EDITORIAL Israël, confronté à des défis de politique étrangère cruciaux avec ses principaux alliés, doit tirer les leçons de la récente rencontre entre le président américain Donald Trump et le président ukrainien Volodymyr Zelensky . Le principal enseignement à en tirer ? Le discours diplomatique ne suit plus les mêmes règles que par le passé.
Vendredi, Trump et Zelensky se sont rencontrés à Washington pour des discussions qui ont finalement échoué. Zelensky a quitté la Maison Blanche sans signer l’accord attendu. L’interaction tendue entre les deux dirigeants a donné une leçon crue sur les négociations.
Laisser de côté la morale et l’idéologie
La première règle de la négociation est de comprendre la nature de la conversation. Zelensky a abordé la réunion d’un point de vue moral et idéologique, mettant l’accent sur la justice et les valeurs. Trump, au contraire, a présenté la discussion comme une transaction commerciale. Il a cherché – et réussi – à redéfinir le cadre diplomatique : plus d’alliances traditionnelles, seulement des intérêts mutuels.
Zelensky a mal interprété la dynamique. Il n’a pas saisi la stratégie plus large de Trump, qui consiste à remodeler les relations extérieures des États-Unis pour donner la priorité aux engagements pragmatiques et transactionnels plutôt qu’aux alliances historiques. Trump voit le monde à travers le prisme des accords et de l’influence.
Selon cette approche, si les États-Unis fournissent une aide, ils s’attendent à une contrepartie claire. Trump veut des « terres rares » pour battre la Chine à son propre jeu. Les accords transactionnels remplacent les alliances. Si l’Ukraine veut l’aide américaine, elle doit fournir quelque chose de tangible en retour.
L’approche de Zelensky ne correspond pas à la politique étrangère de Trump
Zelensky n’a cependant pas envisagé cette rencontre comme une négociation. Il l’a vue comme un appel à des valeurs communes, envisageant les relations internationales sous l’angle de la justice, de l’équité et des obligations morales. Il a tenté de convaincre Trump que l’Ukraine constituait la dernière ligne de défense de la démocratie occidentale, espérant un soutien inconditionnel. Cependant, son approche n’était pas en phase avec les réalités de la politique étrangère de Trump. Le locataire de la Maison Blanche est prêt à amadouer Poutine pour distendre la relation entre la Russie et la Chine…
Pour Trump, l’idée que les États-Unis sont le gardien moral de la démocratie est obsolète. Son administration donne la priorité aux intérêts américains avant tout. Alors que le président Joe Biden a peut-être considéré l’Ukraine comme un partenaire stratégique, Trump la voit comme un débiteur avec un solde impayé. Son objectif est de réécrire les règles géopolitiques, en ne positionnant plus les États-Unis comme le « leader du monde libre », mais comme une nation qui agit uniquement dans son propre intérêt.
Zelensky n’est pas parvenu à susciter l’intérêt de Trump
Au fond, cette rencontre a représenté une bataille narrative. La position de Trump est que l’aide américaine doit avoir un prix. Zelensky a tenté de présenter le combat de l’Ukraine comme une lutte plus large pour la démocratie, mais cette approche n’a pas réussi à trouver un écho dans un cadre transactionnel.
La leçon à tirer ? Zelensky aurait dû parler le langage de Trump. Au lieu de se concentrer sur la démocratie et les valeurs, il aurait dû présenter la situation de l’Ukraine en termes d’intérêts américains – économiques, stratégiques et géopolitiques.
Se méfier du discours sur les Valeurs sans valorisation des intérêts communs
Il aurait dû utiliser la terminologie des affaires : retour sur investissement (ROI), accords et avantage concurrentiel, plutôt que l’aide et les obligations morales. Il aurait pu présenter la Russie et la Chine comme des concurrents pour les ressources de l’Ukraine, en soulignant que Trump pourrait obtenir un meilleur accord pour les États-Unis.
Israël doit en prendre note. Alors qu’il doit faire face à des défis complexes en matière de politique étrangère, il ne peut pas partir du principe que les normes diplomatiques traditionnelles demeurent intactes. Tout comme Zelensky s’est engagé dans une discussion sur les valeurs tandis que Trump cherchait une négociation fondée sur les intérêts, Israël doit reconnaître que dans un monde où les alliances sont de plus en plus transactionnelles, la gratitude n’est pas une monnaie d’échange et les arguments moraux ne l’emportent pas toujours sur les calculs stratégiques.
Dans un paysage géopolitique en mutation rapide, Israël doit s’assurer d’apporter une valeur tangible à chaque partenaire stratégique, que ce soit par le biais de technologies, de renseignements ou d’avantages géopolitiques. Si même l’Ukraine, un pays en guerre, doit offrir quelque chose en échange de son soutien, Israël ne peut pas se permettre de supposer qu’il recevra un soutien inconditionnel indéfiniment.
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