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Figure emblématique de l’armée israélienne, David Zini incarne un parcours exceptionnel qui l’a mené des unités d’élite à la direction du service de sécurité intérieure. Né à Jérusalem en 1974 dans une famille de dix enfants, cet officier religieux a gravi tous les échelons du commandement militaire avant d’être nommé 15ème directeur du Shin Bet en octobre 2025. Son ascension fulgurante, marquée par des décennies de combats et de controverses, fait de lui l’une des personnalités les plus scrutées de l’establishment sécuritaire israélien.
Des racines familiales ancrées dans la tradition rabbinique
David Zini voit le jour le 9 janvier 1974 à Jérusalem, quinzième jour du mois de Tevet 5734-1974 selon le calendrier hébraïque. Fils aîné d’une fratrie de dix enfants, il grandit à Ashdod dans un environnement profondément religieux. Son père, Yossef Zini, occupe les fonctions de Rav du quartier D de la ville d’Ashdod, tandis que son grand-père, le Rav Meyer Zini de Paris, compte parmi les derniers grands Rabbanim séfarades d’Afrique du Nord, perpétuant ainsi une tradition rabbinique séculaire.

Son grand-père Rav Meyer Zini, né en 1921 à Mécheria en Algérie, a exercé comme Rabbin de communauté originaire d’Algérie, en France puis en Israël. Après avoir servi comme Rabbin et chantre à Tiaret de 1951 à 1962, dès son arrivée à Paris, il œuvre inlassablement pour réunir les Juifs d’Algérie et préserver leur identité juive ainsi que leurs traditions. Il organise et dirige pendant des années les prières de Rosh Hashana et Kippour au Cirque d’Hiver à Paris, rassemblant des centaines de fidèles. À la fin des années 1960 et au début des années 1970, il réunit les Juifs algériens pour les prières dans les Salons Eden à Paris où prient, entre autres, le Rav Manitou et son père le Rav David Ashkenazi, le Rav Its’hak Elmaleh et le Rav Mazliah Mazuz. Survivant des camps de travail de Vichy et aumônier dans l’armée française. En 2006, à l’âge de 85 ans, ils immigrent en Israël où il décède en 2012 à Jérusalem.
L’ascension fulgurante d’un combattant d’élite
La formation religieuse de son petit-fils David Zini débute au Talmud Torah Morasha, se poursuit à la Yechiva secondaire de Hispin, puis à la Yechiva de Hevron et à la préparation militaire de Keshet Yehouda. Durant son service militaire, il consacre une année d’études à la petite Yechiva Morasha, conjuguant ainsi engagement militaire et approfondissement religieux.
En 1992, David Zini s’engage dans Tsahal et se porte volontaire pour la prestigieuse unité de reconnaissance de l’état-major. Après avoir accompli son service de base chez les parachutistes, il suit la formation de combattant au sein de l’unité. Une année passée dans une compagnie opérationnelle précède son passage par le cours des officiers d’infanterie, qui marque un tournant dans sa carrière.
Affecté à la brigade Golani, il est nommé commandant de section au sein du bataillon 12, avant de prendre la tête de la compagnie de fusiliers Guimel de ce même bataillon. Il conduit alors ses hommes au combat dans le sud du Liban, démontrant des qualités de commandement qui ne passeront pas inaperçues. Par la suite, il assume le commandement de la compagnie Alef de l’unité Egoz, une formation d’élite spécialisée dans la lutte anti-guérilla.
Lors de l’opération Rempart en 2002, alors qu’il se trouve en permission d’études, Zini interrompt sa formation académique pour rejoindre sa brigade jusqu’à la fin de l’opération, témoignage de son dévouement sans faille. Il gravit ensuite les échelons en tant qu’adjoint au commandant du bataillon 51, puis comme commandant du cycle de formation avancée au centre d’entraînement de Golani. Durant la Seconde Guerre du Liban en 2006, il occupe le poste de commandant du quartier général de la brigade Golani.
Commandant de bataillon face à la rébellion et au combat
L’année 2006 marque une étape décisive : promu au grade de lieutenant-colonel, David Zini est nommé commandant du bataillon 51, fonction qu’il exercera jusqu’en 2008. En mars 2007, il doit faire face à une révolte des combattants du bataillon, après avoir mis fin à des pratiques contestables concernant les différences entre anciens et nouvelles recrues. Cette fermeté dans l’application du règlement révèle son caractère intransigeant.
De juillet 2007 à février 2008, il conduit le bataillon dans une activité opérationnelle intensive à Gaza. Durant cette période, il mène ses hommes dans des dizaines d’opérations au cours desquelles de nombreux terroristes sont éliminés, des stocks d’armes découverts et des infrastructures terroristes détruites. Cette lutte prolongée et déterminée vaut au bataillon une citation d’unité le 27 avril 2008, remise par le commandant du Commandement Sud, Yoav Galant.
En 2008, il accède au commandement de l’unité Egoz et la dirige durant l’opération Plomb Durci. Après avoir achevé ce mandat en 2010, il part poursuivre ses études.
Du commandement de brigade aux responsabilités stratégiques
Promu colonel en 2011, David Zini est nommé commandant de la brigade Alexandroni et simultanément directeur de programme au cours des commandants de compagnie et de bataillons. En 2013, il assume parallèlement la direction du Centre d’entraînement au tir du Centre national d’entraînement terrestre.
Durant l’opération Bordure Protectrice, après la blessure du commandant de la brigade Golani, Rassan Alian, Zini est désigné temporairement comme remplaçant et conduit la brigade dans la poursuite de la bataille de Choujaïya à l’est de Gaza. Il termine ces fonctions en 2014. Entre 2014 et 2015, il occupe le poste de chef d’état-major du Commandement Centre.
Le 6 juillet 2015, il reçoit la mission de créer la brigade Oz. Il en devient le premier commandant le 27 décembre et quitte ce poste le 17 août 2017. Il suit ensuite la formation de la 45ème promotion du Collège de Sécurité Nationale entre 2017 et 2018.
Le 29 janvier 2018, il est promu général de brigade et prend ses fonctions le 31 janvier comme commandant de la division Eidan. Parallèlement, il commande de 2019 à 2020 le cours des commandants de compagnie et de bataillons. Il occupe le poste de commandant de division jusqu’au 10 septembre 2020. Le 24 juin 2020, il est nommé commandant du Centre national d’entraînement terrestre, fonction qu’il remplit jusqu’au 27 octobre 2022.
L’accession au grade de général
Le 1er juin 2023, David Zini est promu au grade de général, et le 5 juillet, il entre en fonction comme commandant du Commandement de la Formation et de l’Entraînement ainsi que commandant de la branche de l’état-major général. Le 7 octobre 2023, depuis son domicile sur le plateau du Golan, il se rend vers le sud dans la zone de combat près du kibboutz Mefalsim. Certains rapports affirment qu’il a combattu lors de la bataille de Mefalsim, toutefois, selon les enquêtes de Tsahal et le témoignage d’un commandant ayant participé aux combats, Zini serait arrivé dans la zone seulement après la fin des affrontements.
En 2023, à la demande du commandant de la division de Gaza, le général de brigade Avi Rosenfeld, il rédige un rapport confidentiel examinant l’activité de Tsahal autour de la barrière entourant la bande de Gaza face à différents scénarios. Dans le document rédigé en mai 2023, il évoque des scénarios extrêmes incluant une infiltration ponctuelle de terroristes dans des conditions de surprise du renseignement, possibles en tout point du secteur, ainsi que la réponse requise. Dans ses conclusions, il mentionne la conception qui s’est développée autour de la barrière. Toutefois, l’examen n’a ni analysé ni alerté sur un scénario d’ampleur tel que celui du massacre du 7 octobre. Le Premier ministre utilisera ce rapport ultérieurement pour justifier sa nomination, bien que le document soit une synthèse tactique destinée au niveau tactique, traitant uniquement de la vérification de la sécurité courante le long de la barrière.
Entre ambitions contrariées et nouvelles missions
Alors qu’approche le départ du général Avi Gil du poste de secrétaire militaire du Premier ministre, le nom de Zini circule comme candidat potentiel. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu le reçoit même en entretien, mais rejette finalement sa candidature en affirmant qu’il serait trop messianique. Suite à la possibilité d’une nouvelle législation sur le service militaire, il crée aux côtés du général Yaniv Assor et sous la supervision du Rav David Leibel la première brigade haredi, la brigade Hashmonaïm.
Le 22 mai 2025, un jour seulement après que la Haute Cour de Justice ait décrété que le licenciement de Ronen Bar du poste de directeur du Shin Bet était illégal en raison d’un conflit d’intérêts, et après que la conseillère juridique du gouvernement ait interdit à Netanyahu de désigner un autre candidat à la direction du Shin Bet, le Premier ministre annonce son intention de nommer Zini à la tête du service de sécurité intérieure. Suite à cette annonce, le chef d’état-major Eyal Zamir convoque Zini pour un entretien de clarification, n’ayant pas autorisé de contacts avec l’échelon politique, et décide finalement de mettre fin à ses fonctions. Par la suite, la commission Gronis établit qu’aucune faute n’a été commise dans sa conduite vis-à-vis du chef d’état-major.
Un discours de départ marquant
Le 4 juin 2025, David Zini prononce un discours de départ de Tsahal, dans lequel il déclare à propos du massacre du 7 octobre : « J’ai une part importante dans cet échec terrible… Nous ne devons pas dire ‘nos mains n’ont pas versé ce sang’. Un échec d’une telle ampleur n’est pas un échec ponctuel, mais un échec structurel profond et nous en avons tous notre part, et nous avons tous la responsabilité de le réparer, chacun dans son secteur. »
La nomination controversée à la tête du Shin Bet
Le 22 mai 2025, le Premier ministre Benjamin Netanyahu annonce officiellement son intention de nommer David Zini comme directeur du Shin Bet. Le lendemain, des révélations indiquent que Zini aurait exprimé une position catégorique contre les accords d’échange d’otages, déclarant : « Je suis contre les accords d’échange d’otages, c’est une guerre éternelle. » Suite à cette publication, les familles d’otages exigent l’annulation de sa nomination.
La conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharav-Miara, s’oppose à la nomination de Zini à la direction du Shin Bet, arguant qu’il n’appartient pas au Premier ministre, en tant que partie en conflit d’intérêts, de déterminer l’identité de la personne chargée d’enquêter sur ses proches. Elle propose que Netanyahu transfère les prérogatives relatives à la nomination à l’un des ministres du gouvernement, mais la proposition est rejetée. La Haute Cour de Justice est saisie pour déterminer si Netanyahu est autorisé à procéder à cette nomination en raison du conflit d’intérêts.
Le 30 juin 2025, il est révélé que Zini s’est exprimé lors de conversations privées contre le système judiciaire, le qualifiant de « dictature qui contrôle tout l’État ». Le 13 juillet, la Haute Cour de Justice statue, suite à un compromis obtenu, que la nomination ne sera pas effectuée avant le 11 septembre, date à laquelle Netanyahu pourra présenter son candidat à la direction du Shin Bet, même si l’implication du Shin Bet dans l’enquête sur l’affaire « Bibigate » n’est pas encore terminée.
Le 25 septembre 2025, la commission consultative pour les nominations aux postes supérieurs approuve la possibilité de le nommer au poste de directeur du Shin Bet. Le 30 septembre, le gouvernement décide à l’unanimité de sa nomination pour une durée de cinq ans, et il entre en fonction le 5 octobre 2025.
Après l’annonce de sa candidature et avant son entrée en fonction, Zini rencontre un agent du Shin Bet soupçonné d’avoir transmis des informations confidentielles concernant une enquête du Shin Bet sur une « infiltration kahaneiste » dans la police, au ministre Amichai Chikli et à des journalistes. Les informations concernant cette rencontre sont transmises à la commission consultative pour les nominations aux postes supérieurs qui examine sa nomination.
Une vie personnelle marquée par la foi et la famille
Durant plusieurs années, David Zini étudie la Guemara auprès du Rav Yehoshua Tzukerman, l’un des fondateurs de la Yechiva Har HaMor à Jérusalem, avec qui il entretient des liens étroits. Lors d’une commémoration marquant l’anniversaire de son décès, il prononce un éloge funèbre personnel, racontant que l’enseignement de Tzukerman constitue pour lui une source d’inspiration dans son service au sein de Tsahal.
Il est titulaire d’une licence en éducation du collège Lifshitz et d’un master en sécurité nationale et administration publique. Il est diplômé du Collège de Sécurité Nationale.
David Zini résidait au moshav coopératif Keshet sur le plateau du Golan, avant de déménager en 2025 à Jérusalem dans le quartier de Har Homa. Il est marié à Naomi et père de onze enfants. L’une de ses filles est mariée au fils du Rav Eliezer Kashtiel, directeur de la Yechiva pour anciens combattants Bené David à Eli. Son oncle, le Rav Eliyahou Rahamin Zini, est le directeur de la Yechiva Or Veyeshouah.
Son frère Chemouel Zini est le représentant en Israël du milliardaire Simon Falic. Son frère Betsalel Zini est propriétaire de la société « Betsalel Zini Entrepreneuriat et Projets Ltd » et sert dans la réserve comme responsable de l’enveloppe logistique de la « Force Uria », une unité de combattants réservistes qui opèrent des engins de chantier dans la bande de Gaza.
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