Le Vieux Continent est-il si vieux ? Pas forcément, à en croire les derniers chiffres publiés par le vaste rapport annuel d’Atomico, un fonds de capital-risque britannique. Selon les données récoltées par ce dernier, plus de 27.700 entrepreneurs ont créé des start-up en Europe cette année. Un record. C’est une hausse de 55 % par rapport à 2023.
Celui-ci pointe notamment la réduction des obstacles liés à la création d’une entreprise, grâce notamment à l’intelligence artificielle et aux outils « no code », qui permettent de créer des sites et applications sans avoir besoin de savoir coder. Les fondateurs seuls ou les petites équipes peuvent plus facilement entreprendre.
« Une culture de l’expérimentation »
« Les réseaux de fondateurs plus solides ont [aussi] ouvert la voie à une nouvelle génération de créateurs d’entreprise de tous âges », notent les auteurs du rapport.
« Nous avons fait un bien meilleur travail au cours des douze derniers mois pour créer de l’enthousiasme et de l’optimisme autour de l’entrepreneuriat au niveau européen. Une grande partie est aussi liée à l’effet d’entraînement autour de l’IA. Je pense que cela a vraiment participé à créer une culture de l’expérimentation, et cela contribue à expliquer pourquoi nous assistons à ce pic », renchérit de son côté Sarah Guemouri, investisseuse chez Atomico.
Le continent reste néanmoins talonné de très près par les Etats-Unis et l’Asie. En matière de répartition, le monde est divisé en trois blocs à parts égales. Si historiquement, l’Europe a toujours compté un peu plus d’entrepreneurs que ces deux autres régions, c’est l’Asie qui marque la plus forte et rapide progression.
« Cette évolution est principalement due à la forte croissance du nombre de fondateurs en Inde et aux Emirats arabes unis, qui ont tous deux plus que doublé leur nombre de fondateurs au cours de la dernière décennie », souligne le rapport.
Si les entrepreneurs du continent préfèrent encore largement entreprendre dans leur région d’origine, l’attrait des Etats-Unis n’est jamais loin. Au total, environ 8 % (-2 points par rapport à 2016) des startupeurs européens choisissent d’établir leur siège social de l’autre côté de l’Atlantique. Chez les entrepreneurs dans l’IA, la proportion passe à 10 % et chez les fondateurs dits « aguerris », à 18 %.
Diaspora
« L’Europe compte aujourd’hui une diaspora de fondateurs hautement qualifiés et connectés à l’international, partis lorsque l’écosystème était encore naissant, et qui pourraient jouer un rôle de catalyseur s’ils étaient réintégrés. L’objectif ne devrait pas se limiter à fidéliser les fondateurs, mais aussi à remobiliser ceux qui sont partis », note notamment le rapport.
La proportion d’entreprises européennes installées en dehors des frontières du continent atteint 30 % à partir des levées de fonds en série C. En d’autres termes, les délocalisations sont de plus en plus fréquentes à mesure que la start-up gagne en maturité, et en investisseurs étrangers. L’un des exemples les plus récents reste celui de Criteo, vieux loup de la French Tech et coté à Wall Street depuis 2013, qui va progressivement déplacer son siège social aux Etats-Unis.
https://www.lesechos.fr/start-up/ecosysteme/il-ny-a-jamais-eu-autant-de-nouveaux-startupeurs-en-europe-2199513
Camille Wong
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