Qui était Moïse Maïmonide, le grand philosophe juif du Moyen Âge ?

Vues:

Date:

Moïse Maimonide (en hébreu Moshe ben Maïmon) était un philosophe et médecin juif né à Cordoue en 1138 et mort à Fostat (Le Caire) en 1204. Par ses travaux théologiques et philosophiques, il est extrêmement célèbre et influent à la fois dans la communauté juive, en terre d’islam et en Occident chrétien.

Né à Cordoue à une époque où les juifs avaient à la fois une large autonomie et des possibilités de faire carrière dans l’appareil étatique, Moïse Maimonode et sa famille durent quitter la ville à la suite d’un changement de régime, beaucoup moins favorable pour s’établir un temps à Fès avant de s’installer en Palestine et vers 1170, après la mort de son père, il descend en Egypte où il devint le grand rabbin de la communauté juive.

Formé par son père à la religion et à la médecine, il devint médecin, soignant toutes les confessions et préconisant avant tout une rigoureuse hygiène de vie et du fait de ses résultats, il eut à s’occuper du sultan fatimide du Caire, puis de Saladin et de son fils, al-Afdal, qui héritera de Damas.

Au Caire, Maimonide était le chef de la communauté juive d’Egypte et il eut à s’occuper des captifs juifs retenus par le roi de Jérusalem Amaury 1er, lorsqu’il prit la ville de Bilbays en 1168.

Grand philosophe, homme politique en charge des affaires de sa communauté, évoluant au plus proche du pouvoir sans que le changement de dynastie ne vienne menacer sa position, Maimonide n’a jamais perdu de vue ses intérêts et il est devenu très riche.

C’est surtout un un esprit brillant, rédigeant de nombreuses œuvres et introduisant la philosophie aristotélicienne dans la pensée juive. Parlant et écrivant couramment l’arabe et le syriaque, il a rédigé certaines de ses œuvres en hébreu, ce qui est original pour l’époque.

Son œuvre est plurielle : des traités de jurisprudence, de logique et de théologie, il a moderniséen profondeur le judaïsme médiéval en général et la Halakha  en particulier et il fut reconnu comme le maître de l’étude talmudique.

Il a aussi rédigé aussi un Traité des Aphorismes médicaux, une immense œuvre qui compile toutes les connaissances médicales de l’époque et qui sera extrêmement utilisée tout au long du Moyen Age, en Orient comme en Occident. Il est également l’auteur d’un glossaire de phytothérapie qui liste plus de 300 remèdes à base de plantes, et aurait écrit la « prière médicale », un serment du médecin comparable à celui d’Hippocrate.

Mais c’est surtout pour son œuvre philosophique qu’il est connu. Dans son Dalâlat al-hâ’irin, littéralement le Guide des égarés, traduit en hébreu vers 1204 et considéré comme l’ouvrage le plus important de la philosophie juive, il s’adresse à ceux qui n’arrivent pas à concilier la religion et les vérités rationnelles. Sa pensée, qui mêle la croyance en un Dieu créateur et la doctrine aristotélicienne de l’éternité du monde, inspirera Thomas d’Aquin et sa notion d’« évéternité ». Comme Averroès encore, Maimonide considère que l’observation des phénomènes naturels amène à mieux connaître Dieu : « il n’y a aucun moyen de percevoir Dieu autrement que par ses œuvres […] l’astronomie et la physique sont des choses nécessaires pour comprendre la relation de l’univers au gouvernement de Dieu ».

L’étude des mathématiques, de l’astronomie, de la médecine, de la logique surtout, sont ainsi nécessaires avant d’être initiés aux secrets des livres religieux.

Sa relecture du judaïsme aura une influence immense, qui perdure jusqu’aux Lumières avec Spinoza et Mendelssohn, voire jusqu’au XXème siècle si on pense aux écrits de Leo Strauss et de Emmanuel Levinass.

Considéré comme un second Moïse, Maimonide est un homme à plusieurs facettes, à l’image de ses nombreux noms et surnoms : connu dans le monde juif sous l’acronyme Rambam car son nom est Rabbi Moshé ben Maimon, dénommé Maimonide en Occident, surnommé al-Kurtubi al-Israili, « le Juif de Cordoue », par les musulmans.

De Cordoue à Acre, de Fès à Fostat, des Almoravides aux Ayyoubides en passant par les Almohades et les Fatimides, relisant en les croisant le Talmud et Aristote, il a été à la fois rabbin et médecin, juriste et philosophe.

Source : Les clés du Moyen-Orient (résumé Israël Valley)

Partager :

La source de cet article se trouve sur ce site

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

PARTAGER:

spot_imgspot_img
spot_imgspot_img