Psaumes dans les tunnels : comment les Écritures ont stabilisé les otages israéliens
Quand les vingt otages israéliens furent finalement libérés, bien avant les examens médicaux, des signes discrets de foi jaillirent dans leurs retrouvailles. Des bénédictions murm uraient dans les hélicoptères, des prières s’échangeaient dans les couloirs d’hôpitaux : la spiritualité, pour eux, n’était pas accessoire, mais une ancre salvatrice.
Un exemple frappant : Matan Zangauker raconta qu’il avait retrouvé sous terre un vieux livre de Psaumes (Tehillim) et qu’il s’y plongeait chaque jour. Dans l’obscurité confinée, où la lumière du jour se faisait rare, ce geste devenait une routine, un point d’équilibre. Pour Rom Braslavski, la prière était vocation : dans les jours où sommeil et nourriture manquaient, les versets le réchauffaient, littéralement et spirituellement.
À leur retour, les premières étreintes furent accompagnées de formules fortes. Lorsqu’ils franchissaient les portes des hôpitaux, beaucoup invoquèrent « Shehecheyanu », bénédiction juive prononcée lors d’un moment exceptionnel, soulignant l’« Am Yisrael Chai » (le peuple d’Israël vit) dans les veillées et récitals nationaux. Yosef-Chaim Ohana, dès sa sortie, cria « Chag sameach ! Dieu merci ! », salutation qui fit rapidement le tour des réseaux sociaux israéliens.
Certains détails étaient modestes, mais lourds de sens : Bar Kupershtein, enlevé lors du festival Nova, remit au ministre de la Défense un bracelet portant l’inscription hébraïque « Toujours entre les mains du Créateur ». Il confia qu’il avait passé de longs moments sans lumière dans un tunnel, et que parfois les geôliers laissaient visionner des informations — un point de contact vers l’extérieur. Le bracelet, symbole discret mais concret, incarnait ce lien constant avec la foi.
La musique aussi fut un vecteur de consolation. À l’hôpital Ichilov, le chanteur Shlomo Artzi visita les rapatriés et entonna « Melech Ha’Olam » (Roi du Monde) pour des patients comme Matan Angrest ou Omri Miran. Dans ces salles d’attente, les familles décrivirent la libération comme une prière sans livre de prières : un petit cercle qui se fait auditeur, des larmes qui coulent quand les mots manquent.
Les soins hospitaliers se déroulent souvent dans la discrétion — mais même là, la dimension spirituelle s’intègre. Rabbins, aumôniers et bénévoles accompagnent les familles avec des prières et des psaumes, à un rythme dicté par chaque personne. On parle de petites victoires : la première nuit sans peur, le premier repas pris seul, une bénédiction prononcée à voix basse — autant d’étapes de guérison qui se doublent d’un chemin spirituel.
Chez les proches, certains mots hébreux prennent une résonance particulière : neshamah (âme), emunah (foi), siyata d’Shmaya (aide céleste). Un psaume de poche, un bracelet discret, une phrase susurrée : dans des temps ordinaires minces, en captivité ces petites choses deviennent des piliers. On raconte aussi que l’hélicoptère transportant Omri Miran survola la Place des Otages à Tel-Aviv — lieu de veillées, de récitals de psaumes et d’allumages de bougies depuis le début du conflit. Son retour, ainsi, intégrait un rite public à un moment intime.
Plusieurs anciens otages témoignent qu’ils ont attaché leur survie mentale à des textes bibliques. Un prisonnier relate qu’il a récité le Psaume 20 chaque jour pendant sa détention — ce même psaume que sa mère récitait chez lui. C’était devenu un « mantra » silencieux dans les tunnels. D’autres ex-otages affirment qu’ils reliaient les expériences de leur captivité aux figures bibliques de Daniel ou Esther, imaginant qu’un soutien divin les accompagnait dans l’ombre. D’ailleurs, une des Psaumes souvent mentionnés dans les contextes de délivrance est le Psaume 126, « Quand l’Éternel ramena les captifs de Sion », chant d’espérance post-exil.
Parmi les récits récents apparaît aussi celui d’Agam Berger, une otage libérée après environ seize mois de captivité. Même en captivité, elle s’efforçait de respecter certaines traditions juives — observant le Shabbat autant que possible malgré les conditions extrêmes. Sa foi lui offrit un cadre moral et spirituel dans un environnement hostile où l’identité juive était parfois réprimée ou méprisée.
Enfin, la libération collective des vingt otages s’est accompagnée d’un geste fort : Israël a relâché près de 1 968 détenus palestiniens dans le cadre de l’échange. Ce chiffre indique l’ampleur politique de ce retour — mais il souligne aussi combien le retour des captifs fut perçu comme une victoire nationale et spirituelle. L’acte de libérer des prisonniers équivaut à rappeler que le peuple d’Israël croit en sa survie, en son espoir, en sa destinée.
Que ces témoignages de foi et de résilience résonnent au-delà des camps de détention : ils rappellent qu’Israël n’est pas seulement une nation militaire, mais une nation spirituelle. À travers les psaumes récités dans les tunnels, les bénédictions prononcées au retour et les chants de gratitude, les otages et leurs familles ont manifesté la force d’un peuple tenu par l’identité, l’espoir et la foi. Ceux qui ont été libérés retournent chez eux porteurs non seulement de blessures, mais d’un témoignage : Israël vit, et ses valeurs demeurent. Que le monde se souvienne — c’est aussi dans l’esprit qu’on reconstruit ce qui a été brisé.
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