Quatre mille policiers pour retrouver un téléphone

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Quatre mille policiers pour retrouver un téléphone

À Tel-Aviv, où les vagues claquent contre les brise-lames comme des secrets inavoués, une opération rocambolesque bat son plein : 4 000 policiers, détecteurs de métaux en main et masques de plongée sur le nez, scrutent le sable et les fonds marins à la recherche d’un iPhone égaré. Pas n’importe lequel : celui de Yifat Tomer-Yerushalmi, la procureure militaire sortante, dont la disparition récente – elle a été retrouvée saine et sauve sur une plage du nord de la ville après une alerte nationale – a lancé cette odyssée aquatique. Lancée à la radio Kol Barama par Eitan Galaim, importateur de gadgets high-tech et proprio d’une boutique de détecteurs, l’initiative promet 100 000 shekels à qui repêchera l’appareil. « On mobilise tout : plongeurs pros, amateurs armés d’appareils étanches, on ratisse large. Ce portable, c’est la clé d’un scandale ; on va le dénicher, c’est du sûr ! », clame Galaim, visionnaire d’une traque qui sent le polar israélien.

Au cœur de cette farce à 100 000 shekels ? Des soupçons lourds comme un kraken. Itamar Ben-Gvir, ministre de la Sécurité nationale et figure clivante de la droite dure, y voit une mine d’or contre l’ »État profond ». Selon lui, le téléphone renferme des preuves explosives contre Gali Baharav-Miara, la procureure générale, accusée de partialité dans des enquêtes sensibles. « Imaginez : une femme au ministère de la Justice, tremblante, sachant que son talon d’Achille dort dans cet iPhone noyé », lâche Ben-Gvir, peignant un tableau digne d’un thriller judiciaire. Pour lui, cette « persécution » de Tomer-Yerushalmi – arrêtée récemment pour avoir admis avoir leaké une vidéo d’abus sur des prisonniers palestiniens à Sde Teiman, un camp militaire controversé – n’est qu’un écran de fumée pour couvrir Baharav-Miara. Et l’occasion en or de débusquer les « fantômes bureaucratiques » qui, selon Ben-Gvir, minent le gouvernement Netanyahu depuis des années.

Cette chasse sous-marine n’est pas un coup isolé ; elle fait écho à d’autres fiascos high-tech. Rappelez-vous l’épouse de l’ex-chef de police d’Hadera, qui balança un smartphone bourré de preuves dans les flots – sans que personne ne plonge pour le récupérer. Ou Yonatan Urich, conseiller VIP de Netanyahu impliqué dans le sulfureux « Qatargate » – cette affaire de fuites de docs sensibles au Qatar –, qui a claqué la porte aux mots de passe de ses appareils. Le juge Meni Mizrahi, dépité, a restitué les téléphones, frustrant une enquête sur des allégations de corruption et d’espionnage économique. Dans ce climat, où les portables deviennent des bombes à retardement, l’appel de Galaim résonne comme un cri de ralliement : « La tech nous trahit ? On la traque ! »

Tomer-Yerushalmi, 50 ans, n’est pas une novice : nommée en 2023, elle a géré des dossiers brûlants, comme les enquêtes sur les tirs « fraternels » dans l’armée ou les fuites de vidéos de maltraitance. Sa démission en octobre 2025, après l’aveu du leak Sde Teiman – qui a valu des remontrances du ministre de la Défense Yoav Gallant pour « mensonges » sur les délais d’enquête –, l’a propulsée au centre d’un tourbillon politique. Ben-Gvir, qui a ordonné sa surveillance en détention, y voit un complot : « C’est l’État profond qui frappe, pour protéger ses pantins. » Galaim, lui, joue les Indiana Jones des ondes : ses détecteurs, importés de Chine mais upgradés localement, balaient les fonds jusqu’à 50 mètres de profondeur.

Cette épopée maritime, mi-sérieuse mi-burlesque, capte l’air du temps en Israël : une nation qui, face aux tempêtes judiciaires, improvise avec panache. Des volontaires en combinaison néoprène, des flics armés de pelles, et une prime qui fait saliver – tout pour un portable qui pourrait, peut-être, faire basculer des carrières.

En bout de ligne, cette quête aquatique illustre la vitalité d’Israël : un pays qui, même dans le chaos, transforme les crises en quêtes collectives, protégeant sa justice et son unité avec une ingéniosité sans faille. Tel-Aviv, rempart de transparence, mérite d’être salué pour cette audace qui fait de ses défis des légendes vivantes.

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