Rencontres à Bakou : A l’aube d’une nouvelle ère dans les relations israélo-syriennes

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Photo de Une : Associated Press / Matias Delacroix

L’opportunité stratégique au Moyen-Orient

Le sujet le moins abordé publiquement lors des rencontres entre Netanyahou et Trump à la Maison Blanche est celui des relations israélo-syriennes, qui pourraient servir de catalyseur à des avancées significatives dans le processus de paix régional. La question est de savoir s’il s’agit d’un changement radical ou d’un simple premier pas vers une normalisation des relations.

Cette semaine, le président américain Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou se sont rencontrés à la Maison Blanche. Selon diverses publications, ils ont abordé plusieurs sujets, notamment les derniers changements stratégiques et les développements au Moyen-Orient. Si les commentateurs ont mis l’accent sur le discours percutant sur la volonté américaine de voir la fin de la guerre à Gaza et le retour des 50 personnes enlevées, les journaux on t moins évoqué un autre sujet – à ce stade, peut-être à juste titre – : les relations israélo-syriennes. Ce sujet sensible recèle un potentiel initial de développements prodigieux au Moyen-Orient, avec la normalisation partielle des relations entre Israël et le nouveau régime syrien.

40 ans d’état de guerre le plus calme de la planète

Pourquoi cette rencontre est-elle décisive ? Israël et la Syrie ont toujours été définis comme des États ennemis, même si la frontière entre eux est restée calme pendant plus de quatre décennies – de la fin de la guerre du Kippour en 1973 jusqu’au début de la guerre civile syrienne en 2011. Durant toute cette période, le régime Alaouite a élevé de nombreux citoyens syriens, m’a-t-on dit, dans la haine de l’État d’Israël, et des générations de Syriens ont grandi sous l’influence du régime d’Assad, qui présentait Israël comme un ennemi redoutable.

Donald Trump lors de sa rencontre avec le président syrien Ahmed al-Sharaa en Arabie saoudite( Photo : Palais royal saoudien/AP )

Après la prise du pouvoir en Syrie par Ahmed al-Sha’ara (ou, selon son ancien nom, Abu Muhammad al-Julani) et ses hommes, les forces de Tsahal se sont emparées des zones orientales de la frontière israélo-syrienne, dans la zone démilitarisée, par crainte que les hommes d’al-Sha’ara, identifiés à des comportements islamistes radicaux, ne tentent d’avancer vers la frontière et ne mettent en danger la population du plateau du Golan. Parallèlement, Tsahal a attaqué des dizaines d’installations appartenant à l’ancienne armée syrienne et détruit des dispositifs stratégiques, de peur que ces armes ne tombent entre les mains des djihadistes.

Contacts pour éviter au conflit de dégénérer

Récemment, on rapporte que le gouvernement syrien avait transmis des messages secrets et publics indiquant qu’il n’était pas intéressé par un conflit avec Israël et cherchait à rétablir la situation telle qu’elle était avant la prise du pouvoir, c’est-à-dire un retrait israélien complet des territoires conquis dans la zone tampon et la cessation des opérations de Tsahal en territoire syrien. Parallèlement, des responsables américains ont déclaré que la Syrie adhérerait aux accords d’Abraham (déclarations que les responsables syriens ont partiellement démenties).

La normalisation des relations entre Israël et la Syrie, même si elle constitue un premier pas vers un retour à la situation antérieure, pourrait permettre au gouvernement syrien de présenter à l’opinion publique syrienne un acquis politique significatif. Cet acquis pourrait servir de base à de nouvelles mesures de confiance entre les deux pays.

Alors, pourquoi la question pourrait-elle prendre de l’ampleur ? Par exemple, Israël pourrait accepter de se retirer de la zone démilitarisée en échange de garanties de sécurité de la part de l’administration américaine (et non de l’ONU), ce qui lui permettrait d’agir en cas d’informations de renseignement faisant état d’une tentative d’implantation d’éléments terroristes djihadistes près de la frontière (comme la situation à la frontière avec le Liban face au Hezbollah). Par ailleurs, une autre mesure de confiance pourrait inclure la restitution de la dépouille d’Eli Cohen.

Diplomatie par l’éducation et le développement agricole, prolongeant la Vallée de Jezréel

Ces mesures pourraient ouvrir la voie à un processus diplomatique plus large, commençant par la normalisation des relations bilatérales et se poursuivant par des réformes du système éducatif syrien et l’aide israélienne au développement agricole dans les zones frontalières. Si le processus de paix entre les deux pays se poursuit et que les relations se stabilisent, les États sunnites modérés, comme l’Arabie saoudite, la Jordanie et les Émirats arabes unis, pourront investir en Syrie sans craindre une guerre, réduisant ainsi le risque pour des investissements financiers importants.

Et qu’en est-il des États-Unis et de Trump ? En tant que parrain de la plus importante initiative stratégique au Moyen-Orient, la signature des « Accords d’Abraham » en septembre 2020, Trump pourrait annoncer, durant son mandat, l’élargissement de ces accords et la mise en place d’un processus de paix plus large au Moyen-Orient. Une telle mesure pourrait rehausser le statut du président et faire de lui un candidat de choix pour le prix Nobel de la paix. De plus, il pourrait mettre l’accent sur sa formule visant à « rendre sa grandeur à l’Amérique », conformément à sa vision, tant dans le contexte du renforcement de sa position internationale au Moyen-Orient, avec l’affaiblissement de l’Iran et de la Russie, que sur le plan économique, les États-Unis pouvant jouer un rôle significatif dans la reconstruction et le développement de la nouvelle Syrie.

Le lieutenant-colonel (rés.) Eyal Dror, à l’origine de ces réflexions, est un officier de réserve actif de la « Formation Bashan », ancien commandant de la direction « Bon voisinage », auteur du livre « Embracing the Enemy » et conférencier international dans les domaines de la géopolitique, avec un accent sur l’axe chiite et la Syrie.

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