Trump: Robert Kennedy Jr, l’homme qui fait tanguer les laboratoires pharmaceutiques
Le futur secrétaire à la Santé du gouvernement Trump estime que les vaccins sont dangereux et veut plafonner le prix des médicaments coûteux. Il aura la tutelle des agences régulant la sécurité alimentaire et des produits de santé.
Par Solveig Godeluck
Mini-panique chez Big Pharma. Jeudi en fin de journée, le futur président des Etats-Unis Donald Trump a annoncé la nomination de son allié électoral Robert Kennedy Junior (RFK Jr) comme secrétaire à la Santé et aux Services Humains, autrement dit, ministre de la Santé. L’information avait fuité une demi-heure avant la clôture de la Bourse dans « Politico ». Ce choix avait été anticipé. Il a néanmoins provoqué une chute des cours des laboratoires pharmaceutiques cotés à New York.
« Pendant trop longtemps, les Américains ont été écrasés par le complexe agroalimentaire et les laboratoires pharmaceutiques qui se sont adonnés à la tromperie, la mésinformation et la désinformation en matière de santé publique », a justifié Donald Trump dans un communiqué.
Le futur secrétaire à la Santé aura pour mission de « mettre fin à l’épidémie de maladies chroniques » causée par « les polluants chimiques, les pesticides, les produits pharmaceutiques et les additifs alimentaires », a-t-il ajouté. Il aura la tutelle du Center for Disease Control, qui a géré la crise sanitaire, et de la Food and Drug Administration, qui délivre les autorisations de mise sur le marché et réglemente l’alimentation.
Jeudi, le titre Pfizer a terminé en baisse de 2,6 % et celui de Moderna, dont le modèle est entièrement dépendant des vaccins, en baisse de 5,6 %. Ces deux groupes ont été les pionniers des vaccins contre le Covid. Or RFK Jr estime que la vaccination n’est pas si sûre qu’on le dit, et veut utiliser les données des agences fédérales de santé publique pour le prouver. Après l’élection de Donald Trump, il a toutefois assuré qu’il « ne retirerait à personne ses vaccins ». Mais il suffit de relâcher l’attention sur la vaccination pour que l’immunité générale décline, et que des maladies mortelles comme la rougeole refassent surface.
Baisse des prix des médicaments coûteux
Par ailleurs, RFK Jr est partisan d’une forte baisse du prix des médicaments innovants et coûteux. En septembre, il a écrit dans une tribune au « Wall Street Journal » qu’il était favorable à un plafonnement du prix « afin que les laboratoires ne puissent faire payer substantiellement plus que ce que paient les Européens ». En Allemagne, la cure d’Ozempic contre le diabète coûte moins de 10 % de ce que paient les Américains, a-t-il argumenté.
Jeudi, le titre du groupe américain Eli Lilly, qui fabrique un médicament similaire aux vertus amaigrissantes, s’est affiché en baisse de 3,15 % à la Bourse de New York.
Cette volonté de faire baisser les prix signifie qu’il n’y aura pas de retour en arrière après le vote par l’administration Biden d’une loi (IRA) qui autorise le financeur public à négocier le prix de certains médicaments, comme cela se fait partout en Europe. Cette décision a été contestée en justice par les laboratoires, qui financent en grande partie leur innovation mondiale grâce aux profits juteux réalisés sur le marché américain.
Par ailleurs, le futur ministre de la Santé veut interdire la publicité pour les médicaments à la télévision. Il veut aussi réorienter le financement des National Health Institutes (qui ont joué un rôle important dans la mise au point des vaccins Covid) vers la prévention et l’étude des moyens non médicamenteux de rester en bonne santé.
Le virage populiste de RFK Jr
La nomination de RFK Jr risque également de semer la pagaille dans l’agroalimentaire. Il s’est donné pour objectif de lutter contre l’épidémie d’obésité. Elle est ravageuse aux Etats-Unis, où les industriels ont toute latitude pour sucrer et saler à l’extrême leurs produits, et où les enfants mangent souvent des aliments industriels emballés à la cantine. Le futur ministre a également l’intention de revoir les seuils autorisés de pesticides dans l’alimentation et les cosmétiques.
RFK Jr, qui concourait initialement comme candidat indépendant à la présidentielle, a expliqué qu’il avait présenté son programme à Kamala Harris, « qui n’a pas exprimé d’intérêt », contrairement à Donald Trump. Le neveu de JFK s’est retiré de la course en août pour soutenir ce dernier.
Le républicain veut laisser l’héritier Kennedy « se déchaîner » pour « rendre à l’Amérique sa grandeur et sa santé » (« Make America Great and Healthy Again »). Du fait de ce virage populiste, et d’une tendance à accorder foi aux théories du complot, RFK Jr s’est retrouvé mis au ban de sa famille, qui fait partie de l’aristocratie du parti démocrate.
Solveig Godeluck (Bureau de New York)
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