Que gagne Israël avec le plan Trump ?
Depuis l’offensive lancée le 7 octobre 2023, la guerre à Gaza a profondément marqué le paysage sécuritaire du Proche-Orient. Face à cette crise prolongée, l’administration Trump a récemment dévoilé une proposition détaillée visant à mettre fin aux hostilités. Cette initiative diplomatique en vingt points, présentée fin septembre 2025, soulève une question fondamentale : quels avantages stratégiques cette proposition offre-t-elle aux différents acteurs du conflit ?
Une architecture sécuritaire favorable à l’État hébraïque
L’initiative américaine structure une séquence d’actions échelonnées dans le temps, débutant par une phase critique de libération des captifs. Dans les soixante-douze heures suivant l’acceptation formelle du plan, l’ensemble des personnes retenues sur le territoire gazaoui devraient retrouver la liberté. Cette disposition constitue un objectif primordial pour Israël, qui cherche depuis près de deux ans à rapatrier ses citoyens.
Au-delà de la dimension humanitaire immédiate, le dispositif prévoit une transformation radicale du paysage sécuritaire de l’enclave palestinienne. Le démantèlement complet de l’arsenal militaire, l’élimination des réseaux souterrains et la destruction des installations de production d’armements feraient l’objet d’une surveillance multilatérale. Cette démilitarisation complète répond directement aux préoccupations israéliennes concernant la menace persistante à ses frontières méridionales.
Le retrait du mouvement islamiste de toute structure gouvernementale représente également un acquis stratégique majeur. Des garanties explicites empêcheraient toute participation future de l’organisation dans les instances décisionnelles. Cette clause élimine la perspective d’un retour au pouvoir par la voie politique.
Un déploiement international pour stabiliser la région
L’architecture proposée prévoit le positionnement d’une force multilatérale de stabilisation. Cette présence internationale, soutenue par Washington et plusieurs capitales arabes, assurerait la surveillance des frontières en coordination avec Le Caire et Amman. Ce mécanisme offre à Israël une garantie externe tout en réduisant la nécessité d’une occupation permanente.
Plutôt qu’une annexion territoriale complète, le plan suggère un contrôle sécuritaire temporaire. Cette approche maintiendrait un périmètre défensif jusqu’à la certification de l’élimination totale de la menace terroriste. Cette formule permet à l’État hébreu de préserver ses intérêts sécuritaires sans assumer les charges d’une administration civile directe.
Les concessions accordées à l’organisation palestinienne
Du côté palestinien, le document prévoit une libération massive de détenus : deux cent cinquante personnes condamnées à des peines perpétuelles et mille sept cents autres arrêtés depuis octobre 2023, incluant femmes et mineurs. Cette disposition représente une victoire symbolique pour le Hamas, même si elle s’accompagne de son démantèlement militaire.
Le mécanisme prévoit également la restitution de dépouilles mortelles selon un ratio établi : quinze corps palestiniens pour chaque dépouille d’otage israélien rendue. Les combattants acceptant de déposer les armes bénéficieraient d’une amnistie, tandis que d’autres pourraient quitter le territoire vers des pays tiers non spécifiés.
Une aide humanitaire d’envergure serait immédiatement déployée pour la population gazaouie. L’approvisionnement en eau, en électricité, le soutien hospitalier et un programme de développement économique, soutenus par les États-Unis et les Nations unies, transformeraient les conditions de vie. Bien que ces mesures ne constituent pas une victoire pour le mouvement islamiste en tant qu’organisation, elles profiteraient directement aux civils.
Une transition politique sans les acteurs traditionnels
La formation d’un gouvernement technocratique palestinien écartant simultanément le Hamas et l’Autorité palestinienne dessine un nouveau paysage politique. Cette configuration évite un vide institutionnel tout en neutralisant les deux structures existantes. Le mouvement islamiste perdrait son statut d’acteur gouvernemental, tandis que l’AP ne sortirait pas renforcée du processus.
Une équation complexe
Chaque partie doit consentir à des sacrifices significatifs. Pour Israël, libérer des centaines de prisonniers considérés comme des menaces sécuritaires représente un coût politique et stratégique considérable. L’abandon du contrôle direct sur Gaza et la dépendance envers un mécanisme international soulèvent également des interrogations quant à la capacité de l’État hébreu à garantir sa sécurité à long terme.
Pour le Hamas, accepter ce plan signifierait renoncer à son identité militaire fondamentale. L’organisation passerait du statut de mouvement de résistance armée à celui d’acteur politique marginalisé, voire exclu de toute gouvernance future. Cette transformation équivaut à une capitulation idéologique, même si elle s’accompagne de gains symboliques immédiats.
Les réactions internationales et les perspectives
Depuis la présentation de cette initiative, les réactions diplomatiques se multiplient. Plusieurs capitales arabes ont salué l’effort américain, y voyant une opportunité de stabilisation régionale. L’Union européenne a qualifié le projet d’ambitieux, tout en appelant à la protection des civils. Cependant, le Hamas n’a pas encore formulé de réponse officielle au plan, bien que l’organisation ait indiqué examiner la proposition.
La Maison-Blanche a fixé un délai de trois à quatre jours pour obtenir une réponse du mouvement islamiste, augmentant ainsi la pression diplomatique. Cette stratégie vise à créer un momentum politique favorable à l’acceptation du plan, en isolant potentiellement le Hamas comme seul obstacle à la paix.
Une opportunité pour la sécurité israélienne
Cette proposition américaine représente une occasion exceptionnelle pour Israël de transformer durablement sa situation sécuritaire. Le retour des otages, la démilitarisation complète de Gaza et l’élimination du Hamas comme force politique et militaire constituent des objectifs que l’État hébreu poursuit depuis des décennies. Si le prix à payer en termes de libération de prisonniers est élevé, les bénéfices stratégiques à long terme surpassent largement ces concessions temporaires.
La proposition offre à Israël ce que les opérations militaires seules ne peuvent garantir : une transformation structurelle et durable du paysage sécuritaire, validée par la communauté internationale. Le déploiement d’une force multilatérale, l’engagement des États arabes et le soutien américain créent un environnement favorable à une paix durable. Cette architecture diplomatique et sécuritaire constitue une base solide pour assurer la tranquillité des populations israéliennes tout en ouvrant la voie à une normalisation régionale plus large.
Face aux menaces persistantes et à l’instabilité chronique, cette initiative représente peut-être la meilleure opportunité depuis des années pour Israël de sécuriser ses frontières méridionales tout en maintenant sa supériorité stratégique dans la région.
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