Kippour: une journée tout entière vouée au jeûne et à la prière
Yom Kippour commencera à l’entrée de ce chabbat et durera jusqu’à la tombée de la nuit de samedi. Pendant cette journée, Israël sera quasiment à l’arrêt, sans voitures sur les routes ni émissions de radio ou de télévision.
Les fidèles passent la journée à prier à la synagogue, car c’est traditionnellement le jour où Dieu décide du sort de chacun pour l’année à venir.
Mais, au fond, à quoi tout cela sert-il ? Quelle incroyable vanité de l’être humain, dont l’existence est fragile et éphémère, et qui s’adresse au Transcendant en espérant que sa prière soit exaucée… Dieu est immuable, comment pouvons-nous le changer par les mouvements de nos lèvres ?
Même en faisant abstraction de cela, pourquoi avons-nous besoin de formuler nos demandes ? Dieu, qui voit le cœur, connaît certainement nos souhaits sans que nous ayons besoin de les formuler. Ce que nous souhaitons voir se produire est soit juste, soit faux aux yeux de Dieu. Dans le premier cas, Dieu le réalisera même si nous ne prions pas. Dans le second, Dieu ne le réalisera pas, même si nous prions. Alors pourquoi prier ?
Questions théologiques classiques, auxquelles la tradition juive apporte une réponse simple mais profonde : sans récipient pour contenir une bénédiction, il ne peut y avoir de bénédiction. Si nous n’avons pas de seau pour la recueillir, la pluie peut tomber, mais nous n’aurons rien à boire. Si nous n’avons pas de récepteur radio, les ondes sonores peuvent circuler, mais nous ne pourrons pas les entendre. Les bénédictions de Dieu coulent continuellement, mais si nous ne nous transformons pas en récepteur, elles couleront ailleurs. Le repentir et la prière sont des actes qui permettent de transformer l’Humain en un véhicule pour le Divin.
À son apogée, s’adresser à Dieu doit être une expérience profondément transformatrice. Le succès de Yom Kippour, c’est lorsqu’un être humain en sort différent de l’état dans lequel il y est entré. Et, oui, la prière change le monde – parce qu’elle change les êtres humains.
Puissions-nous toutes et tous êtres scellés dans le grand Livre du Changement.
Voici quelques extraits de ces prières célèbres.
Keter Malkouth-Shlomo Ibn Gabirol
Dans pratiquement toutes les villes d’Israël se trouve une belle artère dédiée au merveilleux poète que fut Shlomo Ibn Gvirol ou Salomon Ibn Gavirol.
Dans le centre de la ville espagnole Malaga on peut admirer la statue de celui qui restera le jeune poète et philosophe néoplatonicien qui disparut si jeune après avoir tant souffert de maladies alors incurables dont une maladie de peau qui l’affligea et dont il souffrit tant physiquement et moralement.
Il naquit en 1021 à Malaga, séjourna plusieurs années à Saragosse puis à Grenade, pour s’éteindre en 1058 à l’âge de 37 ans à Valence dans le Sud de l’Espagne.
La pièce maîtresse de son œuvre est le « KETER MALKHOUT » dont de larges extraits sont lus au cours de la journée de Kippour dans lesquels le poète décrit la fragilité de la vie et de la destinée de l’homme.
SEDER ‘HAAVODA :
Le seder ‘haâvoda qui est lu pendant le moussaf de Yom Kippour a été écrit par Rabbi Yossi ben Yossi. Son père était Cohen et vivait vers l’an 600. Après que ce jeune poète fût orphelin les gens de sa génération le surnommèrent Rabbi Yossi l’orphelin (‘HaYatom).
Dans ce SEDER ‘HAAVODA est soigneusement décrite la tâche du Cohen Gadol le jour de Kippour essentiellement et tout spécialement la prosternation qui aujourd’hui est remémorée selon les communautés soit par un hazan qui s’effondre en larmes devant la gravité des événements décrits et ce que vivait alors le Cohen Gadol dont l’émotion arrivait à un point culminant soit tout simplement par un hazan et des fidèles qui se prosternent sur un petit tapis ou un châle etc……….
Le moment de la prosternation rappelle le moment où le Cohen Gadol énumérait les fautes commises par le peuple tout entier.
Le seder ‘Haâvoda suit comme beaucoup de poésies liturgiques l’ordre alphabétiques des 22 lettres de l’alphabet pour relier au texte le pouvoir de ces lettres représentées aussi dans les 22 canaux reliant entre elles les sefirot de l’arbre de vie.
EL MELEKH YOSHEV ÂL KISSE RAHAMIM :
Ce poème qui, dans les selihoth précède immédiatement les versets de Shemot (exode) « Vayâvor » est tiré d’un midrash dans lequel on raconte que lorsque le Saint béni soit-Il juge Ses créatures et qu’IL prend place sur Son Trône de justice, Il Se revêt des 13 Attributs divins de Justice, de Miséricorde, de Longanimité, de Compassion etc….
אל מלך יושב על כסא רחמים, ומתנהג בחסידות. מוחל עונות עמו, מעביר ראשון ראשון. מרבה מחילה לחטאים, וסליחה לפושעים. עושה צדקות עם כל בשר ורוח, לא כרעתם להם גומל. אל הורתנו לומר מדות שלוש־עשרה, זכור לנו היום ברית שלוש־עשרה, כמו שהודעת לעניו מקדם, וכן כתוב בתורתך. וירד י’ה’ו’ה’ בענן, ויתייצב עמו שם, ויקרא בשם י’ה’ו’ה’, ושם נאמר:
El melekh yoshev âl kissé rahamim oumitna’heg behassidout. Mohel âvonot âmo, maâvir rishon rishon. Marbé mehila léhatayim ouseliha laposheîm. Ôssé tsédakoth îm kol bassar verouah, lo kéraâtam la’hem gomel. El ‘horétanou lomed midoth shelosh essré, zekhor lanou ‘hayom brith shelosh essré, kemo shé’hodaât léânav mikédem vekhen katouv beToratekha. Vayéred Ado-nay béânane vayityatsev îmo sham vayikra bashem Ado-nay vesham néémar.
Le Roi de Miséricorde qui est assis sur le Trône de Miséricorde et se conforme à la Sagesse pardonne ses fautes à Son Peuple. Il pardonne les fautes et concède le pardon aux pécheurs et à toutes les créatures…………….Le midrash continue en transmettant que c’est alors que HaShem est assis sur ce Trône, les sons du shofar parviennent jusqu’à Lui chargés des prières et des suppliques des fidèles et Il S’emplit de Miséricorde et accorde le pardon des fautes. Le mot « naké » qui signifie « nettoyer » montre que le Saint béni soit IL nettoie et purifie chacune des créatures pour lui permettre, après le repentir; de repartir d’un bon pied pour une nouvelle année.
On enchaîne immédiatement sur les versets suivants à la lecture desquels l’assistance en prière se courbe et s’incline devant la Majesté divine…..
וַיַּעֲבֹר ה’ עַל פָּנָיו וַיִּקְרָא ה’ ה’ אֵל רַחוּם וְחַנּוּן אֶרֶךְ אַפַּיִם וְרַב חֶסֶד וֶאֱמֶת:
נֹצֵר חֶסֶד לָאֲלָפִים נֹשֵׂא עָוֹן וָפֶשַׁע וְחַטָּאָה
וְנַקֵּה וסלחת. לעוונינו ולחטאנו ונחלתנו- כי ביום הזה יכפר עליכם לטהר אתכם מכל חטאותיכם לפני ה’ תטהרו
Vayaâvor Ado-nay âl panav vayikra :
Ado-nay Ado-nay E-l Rahoum véhanoune érekh ‘hapayim verav hessed véemeth, notser hessed laalafim nossé âvone vaféshâ véhataa, vénaké vesalahta léâvonénou ouléhataénou vénahalaténou ki bayom ‘hazé yikhaper âlékhem léta’her étekhem mikol hatotékhem lifné Ado-nay tite ‘harou
D. est passé devant lui et il s’est écrié : Eternel, Eternel ! D Miséricordieux, tout puissant, clément, long à la colère, plein de bienveillance et d’équité, qui conserve sa faveur à la millième génération. Il supporte le crime, la rébellion, la faute, mais ne les absout point : Il poursuit les fautes des pères sur les enfants, et les petits-enfants, jusqu’à la troisième et quatrième génération. Car en ce jour, Il rachètera vos fautes pour vous purifier de tous vos péchés devant l’Éternel purifiez-vous !
Pourquoi lit-on le livre de Jonas à Kippour?
Le thème du livre de Jonas est unique, tout entier consacré à la valeur du repentir. C’est la raison pour laquelle il a été inscrit dans la liturgie de Yom Kippour, dans l’office de Minha.
Si les sources midrachiques se montrent relativement prolixes sur les origines du prophète Jonas, on ne dispose dans le texte biblique que de peu de renseignements sur sa biographie.
Tout ce qu’il nous révèle, c’est qu’il a vécu sous le règne de Jéroboam II. C’est lui, apprenons nous, qui a fait part à Jéhu de la promesse divine de maintenir sur le trône d’Israël quatre générations de sa descendance, annonce qui nous permet de conjecturer qu’il était issu d’une des tribus du nord.
La place occupée par son livre dans le canon biblique est par conséquent totalement anachronique, et elle se justifie, comme nous l’avons vu, par sa juxtaposition à celui de Michée qui lui fait suite, soit parce qu’il contient le récit du sauvetage de Ninive alors que Michée en a prophétisé la destruction, soit parce qu’ils révèlent l’un et l’autre l’efficacité de la techouva (repentir).
Ce livre offre des particularités remarquables. D’abord, contrairement aux autres textes prophétiques, il se présente sous la forme d’un récit, et d’une relation cohérente relatant sous une forme imagée une aventure avec ses hauts et ses bas.
D’autre part, le thème du livre est lui aussi unique, tout entier consacré à la valeur du repentir. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il a été inscrit dans la liturgie de Yom Kippour dont il constitue l’une des haftaroth.
D.ieu s’adresse à Jonas et l’invite à se rendre à Ninive, la grande ville (on dirait aujourd’hui: la mégapole, la superpuissance) afin d’inciter ses habitants à se repentir de leurs péchés.
Jonas commence cependant par se détourner de l’ordre divin et il embarque sur un navire en partance (sur le seul navire en partance, soulignent les commentateurs) du port de Yafo. Il s’agit pour lui de s’enfuir n’importe où, plutôt que d’obéir à la mission qui lui a été confiée.
Remarquons ici que Jonas n’est pas le seul à avoir tenté de se soustraire à son élection comme prophète.
Moïse a cherché à y échapper au motif qu’il était “lourd de bouche et lourd de langue”, Isaïe parce qu’il était “un homme aux lèvres impures, demeurant au milieu d’un peuple aux lèvres impures…” , et Jérémie en invoquant sa trop grande jeunesse.
Jonas, quant à lui, ne dit mot : il s’enfuit sans demander son reste, et le texte reste muet quant à sa motivation. C’est le Midrach qui nous apprendra qu’il craignait que le repentir de Ninive n’incite D.ieu à retourner Sa colère contre Israël.
Mais D.ieu, aussitôt que le bateau a levé l’ancre, provoque une très grande tempête, si violente que le navire manque de sombrer corps et biens. Les matelots se mettent à prier, chacun vers sa divinité, mais en pure perte.
La houle se fait à chaque minute plus virulente. Pendant ce temps, Jonas était descendu à fond de cale et, totalement inconscient des risques courus, était tombé dans un profond sommeil.
Le capitaine l’apostropha en ces termes : “Comment peux tu dormir si intensément ? Debout ! Invoque ton Dieu ! Peut être aura t Il souci de nous et nous ne périrons pas !”
Les matelots, finalement, décident de procéder à un tirage au sort afin de désigner celui par la faute duquel est survenue la calamité. Et le sort indiquera Jonas.
L’équipage se met alors à interroger leur passager, lequel affirme son identité comme “Hébreu” (‘ivri) et leur propose de lui même qu’on le précipite dans l’eau afin de calmer les flots impétueux.
On le jeta effectivement à la mer, laquelle retrouva aussitôt sa tranquillité.
D.ieu suscita alors un grand poisson, souvent improprement appelé “baleine”, qui avala Jonas, lequel resta dans ses entrailles trois jours et trois nuits.
Le prophète se mit alors à prier, et Dieu le fit recracher par le poisson sur la terre ferme.
D.ieu, une nouvelle fois, donna l’ordre à Jonas de partir à Ninive et de réprimander sa population pour sa conduite. Jonas, cette fois, ne se déroba pas et il lança aux habitants de Ninive une proclamation: “Encore quarante jours, et Ninive sera détruite !”
Les habitants de Ninive eurent foi en D.ieu et ils se repentirent. Le roi lui même ordonna un jeûne collectif afin d’inciter ses sujets à se détourner de leurs mauvaises actions.
“Et D.ieu, précise le texte, Se ravisa concernant le mal qu’Il avait dit qu’Il leur ferait, et Il ne le fit pas.”
JForum.fr avec Caroline Elishéva REBOUH et texte inspiré de rav Sacks Z’l , envoyé par E. B sur Facebook
Azharoth asher shar HaRav Shlomo ben Gvirol z.l.
Kippour: Kol Nidré par Enrico Macías (vidéos)
Pour se mettre dans l’ambiance de Kippour. Très belle version de Kol Nidré par Enrico Macias sur des images grandioses de Jérusalem.
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