Qui tire les ficelles : l’antisémite Hakan Fidan, Ministre des Affaires étrangères, ancien Chef du MIT
Soutenant le nouveau régime syrien, prenant pied dans les discussions sur Gaza et nourrissant une ambition impérialiste de supplanter l’Iran comme puissance régionale, la Turquie a mené ces dernières années une politique étrangère de plus en plus agressive dans un contexte de mutations au Moyen-Orient.
Son bras droit et successeur présumé :
Le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan, la mène et défend sa ligne anti-israélienne.
Contrairement à son homologue israélien, le ministère turc des Affaires étrangères est un ministère fort et actif, qui cherche de plus en plus à étendre son influence dans le monde. Il s’agit du deuxième lieu le plus important du pays, après le palais présidentiel d’Ankara. Le président Recep Tayyip Erdogan et le ministre des Affaires étrangères Hakan Fidan travaillent ensemble depuis de nombreuses années, depuis l’époque où ce dernier dirigeait les services de renseignement turcs, entre 2010 et 2023.
Fidan aspirait à un poste civil en 2013 et a tenté sa chance dans deux ministères, mais Erdogan l’a rejeté, l’a réintégré à la tête des services de renseignement turcs et lui a promis que « le moment viendra où il sera nommé à un poste important ». Et il a effectivement tenu sa promesse il y a deux ans.
« L’architecte des dossiers secrets »
« L’ombre d’Erdogan. » L’héritier présomptif aux côtés du président turc( Photo : Yiannis Kourtoglou, Reuters )
On dit de lui qu’il est « l’ombre d’Erdogan », ou plutôt « l’architecte des dossiers secrets », qu’il détient également des informations sensibles sur son président, datant de son passage dans les services de renseignement. On dit aussi que sa vision d’Israël est encore plus extrême qu’Erdogan, qui « peut surprendre à tout moment s’il décide d’opérer un changement ». Fidan, quant à lui, est inflexible dans ses opinions, affirmant qu’Israël doit disparaître, comme il l’a déclaré dans un discours public il y a quelques jours.
Fidan est un membre de longue date du Parti de la justice et du développement d’Erdogan. Il insiste sur le fait que la répartition des pouvoirs entre les deux partis est « claire et explicite ». Erdogan, 71 ans, forme et instruit Fidan, 53 ans, sachant qu’il pourrait bien être celui qui lui succédera et s’installera dans le palais présidentiel de 1 000 chambres à Ankara. Pour l’instant, Fidan n’outrepasse pas les domaines et les pouvoirs qui lui ont été attribués.
Savoir rester le Bras droit pour mieux devenir le N° 1
Il est évident que Fidan ne possède pas le charisme d’Erdogan. À chacune de ses apparitions publiques, il ne manquera pas de flatter le président et de lui témoigner une loyauté totale. Il ne dévoilera aucun de ses projets d’avenir. De hauts responsables du gouvernement turc, voire des citoyens ordinaires, diront que Fidan est le bras droit actif du président et que sa place au sommet est assurée après Erdogan.
Le véritable marionnettiste du Hamas
Dans ses bureaux d’Ankara, il reçoit souvent la direction du Hamas. Khalil al-Hayya, qui fait une brève visite du Qatar ou visite les capitales arabes, ne manque pas de venir dans ses bureaux et d’être reçu avec les honneurs royaux. Ici, il sait que sa vie est en sécurité : Israël ne cherchera pas à « faire preuve d’ingérence » sur le territoire turc et n’enverra pas d’escadrons de la mort (les Kidonim).
Fidan lors d’une réunion avec des responsables du Hamas. Reçus avec les honneurs royaux à Ankara.
Le Dr Hai Eitan Janrozek, spécialiste de la Turquie et natif de la région, définit Fidan comme « un facteur problématique pour Israël, notamment pour le rétablissement des relations ». Tant qu’Erdogan sera au pouvoir, selon Janrozek, il n’y aura aucune chance d’améliorer les relations. Si Fidan arrive au pouvoir, la situation ne sera pas moins difficile. La Turquie attendra qu’Israël cède la première, mais il ne semble pas que Bennett, Eizenkot Lapid ou quiconque sera élu, et encore moins Netanyahou, puisse ouvrir une fenêtre à la Turquie.
L’avion présidentiel israélien ne traverse pas le Ciel Turc
Le président Herzog a récemment été contraint d’emprunter un long trajet aérien pour se rendre en Europe du Nord. Les consignes de sécurité stipulaient clairement de ne pas prendre de risque et de ne pas survoler le ciel turc. « Nous ne sommes pas les bienvenus là-bas », déclare le Dr Janrozek. « La question est de savoir jusqu’où nous sommes prêts à aller pour initier un renouveau des relations avec la Turquie. Ce ne sera pas Erdogan, et certainement pas Fidan. »
Fidan est très actif dans le monde arabe. Il a récemment rendu visite au président al-Sissi au Caire, après une longue période de rupture des relations. Si Erdogan a pris ses distances, Fidan tente de renforcer les liens – et ses yeux sont désormais tournés vers Gaza.
Etendre le protectorat turc sur la Syrie islamiste et anti-Kurde
Fidan s’est également rendu à Damas pour des entretiens avec son protégé, le président Ahmed al-Shara. La Turquie examine de près la profondeur des contacts entre la Syrie et Israël , en particulier après la rencontre de Ron Dermer avec le ministre syrien des Affaires étrangères à Paris , et avant une autre rencontre entre les deux.
Ici à Damas, Fidan joue un double rôle : ancien chef des services de renseignement et ministre des Affaires étrangères. Il connaît bien le président al-Sharaa. Il doit convaincre les nouveaux dirigeants de Damas de ne pas trop se rapprocher du gouvernement Netanyahou. Après tout, la Turquie est le premier allié de la Syrie. Elle ne cache plus son désir de remplacer l’Iran évincé.
Désarmer les Kurdes est la priorité d’Hakan Fidan
De plus, la Turquie souhaite freiner le rapprochement entre le régime de Damas et les Kurdes du nord du pays. Une fois que les Kurdes auront exprimé leur accord pour remettre les armes (ce qui n’est pas encore le cas), la Turquie rappellera au président, aux chefs des services de renseignement et aux ministres de l’Intérieur et des Affaires étrangères la profondeur de l’inimitié entre le régime d’Erdogan et les Kurdes.
Il a donné au président al-Shara l’engagement sans équivoque que « la Turquie ne permettra pas à Israël d’opérer en Syrie, pour le meilleur ou pour le pire ». En fin de compte, a expliqué Fidan au président syrien, Israël cherche à saper la stabilité du pays, afin qu’il soit déchiré et divisé de l’intérieur en trois à cinq entités gouvernantes : les sunnites, les kurdes et les druzes. Fidan explique qu’Israël, et en particulier le gouvernement Netanyahou, est un « État rusé ».
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