leur a donné un ministre de la guerre », en référence au portefeuille de Lecornu aux Armées.
Les écologistes se sont joints à ces critiques : Marine Tondelier, sur BFMTV, a parlé de « provocation » et de « non-respect total des Français », estimant que « tout ça va mal se terminer ».
« On ne change pas une équipe qui perd »
De son côté, Marine Le Pen raille un président « bunkerisé avec son petit carré de fidèles » qui « tire la dernière cartouche du macronisme ». Elle assure qu’après de probables législatives anticipées, Jordan Bardella (le président du Rassemblement national) prendrait la tête du gouvernement. Ce dernier a réagi plus prudemment, jugeant que « ce n’est pas une question de personne, mais de politique menée » et promettant de juger Lecornu « sur pièces, à ses actes, à ses orientations ». « On ne change pas une équipe qui perd. Comment un fidèle du Président pourrait-il rompre avec la politique qu’il conduit depuis huit ans ? » a-t-il écrit sur X.
Pour le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, « on prend les mêmes et on recommence » évoquant le « mépris pour le peuple français. »
« Trouver des accords »
Dans le camp présidentiel et ses alliés, le ton est différent. Le maire de Vernon (dont le nouveau Premier ministre a été maire à l’âge de 27 ans), François Ouzilleau, ami de longue date, a salué sa nomination et lui a adressé ses « encouragements pour relever ce défi ». « Fier de voir mon ami de 20 ans, Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre », a-t-il déclaré.
Sur TF1, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a déclaré que le nouveau Premier ministre avait « les qualités » pour « discuter et trouver un accord » avec les autres partis.
Côté Les Républicains, Bruno Retailleau, chef du parti et ministre de l’Intérieur sortant, a dit vouloir « trouver des accords » pour bâtir une « majorité nationale », « se félicitant » au passage qu’aucun socialiste n’ait été nommé à Matignon.
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