L’absence d’analyse globale du phénomène anti-juif
L’accord passé entre les deux partis comprend l’enveloppe de 150 millions de $ américains consentis à la cause de la « Hasbara », sans analyse de ce qu’apporterait la création d’une véritable agence de contre-propagande, à la hauteur du travail de sape consenti par les ennemis des Juifs coalisés.
Une agence de contre-propagande d’Etat ou des efforts privés pour défendre Israël?
Que vaut-il mieux?
Par Manfred Gerstenfeld
Au fil des années, une grande diversité d’organisations bénévoles ont émergé pour défendre Israël contre les nombreuses attaques verbales émanant du monde occidental. Alors que le coût d’activités de cette sorte est important et que les capacités de les financer sont limitées, chacune d’entre elles agit habituellement dans un domaine spécifique, bien que souvent très étroit.
On me demande souvent pourquoi la conjugaison des activités de toutes ces organisations ne serait pas un digne substitut d’une agence de contre-propagande, que l’Etat d’Israël aurait dû instituer depuis longtemps. Une deuxième question qui accompagne fréquemment de telles remarques est la suivante : « Pourquoi un certain nombre de Juifs fortunés ne pourraient-ils pas réunir le financement pour mettre sur pied une agence de contre-propagande pro-israélienne privée? ». Un tel organisme ne pourrait-il pas remplir le même rôle qu’une agence gouvernementale?
La dilution dans la « diplomatie publique » a largement exposé ses limites
Parfois, ceci s’accompagne de la remarque : « Israël devrait effectivement améliorer sa Hasbara ». Cette dernière se traduit par « diplomatie publique », une notion totalement différente de celle de contre-propagande. La diplomatie publique peut comprendre des déclarations comme : « Israël produit les plus belles tomates du monde ». Elle invite les incitateurs à la haine à dire : « Oui, mais vous assassinez es Palestiniens ».
La question de la contre-propagande est complexe, sur laquelle la plupart des gens ne connaissent pas grand-chose. La réponse aux deux questions ci-dessus requiert d’expliciter en détail un certain nombre d’aspects fondamentaux. Sans doute le plus important est-il qu’une telle agence privée devrait étroitement collaborer avec le Mossad, l’agence de sécurité intérieure du Shabak, les renseignements militaires de l’Aman et le Directoire National israélien de la cybersécurité. Ce sont toutes des agences gouvernementales, qui ne peuvent pas dévoiler des secrets d’état à un organisme non-gouvernemental.
Le Budget indispensable est déjà fixé
J’ai soulevé l’idée d’une agence de contre-propagande, pour la première fois dans mon livre : The War of a Million Cuts, The Struggle Against the Delegitimization of Israel and the Jews, and the Growth of New Anti-Semitism, [La Guerre d’un Million d’entailles, la lutte contre la délégitimation d’Israël et des Juifs, et la croissance du Nouvel Antisémitisme], publié en 2015[1]. A cette période, j’ai consulté un certain nombre de gens qui étaient, d’une manière ou d’une autre, impliqués dans ce domaine. Nous avions estimé le budget annuel pour le fonctionnement propre d’une agence de contre-propagande d’Etat à, approximativement 250 millions de $ américains. Même pour un certain nombre de donateurs pro-israéliens privés parmi les mieux dotés, cela représente une somme très importante.
Pourtant, il y a d’autres aspects qui différencient une agence étatique de contre-propagande d’un agrégat d’organismes pro-israéliens privés. L’organisation américaine CAMERA est un exemple d’organisation pro-israélienne qui fait un excellent travail en révélant les distorsions des médias aux Etats-Unis et dans d’autres pays comme la Grande-Bretagne. L’un de ses dirigeants suit le Guardian et décrit régulièrement les nombreuses idées fausses à propos d’Israël, dans ses articles. Cependant, sa rhétorique doit rester sur la réserve. C’est également vrai pour une autre organisation de valeur très active dans ce domaine, Honest Reporting.
Cesser de choyer ses ennemis en espérant se faire aimer
Une agence israélienne contre la propagande adverse opérerait de manière très différente. Elle partirait de la prise de conscience que le Guardian est un journal anti-israélien extrémiste. On peut le considérer comme un ennemi du pays à temps partiel. L’agence de contre-propagande ne perdrait pas de temps à souligner envers l’opinion publique ce qui sonne faux dans les articles du Guardian, en identifiant ses mensonges ou en illustrant des exemples dans lesquels ce journal mobilise des extrémistes anti-Israéliens notoires, y compris, évidemment, des incitateurs juifs et israéliens contre l’Etat, tels que le chef de file de l’organisation israélienne B’tselem.
Au lieu de cela, les dirigeants de l’Agence se demanderaient : « Comment pouvons-nous porter atteinte à cet ennemi aussi rapidement que possible en effectuant un effort minimal ? L’initiateur de ces dégâts peut s’exposer ouvertement ou resté caché. La réponse à ces questions n’est pas très difficile, mais le dévoiler ici pourrait s’avérer contre-productif.
Les rayons de bibliothèques d’excellents relais non-gouvernementaux sont déjà disponibles
Aux mêmes limites d’actions que rencontrent CAMERA et Honest Reporting, d’autres organisations méritoires qui défendent Israël dans divers champs de compétence y sont également confrontées. Pour n’en- mentionner que deux – NGO Monitor et Palestinian Media Watch. Leurs publications contiennent des informations extrêmement pertinentes pour une agence de contre-propagande, mais ne peuvent se substituer à ses activités. Cette agence devrait se concentrer et envisager l’incitation anti-israélienne dans sa globalité. Les publications agrégées des organisations de Défense d’Israël représentent une masse plutôt amorphe. L’agence doit couvrir ce qui est important pour Israël, alors qu’une organisation de défense peut choisir ce sur quoi elle tient à réagir.
Sous la tutelle de l’ancien Secrétaire Pompeo du Département d’Etat, il y a eu des indicateurs précoces que certaines « ONG pour les Droits de l’Homme » se révélaient être simultanément engagées dans des activités furieusement antisémites. On a spécifiquement mentionné Human Right Watch, Amnesty et Oxfam [2]. On pourrait désigner ces organismes comme des associations antisémites bien-pensantes[3]. On peut découvrir bien plus d’informations négatives à propos de leurs activités anti-israéliennes, dans NGO Monitor.
Le masque humanitaire antijuif
Malheureusement, on n’a pas trouvé de suivi détaillé sur cet antisémitisme bien-pensant, de la part du Département d’Etat, comme on aurait pu l’espérer. Pourtant, la fenêtre d’opportunité pour dénoncer ces abus était entrouverte. Le concept était simple. Les antisémites bienpensants (ou racistes humanitaires) détiennent un certain nombre de postes dans le domaine des droits de l’homme. Cela crée la possibilité d’attaquer Israël par de vils commentaires à partir des marges de ces organisations.
Hillel Neuer, qui dirige UN Watch à Genève, a fourni un exemple intéressant de ce phénomène. En décembre 2019, il a publié qu’au cours d’une période de 18 mois, Kenneth Roth, le dirigeant de Human Right Watch (HRW) a consacré plus de 70% de ses tweets à des allégations à propos de la supposée illégalité des actions d’Israël. Au contraire, il n’a consacré qu’un pour cent de ses tweets sur le même sujet concernant l’Irak, la Libye, la Russie, la Syrie ou le Yémen, entre janvier 2017 et juin 2018[4].
Faire comprendre aux leaders des groupes antisionistes qu’ils se nuisent à eux-mêmes
Il ne serait pas très difficile, pour une agence israélienne de contre-propagande bien financée, de commencer à propager largement des nouvelles démontrant que HRW est, au moins, partiellement une organisation antisémite dirigée par un incitateur extrémiste antisioniste. Un gros effort de plusieurs mois – qu’aucun organisme privé ne peut produire – finirait le plus probablement par convaincre Roth que son incitation anti-israélienne est nocive pour son organisation. S’il ne le comprend pas, certains de ses donateurs le pourraient bien -en particulier si on prouvait ouvertement qu’ils financent un organisme antisémite à temps partiel.
De ce qui découle des remarques ci-dessus, il devrait devenir évident qu’une agence de contre-propagande ne peut être instituée que par l’Etat d’Israël. Depuis des années, le Premier Ministre Binyamin Netanyahu s’y est constamment opposé. Peut-être parviendrait-on à convaincre son futur successeur d’envisager sérieusement cette mesure attendue depuis longtemps.
Par Manfred Gerstenfeld
Le Dr. Manfred Gerstenfeld est Président d’honneur du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem. Il a été conseiller stratégique pendant plus de trente ans pour certaines des corporations dominantes dans le monde occidental. Le prix du Lion de Juda, de l’Institut Canadien de Recherche Juive fait partie des récompenses qu’il a obtenues, lui attribuant le titre d’Autorité internationale dominante en matière d’Antisémitisme Contemporain. Son principal livre sur le sujet est : The War of a Million Cuts The struggle against the delegitimization of Israel and the Jews and the growth of New antisemitism.
Adaptation : Marc Brzustowski.
[1] https://jcpa.org/book/the-war-of-a-million-cuts-the-struggle-against-the-delegitimization-of-israel-and-the-jews-and-the-growth-of-new-anti-semitism/
[2] [2] http://www.jta.org/2020/10/22/politics/report-state-department-planning-to-label-human-rights-groups-anti-semitic
[3] https://besacenter.org/perspectives-papers/us-exposes-do-gooder-antisemites/
[4] https://blogs.timesofisrael.com/obsessed-93-of-ken-roths-illegal-accusations-targeted-israel-last-month/
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