Recrutement difficile chez les Haredim
L’armée israélienne nourrit à la fois espoirs et frustrations face à l’intégration progressive de jeunes hommes haredim dans ses rangs. La deuxième vague de recrutement de la brigade Hashmonaim, spécialement créée pour accueillir ces soldats issus du milieu ultra-orthodoxe, s’est ouverte cette semaine. Pourtant, les chiffres sont loin des attentes initiales : sur les 120 à 130 recrues espérées, à peine une cinquantaine se sont présentées.
Selon les autorités militaires, de nombreux jeunes ont contacté l’armée pour annoncer leur souhait de repousser, voire d’annuler leur service. Cette réticence s’explique par une pression sociale grandissante dans les rues ultra-orthodoxes, où l’engagement militaire reste un sujet sensible et largement contesté.
Un projet pensé pour les Haredim
La création de la brigade Hashmonaim, il y a environ un an, répondait à une demande pressante : fournir un cadre militaire respectueux des pratiques religieuses. L’idée était de bâtir un environnement adapté aux recrues haredim, afin d’apaiser les craintes et de rendre possible leur participation active à Tsahal.
Depuis, la brigade s’organise. Un premier bataillon, baptisé « Natan », est en cours de constitution. Deux compagnies forment déjà son socle, et une troisième viendra les renforcer après la fête de l’Indépendance, moment choisi pour le rendre pleinement opérationnel. En parallèle, une unité de réserve est en formation, avec de nouveaux enrôlements prévus après Sim’hat Torah et une formation achevée avant Pessah.
Un officier de la brigade confie : « Nous avons inauguré le premier cours de commandant de section haredi sur notre base d’entraînement. À terme, nous ouvrirons aussi un cursus pour officiers. » Il précise également qu’une patrouille unique est en préparation : « Ce sera la première unité de reconnaissance composée exclusivement de combattants haredim. »
Entre ambition et réalité
Malgré cette dynamique, les effectifs ne suivent pas le rythme espéré. Les cycles précédents avaient chacun rassemblé environ 65 recrues, mais la deuxième cohorte devait marquer une étape plus ambitieuse avec près du double de candidats. Or, seuls cinquante jeunes se sont présentés.
« Le discours dominant dans la rue ultra-orthodoxe incite plutôt à la prudence, voire au refus », déplore l’officier. Il admet que cette désaffection constitue une déception pour les responsables de la brigade. Toutefois, l’armée espère que d’autres jeunes se joindront progressivement au mouvement dans les prochains mois, et table sur un renforcement progressif d’ici six mois.
Diversification des parcours proposés
Consciente que le service militaire ne se résume pas aux unités de combat, l’armée israélienne a mis en place de nouvelles filières spécialement destinées aux haredim. Deux cents jeunes ont déjà été intégrés dans les métiers de la maintenance, secteur essentiel au bon fonctionnement des forces armées.
Une autre filière, plus inédite, a été ouverte dans le domaine juridique. Une trentaine de recrues ont rejoint les tribunaux et le parquet militaire, où elles travaillent comme assistants de juges et greffiers. Ces alternatives offrent des débouchés adaptés à des profils différents et contribuent à élargir le spectre d’intégration des jeunes ultra-orthodoxes.
Une transition délicate
Ce processus de recrutement illustre les tensions persistantes entre la volonté de Tsahal d’inclure les haredim dans ses effectifs et la résistance sociale et religieuse qui freine cette intégration. L’armée, déterminée à consolider la brigade Hashmonaim et ses unités dérivées, poursuit ses efforts pour instaurer une formule viable qui concilie service national et respect des traditions.
La réussite de ce projet ne se mesurera pas seulement au nombre de recrues, mais aussi à la capacité à instaurer un climat de confiance avec une communauté qui hésite encore à franchir le pas.
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