Le scandale de la Histadrut s’étend au monde sportif israélien : une enquête qui ébranle les fondations
L’affaire de corruption baptisée « Main dans la main » continue de faire des vagues en Israël, révélant un réseau de malversations qui s’infiltre désormais dans les arènes du sport national. Menée par l’unité d’élite Lahav 433, souvent comparée au FBI local, cette enquête tentaculaire, qui dure depuis plus de deux ans, a conduit à l’interrogatoire d’un haut responsable du secteur sportif, soupçonné d’avoir encaissé des rétrocommissions en échange de contrats avantageux. Selon des révélations récentes des médias, cet individu, dont l’identité reste confidentielle pour l’instant, a été auditionné en tant que témoin, mais les enquêteurs envisagent de le requalifier en suspect formel. Cette incursion dans le domaine athlétique met en lumière comment les dysfonctionnements syndicaux de la Histadrut, la puissante confédération ouvrière représentant près de 800 000 salariés, polluent des sphères censées incarner l’excellence et l’unité nationale.
Au cœur de cette tempête se trouve Arnon Bar-David, président de la Histadrut, arrêté lundi matin lors d’une vaste opération policière impliquant 55 perquisitions simultanées dans des bureaux syndicaux, des résidences privées et des entreprises. Remis en détention pour huit jours par le tribunal de Rishon LeZion, Bar-David fait face à des accusations graves de corruption, de fraude, de violation de confiance, de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Sa conjointe, Hila, écope d’une garde à vue d’une semaine pour des soupçons similaires. Au total, 35 personnes ont été convoquées ce jour-là, dont des élus municipaux de villes comme Ashdod, Kiryat Gat ou Rosh HaAyin, et plusieurs ont été placées en détention provisoire. L’enquête, qui compte déjà 13 volets distincts, vise potentiellement 350 suspects, incluant des chefs d’entreprises et des figures publiques influentes.
Le schéma incriminé est limpide et pervers : des officiels de la Histadrut et des collectivités locales auraient monnayé leur influence auprès d’hommes d’affaires, octroyant des postes clés dans des sociétés publiques ou des marchés publics en échange de pots-de-vin et de contrats d’assurance juteux. Un nom émerge particulièrement : Ezra Gabay, propriétaire d’une agence d’assurances et militant du Likoud, qui aurait exploité ses connexions pour placer des proches dans des entités étatiques comme les Chemins de fer israéliens ou le Fonds national juif (KKL-JNF). Photographies à l’appui, Gabay côtoie des ministres du Likoud tels que Miki Zohar ou Gideon Sa’ar, alimentant les spéculations sur une possible extension de l’enquête vers des ténors politiques. Le chef de la police, Danny Levy, a qualifié ce dossier de « l’un des plus graves jamais traités », soulignant une détermination sans faille à démanteler ces chaînes de favoritisme.
C’est dans ce contexte que le sport entre en scène, via l’Institut Wingate, bastion de la formation physique et sportive en Israël, fondé en 1957 pour promouvoir l’éducation athlétique et la préparation militaire. Des hauts responsables de cette institution emblématique, qui forme des entraîneurs et gère des programmes nationaux, sont dans le collimateur des limiers de Lahav 433. L’interrogatoire du dirigeant sportif porte sur des allégations d’avantages indus : attribution de subventions ou de sponsoring douteux, potentiellement en lien avec des fonds syndicaux détournés. Le sport israélien, pilier de l’identité nationale avec ses médailles olympiques et ses équipes de basket stars comme le Maccabi Tel-Aviv, n’est pas immunisé contre ces vents mauvais. Des événements passés, comme les soupçons de matchs truqués dans le football en 2019 ou les irrégularités financières au sein de la Fédération israélienne d’athlétisme, rappellent que ce secteur, financé à hauteur de 200 millions de shekels annuels par l’État, est vulnérable aux infiltrations.
Cette affaire expose les failles structurelles de la Histadrut, héritage du sionisme travailliste qui, jadis fer de lance de l’économie israélienne, s’est mué en un colosse aux pieds d’argile. Avec un budget de plusieurs milliards de shekels gérant caisses de retraite et assurances collectives, l’organisation offre un terrain fertile aux abus. L’enquête révèle des liens avec la construction, les transports et même l’énergie, où des appels d’offres truqués auraient enrichi un cercle restreint. Pour le sport, les retombées pourraient être dévastatrices : gel de financements, perte de confiance des sponsors internationaux, et un impact sur la préparation aux Jeux olympiques de 2028 à Los Angeles, où Israël vise une moisson de médailles en escrime et en judo.
Les ramifications politiques s’épaississent : des sources indiquent que des ministres du Likoud pourraient être entendus prochainement, transformant cette affaire en séisme électoral à l’approche des municipales de 2026. La Histadrut, dans un communiqué laconique, affirme sa coopération pleine et entière avec la justice, tout en maintenant ses opérations quotidiennes pour ne pas pénaliser les travailleurs. Pourtant, ce scandale, le plus vaste depuis l’opération « Bouclier du soleil » de 2010 contre la criminalité organisée, interroge la santé démocratique d’Israël. Alors que le pays célèbre ses avancées high-tech et militaires, ces ombres intérieures rappellent que la vigilance reste de mise. Pour le sport, symbole de résilience post-7 octobre, cette épreuve pourrait catalyser des réformes : audits indépendants, transparence accrue et une gouvernance plus éthique, afin que les stades résonnent à nouveau de victoires pures, loin des intrigues des coulisses.
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