Israël et le contrôle de la zone tampon syrienne : un nouveau tournant stratégique
Israël a récemment renforcé sa présence militaire en Syrie en prenant le contrôle de la zone tampon située entre les deux pays, une région démilitarisée depuis l’accord de cessez-le-feu de 1974. Cette initiative, qui inclut la capture du sommet du mont Hermon, revêt une importance stratégique majeure pour l’État hébreu. Selon les responsables israéliens, cette décision vise à prévenir les menaces potentielles liées à l’instabilité croissante en Syrie.
La fragmentation de la Syrie après la chute du régime de Bachar al-Assad a conduit à une prolifération de groupes armés, parmi lesquels figurent des factions extrémistes. Ces dynamiques inquiètent fortement Israël, qui redoute que ces organisations ne profitent du chaos pour s’implanter près de sa frontière nord. Le mont Hermon, point culminant stratégique, offre une vue imprenable sur le sud de la Syrie et le Liban, conférant ainsi à Israël un avantage tactique crucial.
« Cette région constitue une menace directe pour notre sécurité. Son contrôle militaire est nécessaire pour anticiper et éviter tout danger, surtout dans un contexte aussi instable », a affirmé Kobi Michael, analyste à l’Institut national pour la sécurité en Israël (INSS).
Les récentes tensions avec Gaza, marquées par une attaque surprise du Hamas, ont renforcé la vigilance d’Israël envers ses frontières. Longtemps perçue comme stable sous le régime d’Assad, la frontière syrienne est aujourd’hui jugée vulnérable. Le Dr Joel Parker, expert au Centre Moshe Dayan, souligne que la perception de la Syrie comme une menace potentielle a radicalement changé. « Assad était un ennemi prévisible, mais l’effondrement de son régime ouvre la porte à de nouveaux dangers imprévisibles », explique-t-il.
En parallèle à son avancée terrestre, Israël aurait mené des frappes aériennes ciblées contre des installations militaires syriennes, notamment des dépôts d’armes non conventionnelles et des systèmes de défense aérienne. Bien que ces opérations n’aient pas été officiellement confirmées, des images diffusées sur les réseaux sociaux montrent des explosions et des bases syriennes endommagées.
« L’objectif n’est pas d’annexer la zone, mais de prévenir une implantation hostile », insiste Kobi Michael, rappelant que la présence israélienne reste éminemment tactique.
Si Israël présente ce mouvement comme une mesure temporaire, des observateurs redoutent que cette occupation ne s’inscrive dans la durée. L’ONU a dénoncé une violation des accords internationaux, tandis que les pays arabes ont condamné l’initiative. Aux États-Unis, un porte-parole du département d’État a toutefois reconnu que l’instabilité syrienne justifiait certaines préoccupations israéliennes.
Matthew Miller, analyste américain, a souligné les risques d’un « vide sécuritaire » : « Dans un contexte aussi instable, chaque pays agirait pour protéger ses frontières contre des groupes terroristes potentiels. »
Parmi les groupes inquiétant particulièrement Israël figure Hayat Tahrir al-Sham (HTS), dirigé par Abou Mohammed al-Golani. Ancien affilié d’Al-Qaïda, al-Golani est perçu comme un leader charismatique et dangereux, capable de mobiliser d’importantes forces djihadistes. Ses récentes déclarations en faveur de l’action contre Israël ont renforcé les préoccupations à Tel-Aviv.
Alors qu’Israël affirme que sa présence dans la zone tampon est temporaire, les réalités du Moyen-Orient montrent que ce type de mesures peut souvent devenir permanent. Pour le Premier ministre Benjamin Netanyahu, garantir la sécurité de l’État d’Israël passe avant tout par un contrôle militaire rigoureux des zones à risque.
Le retrait de la Syrie d’Assad pourrait représenter une opportunité stratégique pour Israël, mais aussi un défi de taille face à l’émergence de nouveaux acteurs extrémistes. Les prochains mois seront décisifs pour déterminer si cette politique préventive permettra d’éviter une escalade ou si elle alimentera davantage les tensions régionales.
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