INTELLIGENCE ARTIFICIELLE – Êtes-vous sûrs de pouvoir détecter une vidéo générée par IA en quelques secondes et sans vous prendre la tête ? Parce que ça nous est tous déjà arrivé : scroller, tomber sur une vidéo d’un animal trop mignon qui mange des bonbons pour Halloween, l’envoyer à un ami, comprendre que c’est de l’IA, et tout remettre en question.
Avec l’arrivée de générateurs de vidéos comme Veo 3 de Google et surtout Sora 2 d’OpenAI, qui est gratuit, TikTok et Instagram sont inondés par du contenu IA viral. Alors forcément, on craint de ne plus savoir distinguer la réalité du fake. Il y a des techniques pour s’y retrouver – et la solution, ce n’est pas de sortir sa loupe, mais plutôt de développer des réflexes pour reconnaître la patte de l’IA, quel que soit le modèle utilisé.
Les images générées par IA sont de plus en plus jaunes, et avec la « consanguinité » ça va s’aggraver.
· Reconnaître les formats viraux de l’IA
« C’est difficile de se fixer des règles à suivre parce qu’elles changent en fonction des différents types de vidéo IA », confie au HuffPost Jeremy Carrasco. Ce technicien audiovisuel devenu créateur de contenu est connu sous le nom de @showtoolsai sur TikTok, où il publie des vidéos de vulgarisation montrant comment identifier le « style » des vidéos IA. Et son premier conseil, c’est de connaître les grandes catégories de vidéos virales susceptibles d’être générées par IA.
« Les vidéos du type caméra de surveillance ou sonnette connectée sont très courantes sur Sora », donne-t-il comme exemple. Souvent en noir et blanc et de plus basse qualité, ce type de vidéo permet en effet de duper plus d’internautes, car il est plus difficile d’y repérer des incohérences visuelles. Cette vidéo IA de lapins sautant sur un trampoline, devenue ultra-virale en juillet dernier, en est bien la preuve. « Comprendre ces formats, c’est une manière plus plausible de naviguer entre ce qui est réel et ce qui est de l’IA, parce qu’utiliser des règles et zoomer sur chaque pixel, c’est trop ».
• Un style visuel bien particulier
Évidemment, il y a le style graphique souvent associé aux vidéos IA, une sorte de « flou » étrange qui peut vous faire tiquer. « La plupart des vidéos IA ont un aspect lisse et une luminosité qui paraît différente des vidéos réelles », indique Jeremy. « Nos caméras capturent des séquences d’images et les assemblent, tandis que l’IA construit ces séquences à partir de rien. Ça peut donc sembler un peu surréel, un peu flou, le mouvement peut avoir l’air trop parfait ».
Ce qu’il faut s’entraîner à repérer, c’est entre autres ce fameux « bruit » de l’IA, visible dans les endroits très texturés de l’image lorsque vous faites pause. « Si vous voyez une image avec beaucoup de bruit ou de grain dans les cheveux ou les plantes, c’est quelque chose que l’IA fait plus qu’une vraie caméra », résume le créateur de contenu.
• « L’accent » Sora, un indice révélateur
Et puis parfois, tendre l’oreille est le meilleur moyen de détecter la patte de l’IA. « Il y a un rythme et une qualité de son qui fait que les voix semblent plus synthétiques. Si c’est Sora c’est très rapide, si c’est Veo c’est très calme et didactique… Il y a certains schémas que l’on peut commencer à repérer », explique Jeremy, ajoutant que certains internautes commencent même à parler d’un « accent » propre à Sora.
• Se mettre à la place du cadreur
Mais même sans prendre en compte toutes ces bizarreries de l’IA, utiliser son bon sens est parfois suffisant. Pourquoi ce monsieur assommé par une grande roue est-il encore vivant ? Pourquoi le braquage du Louvre serait-il filmé par des visiteurs ?
Selon Jeremy, l’important c’est de « se mettre à la place de la personne qui filme la vidéo ». Par exemple, « si quelqu’un filme un bébé en train de faire quelque chose de dangereux, il faut se demander pourquoi la personne n’est pas juste en train d’aider le bébé. Avec les modèles IA, vu qu’il n’y a personne derrière la caméra, le cadreur n’agit pas comme un humain ».
• Identifier les comptes 100 % IA
Sans oublier que les comptes postant des vidéos IA à la chaîne sont en général facilement identifiables – il suffit d’aller faire un tour sur leur profil, puis de les bloquer. D’après Jeremy, ce type de compte cherchant avant tout à attirer les vues et les clics peut ressembler « à deux extrêmes différents : soit un compte qui poste tout et n’importe quoi, une vidéo de chat un jour puis un policier le lendemain, ou alors un compte qui poste le même scénario en boucle avec différents avatars ».
Avec toutes ces astuces, votre « sixième sens » devrait être un peu plus aiguisé. Mais si vous vous faites encore avoir par une vidéo de lapins sur un trampoline, ne cédez pas à la panique : en plus des comptes comme celui de Jeremy, dédié à l’analyse de vidéos IA, et des plateformes de fact-checking telles que le site Snopes ou la base de données DBKF, des initiatives comme la création du consortium C2PA devraient au fil du temps faciliter l’identification des images IA. Comme l’explique France Télévisions, qui a adopté cette norme, le protocole C2PA intègre une signature numérique aux vidéos qui permet de distinguer les images authentiques de celles générées par un modèle IA.
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