Outre-Manche, le gouvernement de Keir Starmer a décidé de durcir sa politique migratoire. Arrivé au pouvoir en juillet 2024, il est sous pression quasi quotidienne pour freiner les arrivées de migrants et restreindre leurs droits. Cela se ressent notamment dans les sondages depuis plusieurs mois, il est en effet largement devancé par le parti Reform de Nigel Farage, qui a fait de la question des migrants son sujet principal.
Pour tenter de contrer cette montée de l’extrême droite, le gouvernement britannique a donc annoncé samedi soir son choix de prendre des mesures « historiques » pour limiter les arrivées de migrants au Royaume-Uni.
Des mesures pour limiter le séjour des réfugiés
« Ce pays a une fière tradition d’accueil des personnes fuyant le danger, mais notre générosité attire les migrants illégaux à travers la Manche », a déclaré la ministre de l’Intérieur Shabana Mahmood. Deux mesures phares ont été annoncées par des communiqués du ministère de Shabana Mahmood, en attendant la présentation de son plan détaillé prévue devant le Parlement lundi.
Le gouvernement va d’abord réduire la protection accordée aux réfugiés, qui seront « forcés de rentrer dans leur pays d’origine dès qu’il sera jugé sûr ». « Un « billet en or » a fait grimper les demandes d’asile au Royaume-Uni, poussant les gens à traverser l’Europe, via des pays sûrs, pour monter à bord d’embarcations de fortune », a indiqué la ministre. « Je vais mettre fin à ce ticket en or ».
« Grâce à des conditions bien plus généreuses au Royaume-Uni », les réfugiés peuvent actuellement demander à s’installer définitivement, sans frais, après cinq ans au Royaume-Uni, « sans avoir contribué » au pays, a souligné son ministère. Le nouveau système réduira la durée de leur séjour de cinq ans à trente mois, et multipliera par quatre, de cinq à vingt ans, le délai nécessaire pour demander à devenir résident permanent, a-t-il précisé. Et les réfugiés qui souhaitent devenir résidents permanents plus vite « devront travailler ou étudier ».
Vaste manifestation de l’extrême droite
L’autre mesure phare est la suppression de l’accès automatique aux aides sociales – logement, allocations financières – pour les demandeurs d’asile. Le gouvernement veut supprimer ces aides « pour ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins, mais choisissent de ne pas le faire, ou pour ceux qui enfreignent la loi ».
Cet été, de nombreuses manifestations ont eu lieu devant des hôtels hébergeant des demandeurs d’asile et une manifestation organisée par l’extrême droite à Londres mi-septembre a réuni jusqu’à 150.000 personnes selon la police. Dans ce contexte, le gouvernement travailliste a promis de faire baisser le nombre de migrants qui traversent la Manche à bord d’embarcations de fortune. Sans succès pour l’instant.
Notre dossier sur le Royaume-Uni
Depuis le 1er janvier, 39.292 personnes ont débarqué sur les côtes anglaises à l’issue de cette périlleuse traversée, un chiffre qui dépasse le total de l’année 2024 (36.816). Par ailleurs, les demandes d’asile ont augmenté de 18 % en 2024 au Royaume-Uni, alors qu’elles baissaient de 13 % dans l’ensemble de l’Union européenne sur la même période, selon les chiffres du gouvernement. Plus de 400.000 demandes ont été enregistrées depuis 2021, contre 150.000 sur la période 2011-2015.
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